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Il n’est pas rare de voir des commentaires sous des articles sur la culture du métal des gens qui mentionnent vouloir s’y initier. Cela dit, il n’est pas nécessairement évident de savoir par où commencer. Comment faire pour apprécier un style quand on n’a pas tous les référents du genre? Dans la série « Détecteur de métal », on porte fièrement à bout de bras la solution à ce questionnement avec une série d’articles sur les genres et sous-genres du heavy metal.
Bon, je prends le relai de Sébastien pour quelques semaines parce que Détecteur de Métal se dirige vers des contrées sombres, inquiétantes, peuplées de weirdoes qui posent en chest et en bobettes de cuir sur des bancs de neige Norvégiens. Vous l’aurez compris, on parle de black metal. Accrochez-vous, ça va être aigu, éraillé, blasphématoire et ça va sonner comme le cul.
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L ‘origine
C’est compliqué. On associe souvent la naissance du black metal au groupe britannique Venom, parce qu’ils ont une chanson qui s’appelle Black Metal. 1+1=2, right? En fait, Venom c’est du thrash metal avec un penchant pour l’occulte et un manchot comme ingénieur de son. N’empêche que ça a été la première influence de Mayhem, LE groupe de black metal Norvégien le plus iconique. Au départ, ils ne jouaient que des covers de Venom. Ils leur ressemblaient d’ailleurs beaucoup à l’époque:
Bien sûr, il y a d’autres groupes hyper-influents dans l’émergence du black metal comme Bathory et Mercyful Fate. Ce qu’il faut en retenir, c’est que le genre et la sous-culture sont une réaction à l’emboigeoisement de la musique metal en général. Aux étiquettes de disques qui voulaient revendre une rébellion proprette, sécuritaire et à la production claire à la jeunesse des années 80 et 90. Comme GG Allin a fait pour la musique punk, mais plus théâtral et sans caca.
C’est pour qui?
Pas pour tout le monde. Le black metal est musicalement, esthétiquement et philosophiquement extrême. Plusieurs musiciens importants du milieu ont fait de la prison pour des crimes allant de agression à main armée au meurtre. C’est également un milieu ou plusieurs racistes ont trouvé refuge avant que Donald Trump ne rende ça malheureusement cool de nouveau. Il existe même un sous-genre du black metal, le NSBM (National Socialist Black Metal). J’vous niaise malheureusement pas.
C’est aussi un style musical torturé et imprévisible qui laisse beaucoup de place à la créativité et la virtuosité de ses interprètes. C’est intense et original. C’est de la musique dangereuse. Bon, c’est moins dangereux si vous l’écoutez à la maison que dans un show entre un groupe de racistes et d’Antifa, mettons. Mais l’intégrité rock n’ roll du black metal n’est pas sujette à débat. C’est la dernière frontière de l’extrême.
Les maîtres du genre
Mayhem: On les connaît malheureusement pour leur sordide passé qui a récemment fait les frais d’un film. Ce que l’histoire officielle ne dit pas à propos de Mayhem, c’est que les membres survivant ont continué à faire de la musique après le meurtre d’Euronymous et se sont réinventé en 1997 avec le légendaire EP Wolf’s Lair Abyss. Malgré les changements de personnel (ils ont quand même eu 4 chanteurs) ils sont demeurés importants et influents dans le black metal depuis plus de trente ans. Leur nouvel album Daemon torche d’ailleurs beaucoup.
Gorgoroth: Oui oui, il y a des acteurs crucifiés sur la scène avec le groupe. Gorgoroth a une histoire aussi intense que tortueuse ponctuée d’un passage en prison, d’un coming out impromptu et d’une bataille juridique entre le chanteur Gaahl et le guitariste Infernus pour l’utilisation du nom. Leurs albums Pentagram, Under the Sign of Hell et Incipit Satan sont des classiques du genre et la parfaite musique de fond pour une p’tite messe noire tranquille à la maison.
Marduk: Pour faire changement des groupes Norvégiens, parlons des Suédois un peu. Morgan Hakansson et ses joyeux lurons se sont fait connaître en 1991 avec un démo sympathiquement nommé Fuck Me Jesus devenu beaucoup plus célèbre pour sa ligne de t-shirts que pour sa musique. Ils sont cependant les porte-étendard d’un style de black metal beaucoup mieux produit qui mise sur la rapidité et la puissance du son pour se démarquer. Parmi leurs grands classiques, on peut trouver Nightwing, Panzer Division Marduk, La Grande Danse Macabre et Wormwood.
Suggestions d’écoute
Venom – Witching Hour
Comme j’expliquais plus haut, ce n’est pas vraiment du black metal. C’est un peu le patient zéro. La toune est excellent, mais l’esthétique n’était pas tout à fait à point.
Mayhem – Freezing Moon
Le riff de guitare le mieux connu du black metal. Quand Freezing Moon joue quelque part, les têtes se tournent. Ça évoque des sentiments qu’on ne peut pas vraiment qualifier avec des mots. Voici la version de leur album Live in Leipzig où la légende veut que le chanteur se coupait pendant l ’intro. Okbyyye.
Anaal Nathrakh – Pandemonic Hyperblast
Baissez le volume un p’tit peu avant de commencer. Ça surprend.
Gorgoroth – Revelation of Doom
Ma chanson préférée de Gorgoroth et une performance absolument incroyable d’Infernus à la guitare. Ça fesse comme une coup de brique dans le visage.
Darkthrone – Blackwinged
https://www.youtube.com/watch?v=OFQJOD8W9aE
Non, cette chanson n’a pas été enregistrée dans une cabine téléphonique, de l’autre côté d’une autoroute abandonnée. Mais presque. L’esthétique raw black metal en 4 minutes, c’est exactement ça.
Leviathan – At the Door to the Tenth Sub Level of Suicide
J’voulais mettre au moins un groupe américain. Au départ, l’idée était de mettre Judas Iscariot parce que je le trouvais drôle. Andrew Harris de son vrai nom a été une des premières personnes qui a souhaité «s’effacer d’internet». Quand il n’y est pas parvenu, il a juste déménagé en Allemagne et arrêté de faire de la musique. Comme quoi les gars aiment ça faire compliqué quand on peut faire simple.
J’ai finalement choisi Leviathan parce que les États-Unis ont longtemps été un phare pour un sous-genre un peu alarmant appelé le black metal dépressif et que Leviathan était de loin le meilleur porte-étendard. Il existe d’ailleurs un fascinant documentaire l’homme derrière le projet Jef Whitehead et Scott Connor de Xasthur, si ça vous intéresse de savoir quel genre de bonhomme fait de la musique comme ça.
Mgła – Age of Excuse IV
J’ai hésité longtemps avant de les mettre sur cette liste. Ils sont présentement au coeur d’un controverse parce qu’ils se tiendraient avec des racistes et qu’un de leur membres a une toune qui s’appelle Judenfrei (libre des juifs) sur un side project. Bien qu’ils poursuivent en justice l’organisme Antifa ayant publié les accusations, y’a rarement de fumée sans feu. C’est plate parce que la musique est vraiment, VRAIMENT bonne.
Dimmu Borgir – Kings of the Carnival Creation
Dimmu Borgir se décrivent comme un band de metal symphonique, mais c’était au départ du black metal atmosphérique pis là… ils ont rajouté des violons, de l’orgue, des chorales, de l’accordéon, du ukulele…. bref, ils ont fini par beurrer épais et c’est plus très écoutable aujourd’hui.
J’aime encore cependant leur vieux matériel. En particulier l’album Puritanical Euphoric Misanthropia, qui incorpore des influences industrielles vraiment intéressantes.
Emperor – With Strength I Burn
Une de mes chansons préférées à vie.
Unquintessence – Whispers of Funeral Omen
Un groupe québécois devenu culte dans le milieu du black metal. Les membres ont formé plusieurs autres groupes influents par la suite, dont Nefastus Dies et Ion Dissonance.