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Des vacances historiques à Québec
URBANIA et l’Office du tourisme de Québec s’unissent pour vous offrir des vacances qui vont passer à l’histoire.
Si je vous disais que vous pouvez voir une ville fortifiée, le buste d’un roi et une bibliothèque victorienne en un seul voyage, et ce, sans prendre l’avion, me croiriez-vous? Non, je ne vous parle pas des « voyages virtuelsMC » dans le sous-sol de la maison mixte d’Occupation Double, mais bien de la richesse historique de notre Belle Province. Si vous êtes une bibitte de musées comme moi, nul besoin de vous exiler cet été pour faire le plein d’histoire. Quoi de mieux que de commencer par le commencement, la OG, la toujours si belle malgré ses 413 ans : la ville de Québec! Voici quelques suggestions pour vous plonger dans le passé souvent mal connu du cœur de la Capitale-Nationale.
Le Lieu historique national des Fortifications-de-Québec
Si, une fois bien installé.e en terrasse pour siroter une sangria, on oublie un peu le passé militaire de Québec, cette ancienne vocation saute aux yeux quand on fait le tour de son enceinte fortifiée. Seule ville toujours fortifiée au nord du Mexique, Québec a été construite pour tirer avantage de la défense naturelle qu’offrait le cap Diamant face à des envahisseurs. Les fortifications, aujourd’hui administrées par Parcs Canada, ont été érigées pour protéger le côté ouest de la ville, où la plaine n’était pas aussi décourageante pour une armée ennemie qu’un cap de roche escarpé (on n’avait pas de grappin télescopique aux 17e et 18e siècles).
Les murs de pierres que vous foulerez de vos runnings ont été érigés par les Français en 1745 en vue de ralentir l’ennemi et de soutenir un siège jusqu’à l’arrivée de renforts. En plus de s’être montrées très efficaces pour remplir cette mission (mais au bénéfice de l’ennemi anglais d’alors – ce qui est quand même plutôt ironique –, en lui permettant de conserver la ville face aux Français lors de la bataille de Sainte-Foy de 1760 qui a suivi celle des plaines d’Abraham de 1759…), les fortifications vous offriront des points de vue incroyables sur le Vieux-Québec.
Sur ces 4,6 km de murs, on peut visiter la récemment restaurée redoute Dauphine, un des plus vieux bâtiments militaires en Amérique du Nord, la Fonderie de l’Arsenal, où sont exposés de nombreux artefacts, ainsi que la Citadelle, qui témoigne bien de la tension entre le régime anglais et les habitants francophones de la ville. On raconte que la Citadelle de Québec, contrairement aux fortifications, a été construite davantage pour se protéger de la population locale que d’envahisseurs étrangers.
Le Lieu historique national des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis
Il n’y a pas que le fameux Château Frontenac qu’on peut visiter en se baladant sur la terrasse Dufferin juste à côté. Sous la terrasse elle-même se cache la crypte archéologique des Forts-et-Châteaux-Saint-Louis, qui a fait office de demeure officielle pour les gouverneurs de 1620 à 1834. Pourquoi « fortS » et « châteauX »? Eh bien parce que pas moins de quatre forts et deux châteaux ont été érigés à cet endroit. On raconte que le gouverneur Frontenac, dont la devise aurait très bien pu être « think big », aurait fait construire le deuxième château pour faire concurrence à monseigneur de Saint-Vallier, évêque de Nouvelle-France, qui se faisait aussi construire un palais à quelques mètres de là. Contente d’apprendre que les voisins gonflables existaient déjà à l’époque…
Véritables centres du pouvoir colonial autant sous le régime français que sous le régime anglais, les forts et châteaux Saint-Louis ont aussi été le lieu de nombreuses réceptions somptueuses. On peut encore y visiter les vestiges des cuisines, à la fine pointe de la technologie de l’époque, dont on avait besoin pour nourrir et amuser tout ce beau monde. J’en connais qui ne passaient pas l’année à manger des patates et des navets, en tout cas…
Grâce à des fouilles archéologiques fort riches sous la terrasse, l’ancien site des forts et châteaux Saint-Louis ouvre une fenêtre sur plus de 200 ans d’histoire diplomatique avec les Premières Nations, grâce notamment aux relations avec la Nation huronne-wendat. Vous pourrez même vous mettre dans les chaussures d’un.e invité.e de marque du gouverneur de l’époque grâce à la nouvelle exposition La diplomatie en Nouvelle-France et revivre les alliances et les décisions qui ont marqué l’Amérique. À la fois exposition et jeu de rôle, l’activité a été conçue par Parcs Canada et la Nation huronne-wendat, avec qui les autorités coloniales de l’époque ont longtemps échangé.
Le Musée huron-wendat
Colonie par-ci, colonie par-là, il ne faut quand même pas oublier qu’avant Québec, il y avait Stadaconé. Heureusement, à Wendake, à deux pas de Québec, se trouve le Musée huron-wendat. Ici, pas de vestiges ni de ruines, mais l’histoire vivante des Premières Nations, et surtout de la nation huronne-wendat, dont la moitié des membres vivent toujours à Wendake. Grâce à des expositions, à des visites et à des ateliers, les visiteur.e.s sont invité.e.s à s’imprégner de la culture et du savoir-faire huron-wendat et à interagir avec son patrimoine matériel autant que son imaginaire.
On peut aussi y visiter la maison longue nationale Ekionkiestha’, où sont contés des mythes et légendes autour du feu, ou encore s’offrir un séjour à l’Hôtel-Musée Premières Nations, à quelques pas du Musée huron-wendat, pour l’expérience Wendake complète. Cette expérience a toutes les chances de vous laisser avec une vision nouvelle de l’histoire, trop souvent maintenue à l’ombre de celle d’une poignée de messieurs blancs morts depuis longtemps.
Le Morrin Centre
On ne se douterait pas une seconde, lorsqu’on est dans la magnifique bibliothèque victorienne du Morrin Centre, qu’on se trouve sur le site d’une ancienne prison. C’est ça, l’affaire, avec l’histoire : des fois, c’est un peu glauque. Mais c’est toujours intéressant.
Centre culturel géré par la Literary and Historical Society of Quebec (LHSQ) depuis 1824, le Morrin Centre a été de 1712 à 1808 une caserne militaire ensuite démolie pour faire place à la prison commune de Québec. Bien que les conditions des prisons de l’époque ne nous feraient guère envie aujourd’hui (celles des prisons actuelles non plus, avouons-le), elle était considérée comme une des premières prisons en Amérique où on appliquait des idées réformistes venues d’Angleterre. On y privilégiait par exemple les cellules individuelles plutôt que les communes, et l’isolement plutôt que les châtiments corporels.
Fermée en 1867, l’ancienne prison une fois rénovée accueillera le Morrin College, premier établissement d’enseignement supérieur en anglais de Québec. On raconte qu’on aurait préféré déménager dans l’ancienne prison plutôt que de continuer à partager des locaux avec un temple maçonnique. Bien mystérieux tout cela.
Joyau bien gardé du Vieux-Québec, le Morrin Centre sait raconter toutes les phases de sa longue existence, en plus de se faire l’hôte de nombreux concerts, lectures et conférences, en anglais comme en français.
Le Vieux-Québec
C’est même dans son nom : difficile de faire plus ancien que le Vieux-Québec, berceau de l’Amérique française! Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1985, ce quartier de la ville est connu pour son architecture européenne, ses monuments historiques ainsi que ses artères commerciales qui vous feront vous demander si vous n’avez pas mis le pied dans un portail spatio-temporel par accident.
C’est sur la place Royale que Samuel de Champlain a officiellement fondé la ville de Québec en 1608, et cela se sent dans les habitations aux charmes ancestraux qui la bordent. On y trouve encore le fameux buste de Louis XIV, le roi de l’époque. Restaurée depuis les années 70, la place allie architectures française et anglaise à des touches de modernité qui résument parfaitement l’histoire de la ville. On peut y visiter l’église Notre-Dame-des-Victoires, une des plus vieilles églises en pierre de l’Amérique, construite à même les ruines de l’Abitation de Champlain.
Si vous avez la passion des vieilles églises, allez faire un tour du côté de la Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec. Classée monument historique national du Canada, elle se dresse exactement à l’endroit même où elle a été fondée en 1647. On y a enterré gouverneurs et évêques illustres en plus de dédier une chapelle funéraire à saint François de Laval, premier évêque du diocèse de Québec. En plus des grandeurs architecturales de la basilique elle-même, on peut y admirer la Porte Sainte, la seule en Amérique!
Historique n’est pas le contraire de vivant, et cela est rarement plus clair que sur les allées commerciales du Vieux-Québec. Aussi nommé en l’honneur du fondateur de la ville, le Quartier Petit Champlain est passé d’un petit sentier du 17e siècle à un des premiers quartiers commerciaux du continent. Les boutiques gourmandes ainsi que les nombreux ateliers d’artisans agrémentent fort bien une balade dans ces rues joliment étriquées. La rue Saint-Jean offre également une expérience de magasinage historique. De plus en plus courue depuis le 19e siècle, cette artère commerciale a dû être agrandie pour accueillir le flot de clients grandissant de ces boutiques. Des artistes de rue ainsi que des musiciens s’y produisent dans une ambiance de lèche-vitrine festive.
Plate, l’histoire de Québec? Jamais de ses quatre siècles de vie!
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Cet été, ne perdez pas votre temps à regarder rêveusement le site d’Air Canada en soupirant. Il y a tout ce qu’il faut chez nous pour emballer l’historien.ne en vous. Les chroniques de Québec, les bons bouts comme les plus moyens, se trouvent sous chacun de nos pas, si on sait bien regarder!