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Des scientifiques ont imprimé un cœur en 3D

Oui, les imprimantes 3D sont rendues assez perfectionnées, merci.

Par
Philippe Côté-Giguère
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En cette époque des fake news, il faut faire preuve de beaucoup de prudence quand on navigue sur le web et qu’on tombe sur un article avec un titre invraisemblable, comme « Cette femme a accouché d’un bébé de 70 livres », « Les chemises de l’archiduchesse étaient humides tout ce temps-là » et autre « Donald Trump affirme que le bruit des éoliennes provoque le cancer ». Juste pour votre info, il n’y a que le dernier titre d’article qui en est un vrai.

Donc, je disais qu’il faut faire preuve de beaucoup de scepticisme en se faisant aller la souris et le clavier sur internet, ces temps-ci. Et disons que l’aiguille de mon radar à fake news s’est fait aller sur un pas pire temps quand j’ai lu le titre suivant : « Des scientifiques israéliens dévoilent le premier cœur imprimé en 3D au monde avec du tissu humain ». De quessé?

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La science est vraiment rendue là? J’avais vu que les imprimantes 3D avaient déjà été utilisées pour faire la structure de maisons, mais un cœur?

Ben oui!

Une innovation qui promet

C’est lundi dernier que des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv ont partagé le fruit de leur travail sur la plateforme Wiley Online Library, un site recensant des milliers d’études dans de nombreux domaines de recherche. L’article en question détaille leur démarche et explique comment ils sont parvenus à utiliser une imprimante 3D (pas une de celles qu’on peut acheter au Bureau en gros, mettons) pour produire un cœur — à peu près de la grosseur de celui d’un lapin — fait de tissu humain ayant des cellules, des vaisseaux sanguins et des ventricules, ce qui constitue une première mondiale.

Crédits photo : JACK GUEZ/AFP
Crédits photo : JACK GUEZ/AFP
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Cette percée scientifique est très encourageante puisque les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de mortalité sur la planète, selon l’Organisation mondiale de la santé, et que les personnes souffrant d’importants troubles de ce type n’ont en ce moment pour seule option que de recevoir une transplantation. Or, plusieurs patients doivent attendre pendant une longue période de temps avant finalement d’avoir un nouveau cœur; d’autres, moins chanceux, perdront la vie alors que leur nom est toujours inscrit sur une liste d’attente.

Et même quand une personne reçoit enfin un organe qui devrait être compatible avec son organisme, celle-ci vivra un épisode de rejet dans la première année après la transplantation dans 40 % des cas; les patients doivent par conséquent prendre des médicaments pour le reste de leur vie pour contrer cet effet.

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On imprime ça comment, un cœur?

Pour réussir leur exploit, les chercheurs ont effectué une biopsie de tissu gras chez des patients afin de l’utiliser pour créer « l’encre » qui a servi à « imprimer » le mini cœur. Cette façon de faire permet de s’assurer que l’organe imprimé ne serait pas rejeté par l’organisme des personnes en ayant besoin. Pas fou!

Ensuite, les chercheurs ont « chargé » l’imprimante 3D avec l’encre avant de lancer le programme qui définissait le pattern à suivre lors de l’impression. FASCINANT!

Crédits photo : JACK GUEZ/AFP
Crédits photo : JACK GUEZ/AFP
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Quelques obstacles à surmonter

Tel Dvir, le chercheur qui était à la tête de ce projet, a mentionné qu’il restait beaucoup de boulot aux scientifiques avant de pouvoir espérer effectuer la première transplantation cardiaque avec un cœur imprimé en 3D.

D’abord, il faut que les chercheurs trouvent un moyen pour que ces cœurs imprimés agissent comme des cœurs naturels. Pour le moment, ils sont en mesure de les faire contracter sans toutefois réussir à les faire pomper, ce qui — vous l’aurez deviné — est une fonction primordiale de cet organe.

Un autre problème auquel les chercheurs n’ont pas trouvé de solution au cours de leur projet est d’agrandir les cellules de façon suffisante afin d’avoir assez de tissu pour créer un cœur de la taille de celui d’un être humain, et non de la taille de celui d’un lapin.

Troisième obstacle : les imprimantes 3D n’offrent pas encore une résolution et une précision suffisantes pour pouvoir créer des cœurs parfaitement détaillés. Fabricants, déniaisez-vous!

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Dvir se montre tout de même optimiste sur l’avenir de cette technologie, mentionnant que « peut-être que dans 10 ans, il y aura des imprimantes à organes dans les plus grands hôpitaux du monde et que ces procédures seront faites quotidiennement de façon tout à fait banale ».

Je l’espère aussi.

Parce que si, un jour, j’ai besoin de subir une transplantation cardiaque, je pourrai me dire que mon nouveau cœur en 3D me rend quasi aussi badass qu’Iron Man.