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On connaît tous des divorcés qui sont partis sur la go avec leur démon du midi. Pour Jean-Claude Boudreau et Mario Desrosiers, les choses se sont passées autrement : après leur vie d’homme marié et de père de famille, c’est le célibat de la prêtrise qu’ils ont embrassé.
On rencontre Jean-Claude dans son bureau au presbytère de Saint-Bruno, où il est curé. Yeux clairs, cheveux gris, regard vif, mince et dynamique, il porte le col romain. Dans son bureau, des photos de ses filles et de ses petits-enfants témoignent de son parcours atypique. Mario, lui, nous accueille au presbytère de La Prairie, où il est prêtre depuis quelques mois. Avec sa bouille sympathique et son gros pull de laine, il a l’air tout à fait à l’aise dans son nouveau métier.
Jean-Claude Boudreau avait 60 ans lorsqu’il est devenu prêtre; Mario Desrosiers, 55 ans. Des vocations sur le tard. Le premier a fait carrière comme comptable, le second était informaticien dans la fonction publique. Mario jouait à la messe quand il était petit gars. Mais dans un Québec en pleine Révolution tranquille, alors qu’il entendait parler de prêtres qui défroquaient et que ses « institutrices s’appelaient “Sœur” une année et “Mademoiselle” l’année suivante » parce qu’elles étaient sorties de leur communauté, il n’osait pas dire qu’il rêvait de devenir prêtre. Il s’est rabattu sur l’idée de fonder une famille chrétienne.
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Sauf que sa famille n’a pas tenu longtemps. Sa femme et lui se sont séparés alors que leur fille, leur deuxième enfant, était bébé. Père impliqué, bénévole investi dans sa paroisse, il est resté célibataire. Oui, il a eu quelques histoires ici et là, mais Mario n’a jamais eu envie d’« imposer une belle-mère à ses enfants ».
Jean-Claude et sa femme avaient chacun un bon emploi, deux voitures, « la grosse maison ». « J’avais tout ce qu’on évalue comme une réussite. J’avais pas besoin de Dieu. Je l’avais complètement mis de côté. Pendant 22 ans, j’allais à l’église une fois par année, à Noël, pour les enfants. » Quand sa femme et lui se séparent en 1999, il a l’embarras du choix. « Deux copines avec qui j’allais dîner souvent attendaient juste que la place se libère. Il y avait une femme que j’aimais bien, mais je lui ai dit, “Attends, il y a quelque chose qui bouge en moi et je ne sais pas si je vais reprendre une relation avec une femme.” » Il retourne à l’église. Un mois plus tard, son choix est fait : pas de nouvelle blonde pour lui, il allait devenir prêtre.
Réaliser un rêve d’enfant à l’âge de la retraite
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Non, l’Église n’a pas changé: les divorcés n’ont toujours pas accès à la prêtrise. Pour devenir prêtre, les deux hommes ont dû obtenir la nullité de leur mariage. Si le divorce dissout l’union devant la loi, l’annulation du mariage par un tribunal religieux le rend nul au moment où il a été contracté. « Ça veut dire que j’ai eu mes enfants hors mariage ! » résume Jean-Claude, amusé.
Mario avait pour sa part entrepris des démarches pour obtenir son annulation avant de choisir la prêtrise, parce qu’il envisageait le diaconat (le diacre peut être marié ou célibataire, mais pas divorcé). Lorsqu’il rencontre le responsable des futurs prêtres et diacres permanents, celui-ci lui demande s’il a déjà pensé à la prêtrise. Bien sûr qu’il y avait pensé – c’était son rêve d’enfance ! – mais il savait aussi que les impacts sur sa vie de famille seraient plus grands : « C’est un autre choix de vie : être diacre, tu continues à travailler et tu fais ça les soirs et les fins de semaine. Être prêtre, ça veut dire laisser son emploi et des études plus longues. »
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Apprenez-en plus sur la vie de Jean-Claude et Mario dans notre Spécial Célibataires, disponible en version papier, dans tous nos points de vente ou en version numérique (PDF), sur la Boutique en ligne Urbania.
Photo: Martin Flamand