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Deux Québécoises dans le désert

Charlie Wagner et Catherine Asselin remportent le Trophée Roses des Sables.

Par
Camille Dauphinais-Pelletier
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Ça faisait déjà huit ans que Catherine Asselin s’intéressait aux compétitions du style « rallye d’aventure ». En 2016, elle avait suivi avec beaucoup d’attention le Trophée Roses des Sables, qui l’avait marquée encore plus que d’habitude puisque le podium final était composé de deux équipes québécoises sur trois. « Le jour même du dévoilement, j’ai transféré le lien à Charlie et je lui ai demandé : es-tu game? Elle m’a répondu : ben oui. »

Les deux jeunes femmes travaillaient ensemble depuis quelques mois seulement dans l’équipe de marketing du Cirque du Soleil et avaient rapidement développé une relation d’amitié en plus d’être des collègues hyper efficaces. Leur employeur a embarqué, leurs familles et amis les ont encouragées, et les deux filles se sont inscrites : l’équipage 524 était né.

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Perdues dans le désert

Le Trophée Roses des Sables, c’est une épreuve d’orientation dans le désert marocain qui dure une semaine. Des duos de femmes montent à bord d’un 4×4 ou d’un autre type de véhicule récréatif et s’orientent dans les dunes avant de rejoindre chaque soir le bivouac commun pour dormir.

« Quand on s’est inscrites, on s’est dit qu’on aimerait finir dans le top 30, donc dans le premier quart de candidates. Le premier matin, quand on a vu qu’on était 4e au classement général, on s’est dit que c’était peut-être un coup de chance! Mais on se cachait un peu, on ne voulait pas que les gens sachent que c’était nous l’équipage 524, parce qu’on se disait qu’on ne pouvait pas rester là dans le classement », raconte Charlie Wagner.

C’est vrai qu’aucune des deux femmes n’avait d’expérience dans ce genre d’aventure. Pour se préparer, elles étaient allées participer à des courses d’orientation dans la forêt québécoise, histoire de s’habituer à manier des cartes topographiques et des boussoles.

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Pendant le rallye, ça fonctionnait ainsi : chaque jour, les équipes devaient suivre un cahier de bord avec un certain nombre de kilomètres à parcourir. L’objectif était de rejoindre le bivouac sans se perdre, et de le faire avec le kilométrage le plus bas possible. Pour gagner, il faut donc élaborer un parcours efficace, en coupant à travers le désert pour gagner des kilomètres. « C’est tellement satisfaisant quand tu réussis, quand tu vois que tu viens de couper un gros kilomètre, ça te met l’adrénaline dans le tapis! » rapporte Charlie.

Mais couper à travers le désert, ça veut aussi dire que les chances de se perdre augmentent… « Ça nous est arrivé juste une fois de vraiment nous perdre. Il y a une partie de l’épreuve qui dure 48 heures et 350 km, et durant laquelle on passe la nuit toutes seules dans le désert. Les organisateurs nous avaient dit que dès que le soleil tombait, on ne pouvait plus avancer, et il fallait être arrivées à un point X, sinon on était exclues de l’épreuve. On a fini par se rattraper, mais on a perdu 3 km parce qu’avec la pression qu’on a ressentie quand le soleil s’est couché, on s’était mises à faire n’importe quoi! » relate Catherine.

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Il y a aussi eu les dunes, qu’elles anticipaient comme de vraies montagnes russes. « Dans cette épreuve-là, tu n’as plus de carte, il faut que tu spottes les drapeaux et que tu te diriges vers eux. Charlie mettait le gaz, notre véhicule passait de haut en bas; on s’est beaucoup amusées dans les dunes… c’est l’épreuve la plus l’fun, tu mets ton cerveau à off, pas besoin de faire de stratégie », précise Catherine.

La perle rare

Les deux Montréalaises en étaient à leur tout premier rallye, c’est vrai. Mais la clé pour bien performer, c’était surtout de trouver la bonne personne avec qui faire équipe. « Ça faisait quand même huit ans que je me cherchais une personne de confiance, avec qui je savais que ça n’éclaterait pas. Quand j’ai pensé à Charlie, j’ai su que ce serait un bon fit », raconte aujourd’hui Catherine, qui était copilote pendant le rallye alors que Charlie conduisait le véhicule.

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Le plus beau dans tout ça, c’est qu’elles ne se sont même pas engueulées une seule fois pendant la semaine qu’a duré l’épreuve. « En termes de relation, on peut dire que ç’a bien été à 100 % : on ne s’est pas obstinées du tout… certains avaient un peu peur qu’on revienne et qu’on ne se parle plus, ça arrive parfois! Mais on a été sur la même longueur d’onde tout le temps, on avait fait des activités pour voir comment on allait communiquer sous pression, on prenait les décisions ensemble, c’est vraiment venu naturellement », confirme Charlie.

Et en bonnes filles de comm, elles avaient prévu un débrief à chaque étape, parce que l’important, c’est de se parler…

524 sur le podium

Quand c’est devenu officiel que Charlie Wagner (27 ans, originaire de Québec) et de Catherine Asselin (30 ans, originaire de Saint-Jérôme) avaient remporté l’événement, leurs supporters sont devenus fous de joie. Plus de 400 personnes suivaient leur page Facebook, et dans les bureaux du Cirque du Soleil, elles étaient pratiquement des célébrités.

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« On a les meilleurs collègues de l’histoire du monde. Ils nous ont soutenues dans toutes nos activités de financement… On a fait un dépanneur, et ils se sont bourrés la face pour nous toute l’année. Quand on est revenues au bureau, on a vu à quel point ils nous ont suivies pendant qu’on était là-bas. Ils étaient vraiment derrière nous! » raconte Charlie.

Et il va sans dire qu’une épreuve comme celle-là laisse des souvenirs incroyables « Je n’avais jamais mis les pieds dans le désert. Là-bas, tu as l’impression d’être toute seule au monde… la première nuit, quand je suis sortie pour aller aux toilettes à 2 h du matin, j’ai fait le saut tellement il y avait d’étoiles dans le ciel! C’était génial » se souvient Catherine.

Maintenant qu’elles sont rentrées au bureau, elles cherchent quel sera leur prochain défi. On espère qu’elles nous tiendront au courant…