Il n’est pas rare de voir des commentaires sous des articles sur la culture du métal des gens qui mentionnent vouloir s’y initier. Cela dit, il n’est pas nécessairement évident de savoir par où commencer. Comment faire pour apprécier un style quand on n’a pas tous les référents du genre ? Dans la série « Détecteur de métal », on porte fièrement à bout de bras la solution à ce questionnement avec une série d’articles sur les genres et sous-genres du métal.
Cette semaine, le Détecteur fait un retour en force en s’attaquant à un genre plutôt populaire du metal, le metalcore ! Qu’est-ce que ça mange en hiver ? Ça se distingue en quoi des autres styles ? Allons voir !
L’origine
Au départ, dans les années 80, Le metalcore était une fusion de musique hardcore, de punk et de metal plus extrême comme le death. Avec des groupes tel que Agnostic Front, Killing Time et Suicidal Tendencies, ce nouveau genre se voulait un cousin plus agressif, mais tout autant revendicateur du Punk. Puis le mouvement a évolué au début des années 2000 quand des groupes se sont mis à injecter une solide dose de death metal mélodique, très populaire en Europe à cette époque, dans un metalcore de style plus américain.
De nos jours, on reconnait le metalcore comme étant un métal nuancé, chanté par des techniques vocales comme le growl, le yell ou le scream pendant les couplets et avec un refrain plus accrocheur chanté avec une voix claire. C’est cette juxtaposition de chants qui fait surtout l’identité du metalcore. Certains groupes optent pour deux chanteurs différents alors que certain, plus talentueux encore, peuvent faire les deux. On dénote aussi une forte tendance positive et encourageante dans les textes, ce qui contraste assez violemment avec les genres plus extrêmes du métal qui eux, baignent dans la noirceur, les toiles d’araignées et la baboune glauque.
C’est pour qui ?
C’est pour le métalleux qui préfère voir le côté positif des choses, ou qui a besoin de se le faire rappeler. C’est pour celui ou celle qui aime quand la musique passe du doux au violent dans la même chanson. C’est pour le métalleux qui sort avec une personne non-métalleuse et qui a besoin de musique de compromis pour faire de longs trajets en char.
Les maîtres du genre
Killswitch Engage : Pour moi, ce groupe est le meilleur band de metalcore principalement parce que leur arrivée dans le genre représente une page d’histoire. Il y a eu du metalcore avant et après Killswitch. C’est un solide band qui atteint la parfaite dose de métal nuancé à chaque fois, avec des textes qui te donnent toujours envie de te retrousser les manches quand ça va mal.
As I Lay Dying : J’en ai déjà parlé précédemment, mais ce band sort tout juste d’une période très sombre de leur histoire avec leur chanteur qui a fait de la prison pour un crime difficile à pardonner. C’est pourtant ce qu’il tente d’atteindre et je trouve qu’il est sur la bonne voie. Leur album de l’an dernier, leur premier depuis sa remise en liberté, est en fait une lettre ouverte sur sa tentative de rédemption. C’est, selon moi, le meilleur album metal de 2019. Un grand band de metalcore qui fait un grand retour.
Bullet for my Valentine: BFMV est un band qui garde les choses relativement simples quand on analyse un peu, mais toujours efficace. Matt Tuck a énormément de talent, avec un solide range vocal en plus d’occuper le poste de guitare rythmique au sein du groupe. On ne peut pas passer à côté d’eux quand on explore le metalcore. P.S. J’adore ce clip.
Suggestions d’écoute
Pour finir, une belle suggestion d’écoute ! À savourer chez vous avec ce que vous avez sous la main, parce que dehors, c’est le bordel, faut bien se l’avouer. Lavez-vous les mains avant de cliquer là-dessus !
Killswitch Engage —My Last Serenade
Ceci est le hit qui a fait connaitre KsE, et parfois j’ai le feeling que c’est aussi la chanson qui a fait connaitre le metalcore au plus grand nombre de gens. C’est une superbe chanson qui démontrait une manière différente de s’attaquer au métal. C’est encore excellent, écoutez ça !
As I Lay Dying —My Own Grave
Vivre des moments tellement difficiles que la justice américaine doit intervenir, c’est une chose. Prendre cette douleur que tu as vécue et que tu as fait vivre aux autres et la transposer en chanson s’en est une autre. Cette toune est un chef-d’œuvre et représente tout ce que la musique métal a de constructif.
Bullet For My Valentine – Your Betrayal
Parfois, garder les choses simples, ça donne aussi de la bonne musique. BFMV ne réinvente rien musicalement avec cette chanson-là, mais elle est tout de même parfaite. Less is more, comme disent nos copains anglos.
All That Remains – This Calling
Phil LaBonte a un range vocal ridicule. Il peut tout faire. Le band n’a pas toujours produit de bons albums, mais ils valent quand même le détour. Ils ont aussi récemment perdu leur guitariste, Oli Herbert, décédé de circonstances mystérieuses et encore sous investigation criminelle.
Parkway Drive — Vice Grip
Le chanteur a le nom qui sonne le plus cool de l’industrie : Winston McCall. Avez que ça sonne bien à voix haute ! J’adore aussi son cri : ça vient des tripes, c’est masculin, c’est sans compromis.
Trivium — Beyond Oblivion
J’hésite à dire que Trivium est un band metalcore, ça dépend des albums. Mais quand ils en font, c’est excellent. On peut aussi admirer encore une fois Alex Bent aux drums, qui travaille avec une aisance désarmante.
August Burns Red — Beauty In Tragedy
Un autre excellent band de ce mouvement. Remarquez comment, dans le metalcore, on n’en a rien à foutre de l’esthétique vestimentaire badass souvent associé au metal en général. Le drummer et le chanteur portent carrément des chandails polo!
A Day to Remember
Voici un bon exemple de chanson metalcore qui tire plus vers le punk en essence. Un beau mix.
Beartooth – Body Bag
Ici, un exemple de chanson presque parfaitement au centre du carrefour du hardcore, du punk et du metal.
Architects — Black Blood
Et on termine cette liste avec un band un peu plus technique dans son approche, mais oh combien efficace.