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Dis-lui que tu l’aimes

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Dans le cadre de la sortie du livre Sacré dépanneur de Judith Lussier et Dominique Lafond, on vous lance le défi suivant : criez votre amour à votre dépanneur préféré.

Écrivez-le en 3 lignes ou plus et envoyez-le à [email protected]. Les auteurs des trois déclarations qui nous auront le plus touchés ou amusés gagneront un exemplaire du livre Sacré Dépanneur (livre le plus cool de la Terre).

Edit du vendredi 7 mai :

Les textes reçus nous le prouvent, vous l’aimez votre dépanneur.

Ça a été dur, mais nous avons dû choisir 3 gagnants, les voici :

Patricia Gagnon

Il m’arrive d’en visiter trois dans la même journée
Mais sans vraiment y penser, je retourne toujours à mon préféré

M’y faire rembourser mes vides
Nouvelles bières pour mon bide

Demander du change pour le parco
Ou juste envie d’un petit choco

Pour une fringale de chips et un besoin de Coke pour mon rhum
Ou bien un manque d’oeuf pour un gâteau que je fais pour mon chum

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Dans l’temps les framboises à une cenne
Ça valait la peine
Et puis la gomme au même prix
On la mangeait même papier compris

Sinon c’est parce que la madame chinoise est tellement gentille
Quand elle parvient à me dire le prix dans son français qui fendille

Derrière son comptoir, une langue étrangère sur sa télé
Elle y passe la journée, accompagnée de tout son foyer

Les seuls mots qu’elle connaît sont pain, oeuf, lait et bière
Mais c’est bien assez pour elle, elle y gagne son salaire

Un jour c’est certain, j’aurai encore besoin de beurre
Et si sans sel elle a, je retournerai à son dépanneur.

****

Olivier Bruel, Mon Dep’ à moi

Mon Dep à moi, tu as un peu remplacé les parents que j’ai perdus de vue trop tôt. Toujours là quand j’ai besoin de toi, toujours à l’écoute de mes empressements les plus intimes, tu étales tes pauvres richesses avec la générosité des humbles. Ta porte tintinnabule sur une histoire jamais compliquée; celle où j’accours, celle où tu me rassasies. Bien sûr, ta peinture défraîchie et tes recoins crasseux provoquent la moue dégoutée des gens trop bien mis, mais leurs semelles qui ne fouleront jamais ton carrelage usé nous donnent tout l’espace, à nous tous, tes enfants naturels.

Marie Sophie L’Heureux, La porte d’Arche

Mon dépanneur, la Porte d’Arche (ou de l’arche, je ne sais plus trop), c’était le dépanneur au coin de ma rue et situé juste à côté de… l’arche du quartier. Et c’était (et c’est toujours) le buildingle le plus ordinaire du quartier d’où je viens. Un quartier plutôt bourgeois et très aisé de Laval (appelons-le Laval-on-the-Lake), où les maisons appartiennent à de gros bonnets, à des familles de sénateurs, aux parents d’Alexandre Despatie, à la maison de la ministre Courchesne ou encore, à la famille de la femme de Jean Airoldi. Vous voyez le topo : dans ce quartier, il n’y a que de la grosse baraque (sauf sur mon ancienne rue, dont la cour donne sur la track de chemin de fer de la ligne Montréal/Deux-Montagnes).

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Mon dépanneur était situé au bout de ma rue. Dans un quartier où tous sont reclus dans leur maison, leur piscine creusée, leur court privé de tennis ou partis à la game de golf des joueurs du Canadien, le dépanneur est peu à peu devenu mon sauveur d’enfance, mon sauveur de vie sociale, mon phare coloré dans un quartier où les gens ne se parlent pas… parce qu’ils ne se croisent pas. Combien de bonbons outils bruns, de bonbons bleus qui tachent la langue et de kilomètres de gomme balloune j’ai achetés là-bas, pour m’évader de ce monde où les maisons et les jardins étaient magnifiques, mais où le magnifique semblait toujours désert! Combien de fois le chemin à marcher pour se rendre au dépanneur m’égayait plus que n’importe quoi! Là-bas, il y avait du monde normal, des couleurs partout, des sacs de chips bien grasses, des billets de loterie, des cartouches de cigarettes, de la bière et… des voisins au look douteux qui habitaient juste au-dessus. Des “pas pareils”. J’aimais bien Monsieur et Madame Pas-Pareils, avec leur dobberman aboyant, leurs rideaux oranges, leur musique forte et leurs caps de bouteille de bière qui jonchaient le sol à profusion, l’été.

La Porte d’Arche, le seul endroit normal d’un quartier tout sauf moyen, est toujours là, et il est maintenant tenu par des Vietnamiens qui y vendent des rouleaux impériaux. Ce lieu a été ma première porte sur “le vrai monde”. Et heureusement qu’il a existé. Sinon ma vie de ‘tite fille aurait été pas mal drabe.

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Mais damn it… Avoir su qu’un jour on y vendrait des rouleaux impériaux, je n’aurais peut-être pas quitté le nid familial aussi rapidement!

Merci également (et bravo) à tous les autres auteurs de mots d’amour à leur dépanneur !