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Détecteur de metal: Doom Metal

Lenteur, drogue et dépression.

Par
Benoît Lelièvre
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Il n’est pas rare de voir des commentaires sous des articles sur la culture du metal des gens qui mentionnent vouloir s’y initier. Cela dit, il n’est pas nécessairement évident de savoir par où commencer. Comment faire pour apprécier un style quand on n’a pas tous les référents du genre? Dans la série « Détecteur de metal », on porte fièrement à bout de bras la solution à ce questionnement avec une série d’articles sur les genres et sous-genres du heavy metal.

Un peu tout le monde s’accorde pour dire que Black Sabbath a inventé le heavy metal. Les gars voulaient jouer du blues et aborder des thèmes occultes et… ben, ils étaient pas super bons (entre autre, parce que leur guitariste a perdu UN FUCKING DOIGT dans un accident à l’usine), fait qu’ils ont créé un nouveau son presque par accident. Un très heureux accident qui changea des millions de vies pour le mieux, mais un simili-accident quand même.

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La plupart des métalleux s’entendent aussi pour dire que Black Sabbath, c’est le groupe le plus HEAVY de tous les temps. Que leur musique fait trembler murs et curés comme aucune autre. Presque tous les métalleux… parce qu’il existe un sous-genre 100% dédié à faire passer Ozzy et ses sbires pour des vicaires de pastorale: le doom metal.

L’origine

Bon. Techniquement, ça à commencé avec Sabbath.

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Cependant, ça n’avait pas encore de nom à cette époque. C’était juste de la musique étrange et dark, qui faisait peur aux parents. Un peu comme le mumble rap aujourd’hui.

L’identité du doom metal ne demeurera que vaguement définie pendant les années 70, mais on verra émerger un style qui préconise les grosses guitare fuzzées, un tempo lent (alors que tous les groupes metal de l’époque essayaient de jouer plus rapidement les uns que les autres) et des paroles de nature hyperviolente, psychédélique ou ben, ben déprimée. Parfois les trois en même temps. Dans les proto-doomers les plus importants, on retrouve le groupe américain Pentagram, Budgie, Flower Travellin’ Band et Sir Lord Baltimore.

C’est à l’aube des années 80 qu’il véritable scène doom metal prendra son envol. Des groupes comme Cirith Ungol, Candlemass, Witchfinder General et spécialement Celtic Frost (époque Into The Pandemonium et après) feront leur marque avec des riffs de guitare lourd et menaçants, des structures musicales innovantes et un goût prononcé pour la grosse distorsion sale. S’en suivra une véritable explosion en multiples sous-genres dont: le funeral doom, epic doom, drone metal et de styles «cousins», le sludge metal et le stoner metal.

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C’est quoi au juste du sludge metal et en quoi c’est différent? Écoutez The Melvins et My Dying Bride un à la suite de l’autre, vous comprendrez vite.

C’est pour qui?

Il y a un meme très populaire au sujet des doomers qui fait le tour des médias sociaux, qui explique bien quel genre de personne s’intéresse à ce genre de musique:

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Sans farce, le black et le doom metal partagent une partie de leur base d’adeptes. Le doom est cependant un peu moins théâtral et les doomers sont souvent de nature plus introvertie et plus intéressés à la musique qu’aux excès qui leur sont associés. Il y a aussi ceux qui vénèrent Black Sabbath et qui n’acceptent sous aucune considérations d’écouter de la musique à plus de 80 BPM. Ils sont tout aussi élitistes que les fans de black metal, mais beaucoup moins violents.

Les maîtres du genre

Saint Vitus

Le degré zéro du doom. Si vous n’avez jamais écouté de doom metal dans votre vie, commencez ici. Formé en Californie, il y a rien de chaleureux ou ensoleillé à propos de ce groupe. Le son est lent, lourd et massif comme des pas de dinosaure et le chanteur Scott Reagers ne parle à peu près uniquement que de drogue, de dépression et de problèmes mentaux depuis 40 ans. Les influences du blues (vous vous rappelez ce que j’ai dit à propos de Black Sabbath dans l’intro?) sont particulièrement palpables dans la musique de Saint Vitus.

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Candlemass

Bien qu’ils ne soient pas ma tasse de thé du tout, on ne peut pas parler de doom metal sans évoquer l’immense héritage du groupe suédois. Ce qui est intéressant à propos de Candlemass, c’est qu’ils ont créé leur propre sous-genre: le epic doom. C’est exactement comme du doom normal, sauf que la performance vocale est beaucoup plus pompeuse et opératique et que la batterie y prend beaucoup plus de place. Candlemass ont été également parmi les premiers à évoquer des parallèles symboliques entre l’imagerie fantastique (démons, épées et dragons) et le monde intérieur de personnes troublées.

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Type O Negative – World Coming Down

On a souvent tendance à les classer dans le metal gothique à cause de leur esthétique, mais Type O Negative (surtout vers la fin) étaient LE groupe Gothic Doom par excellence. Leur album World Coming Down est le classique définitif du genre. Avec des chansons comme Everything Dies et Everyone I Love is Dead, ils ont poussé les thèmes dépressifs tellement loin que c’était difficile de savoir s’ils étaient sérieux ou non. Ils se sont tragiquement séparés en 2010, suite à la mort de leur chanteur Peter Steele. Non, il ne s’est pas suicidé. C’est plutôt sa vie d’excès de drogue et de boisson qui l’a rattrapé. RIP Peter. Tu nous manques.

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Suggestions d’écoute

My Dying Bride – A Sea to Suffer In

Un autre groupe porte-étendard du Gothic Doom. À saveur très expérimentale, la musique de My Dying Bride a constamment évolué avec les années. Ils sont beaucoup plus près d’une esthétique rock aujourd’hui, mais ça brassait en ti-pépère au début.

Khanate – No Joy

On ne fait pas plus extrême que Khanate. Que ce soit dans le doom ou dans la musique metal en général. Distendue, chaotique et inexplicablement menaçante, la musique de Khanate est un voyage au coeur d’un esprit qui s’écroule sur lui-même. Bien que le groupe soit séparé aujourd’hui, leur très intense chanteur Alan Dubin a aujourd’hui un projet très similaire qui s’appelle GNAW. Y’a pas plus doom que ça, j’vous en passe un papier.

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Sunn O))) – Between Sleipnir’s Breaths

Le groupe drone le plus populaire au monde et (plus ou moins) les inventeur du style drone doom. Leur particularité, c’est qu’ils ne font pas de chansons. Ils font du drone. C’est une toute autre façon de voire la musique. Elle se déploie dans le temps, sans structure précise. C’est un de mes groupes préférés. Je les ai vus en spectacle à la SAT en 2017.

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Thergothon – Crying Blood & Crimson Snow

Des pionniers du style Funeral Doom. Ils ont fait un album de sept chansons LOURD, GLAUQUE et FUCKING PARFAIT avec des cookie monster vocals bien crasseux en 1994 et se sont volatilisés par la suite. En espérant qu’ils se sont pas tués. Je respecte ça. Ils sont partis au top.

Esoteric – Sick and Tired

Je connaissais pas du tout avant de faire de la recherche pour cet article, mais ça torche en sale.

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Goatsnake – Flower of Disease

Une de mes chansons préférées d’un de mes groupes préférés à vie. On sent ici aussi fortement l’influence blues sur le doom metal.

Katatonia – Funeral Wedding

Un autre groupe qui a beaucoup évolué depuis ses débuts et qui a adopté une esthétique plus rock/shoegaze. Eh bien DANS MON TEEEMPS il faisaient de l’excellent black/doom qui donnait le goût de se crisser en bas d’un pont.

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Below the Sun – Mirrors

Bien sûr, chaque style musical a ses geeks «prog» qui trippent plus sur leur propre talent que sur la musique qu’ils jouent. Le doom metal n’y échappe pas. Le groupe Russe Below the Sun sont pas mal les plus écoutables dans ce registre.

Cirith Ungol – King of the Dead

Un groupe ici vraiment de première PREMIÈRE vague. On parle ici de presque proto-doom/stoner. Ils sont cependant toujours actifs aujourd’hui, toujours aussi importants et ils torchent encore énormément.

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Celtic Frost – A Dying God Coming Into Human Flesh

Des pionniers du genre. Ça leur a pris du temps à devenir un groupe 100% doom. Ils ont toujours eu des éléments doom, mais la vision s’est vraiment concrétisé sur leur dernier album Monotheist en 2006… et QUEL ALBUM!