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Drôle de planète. Entre angoisse et festivités. Entre dévastation et célébrations. Entre mort et joie. Entre tremblement de terre et battements de cœur. Entre horreur et allégresse.
Au Japon, la terre tremble, un tsunami mortel se lève, le monde s’écroule. La mer balaye tout sur son passage. La civilisation est engloutie. La vie effacée. La peur au ventre une société vacille. On ne compte pas encore les morts. Il y a trop de disparus. Le danger d’un désastre nucléaire plane.
Au Québec, la fête du cinéma, le gala des Jutra. Une cérémonie légère, drôle, bien ficelée, bien écrite, bien réalisée, bien jouée. Des artistes de qualité récompensés. Des gagnants, des grands gagnants. Des remerciements. Des spectateurs qui s’amusent en grignotant du pop corn. Des hommages. Du champagne. Pas de grandes vagues, oserai-je le mauvais jeu de mot, pour déclarer ceci ou dénoncer cela. Consensus gentil. Assemblée d’artistes qui font rayonner le Québec dans le vaste monde. Les forces vives de notre culture célèbrent une année faste en se remettant des prix qui cette fois sont bien mérités.
Deux mondes, la même planète.
Dans le confort de notre canapé, les images de la nature en furie qui, entre deux pauses pubs, saccage la civilisation nippone, arrache les maisons, engloutit les autos, déracine les installations de télécommunications, engouffre les routes, avale les trains, submerge les écoles, rase les villages, fragilise les installations dangereusement nucléaires, fauche les vie… Et la terre continue d’être secouée par d’autres spasmes. Comme si, à force de se faire jouer dans les entrailles, elle avait fini par avoir envie de se gratter pour se débarrasser du parasite qui l’exploite de l’intérieur et vide ses ressources les plus précieuses. Demain, elle va encore trembler. Demain, ce sera peut-être pire.
Un tweet pour féliciter les artisans du meilleur film québécois, un autre pour s’effrayer à la vue des images que tout le monde a vue de la mer qui ravage tout sur son passage. Un charmant statut météorologique post changement d’heure sur Facebook et un lien avec les dernières photos haute-définition d’un Japon dévasté.
Deux mondes dans nos yeux. Un seul dans lequel nous vivons. Confortablement.
Pendant ce temps, Kadhafi continue de faire impunément le fanfaron à grands coups de canons.