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Dire oui à la première offre? Prenez le temps d’y réfléchir!

Faites attention à ce que vous souhaitez, vous pourriez l'avoir!

Par
Pierre-Luc Racine
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«Faque, de la manière que je vois que ça, faudrait que tu rendes ton livre plus féminin. Les gens qui vont acheter ton livre, ça va être des madames dans la quarantaine. Ah pis en passant, faudrait te trouver un nom de plume. Pierre-Luc Racine, ça veut rien dire à personne, ça!»

Mars 2020, la pandémie va frapper dans quelques jours, mais nous ne le savons pas encore. Tout ce que je sais, c’est qu’une éditrice m’a convoqué pour une rencontre immédiatement après avoir lu mon manuscrit. Elle semblait vraiment intéressée!

On se retrouve dans le bureau du grand boss qui ne l’a pas lu. Il me dit ce que je devrais faire pour lui plaire.

De l’importance d’avoir la même vision

J’étais tellement intimidé par la confiance de ce monsieur. Dans ma tête, il savait ce qu’il disait. Il avait de l’expérience. Il en a vendu beaucoup, des livres. Et moi, j’essaie de me téter une place dans ce milieu. Clairement, il est plus compétent que moi.

Je vais faire ce que le monsieur m’a demandé et je serai publié!

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«Tu connais-tu The Subtle Art Of Not Giving A Fuck? Ton livre y ressemble par moment. Reviens nous voir quand t’auras réécrit ton introduction et ton chapitre 1 au complet dans ce ton-là.» J’étais familier avec ce titre provocateur. J’ai déjà vu la couverture orange pétante de cet essai, mais je n’avais jamais pensé le prendre.

À ma lecture, je trouve l’auteur un peu stiff avec le lecteur, mais le ton est clair et facile à imiter. J’ai des moments où je brasse les lecteurs et lectrices dans mon manuscrit, mais pas aussi intensément. Pas grave! Je vais faire ce que le monsieur m’a demandé et je serai publié! Je n’aurai pas mis toutes ces heures dans le vide!

Dans tout ça, je ne me suis jamais, jamais, jaaaamais demandé: est-ce que c’est quelque chose qui me représente? J’étais un peu trop aveuglé par l’objectif publier un livre que j’avais oublié publier un livre qui me ressemble!

Aligner ses objectifs

C’est normal qu’un homme dont le travail est de «vendre des livres» me donne des conseils qui aideraient à «vendre des livres». Avec le recul, je le comprends.

Prenez un instant pour analyser la situation: est-ce que l’autre partie partage votre objectif?

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Ce que j’ai envie de vous dire en ce moment, c’est d’apprendre de mes erreurs. Réfléchissez avant de dire oui aux premières offres. Prenez un instant pour analyser la situation: est-ce que l’autre partie partage votre objectif? Est-ce que les façons de vous y rendre vous plaisent?

Prenez votre temps. Que ce soit la première offre sur une maison, le premier employeur qui vous convoque en entrevue ou la première compagnie de carte de crédit qui vous approche en vous offrant un ballon de plage.

De toute façon, avec leurs taux d’intérêt faramineux, vous n’aurez jamais assez d’argent pour aller à la plage.

Mettre le doigt dans le mauvais engrenage

Comme demandé par l’homme assis sur la chaise avec des roulettes derrière son bureau, j’ai réécrit l’introduction et le premier chapitre comme il voulait. Je lui envoie. Pas de nouvelles. La pandémie frappe. Je reçois un courriel de l’éditrice qui me conseille de l’envoyer ailleurs en ces temps incertains. Pour ça, il faut que je réécrive tout le livre de cette façon, sinon ça va frapper au chapitre 2!

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Après l’avoir réécrit au complet, je l’envoie à la maison d’édition qui m’a accepté et une des premières choses que ma nouvelle éditrice me dit, et avec raison, c’est qu’on doit éviter ce ton rempli de jugement et de remontrances.

Pensez-y deux fois avant de vous associer avec la personne qui va ramer dans le même bateau que vous.

Ça a été vraiment de l’ouvrage – principalement de sa part à elle parce qu’elle est incroyable – d’enlever ce ton qui a gangrené mon manuscrit. Je pense souvent à ce que les critiques auraient dit de mon livre si j’avais gardé le ton initial. Je ne pense pas que ça m’aurait été favorable. J’ai été chanceux de ne pas poursuivre avec lui.

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Adjugé!

Avant de vous embarquer dans une aventure, pensez-y deux fois avant de vous associer avec la personne qui va ramer dans le même bateau que vous. Évidemment, il ne m’a pas donné que de mauvais conseils. J’ai rajouté des blagues et des graphiques à sa suggestion, mais au final, je suis vraiment heureux que ça ne soit pas allé plus loin avec lui. Je suis tellement fier de mon livre et je trouve tellement qu’il représente le meilleur de moi!

Ah, et pour ce qui est de changer mon nom. Je sais que Pierre-Luc Racine n’est pas le nom le plus sexy au monde, mais je l’aime parce qu’il est le mien. Il me représente bien en tant qu’enfant adopté. Nom québécois, face latine. Je n’ose pas imaginer les noms de plume qu’il m’aurait suggérés!

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