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Des poules en ville, une vraie bonne idée?
Plus le temps passe, plus l’idée d’avoir des poules dans sa cour semble réaliste. Des municipalités partout à travers le Québec modifient leur réglementation pour les autoriser, et la nouvelle entreprise POC POC a développé un poulailler spécialement fait pour les cours urbaines, un genre de tout-inclus pour les poules (et leurs propri étaires).
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Mais si on regarde un peu plus loin que leur vidéo promo (qui, comme toute vidéo de startup, nous laisse éblouis et avec l’impression que leur produit va carrément révolutionner notre vie), qu’est-ce que ça implique vraiment, avoir des poules en ville? À quel point est-ce faisable? On s’est posé ces quelques questions…
1. Est-ce qu’on peut avoir des poules partout?
La réponse courte : légalement, non, on ne peut pas avoir des poules partout.
Même si elles sont tolérées à plusieurs endroits et que certaines personnes en élèvent « illégalement » sans rencontrer de problèmes, si vos poules font l’objet de plaintes, vous pourriez recevoir une amende et un avis de la Ville vous demandant de vous en départir.
À Montréal, on a beau être au royaume du nid-de-poule, leur possession est permise (sous certaines conditions) dans seulement quatre secteurs : Rosemont, Hochelaga, Westmount et Hampstead. D’autres arrondissements devraient leur emboîter le pas, mais pour le moment, c’est techniquement interdit.
Ailleurs dans la province, plusieurs villes permettent maintenant les poules en milieu urbain, notamment Québec, Gatineau ou encore Drummondville (on a une belle liste complète à la fin de cet article).
Vous seriez donc mieux de faire un petit check up de la réglementation qui prévaut dans votre quartier avant d’acheter des poules : même si elles sont tolérées à plusieurs endroits et que certaines personnes en élèvent « illégalement » sans rencontrer de problèmes, si vos poules font l’objet de plaintes, vous pourriez recevoir une amende et un avis de la Ville vous demandant de vous en départir.
Et même si les poules sont permises dans votre coin, ça vaut la peine de jeter un coup d’œil à la législation : plusieurs règles encadrent leur possession. Par exemple, il peut être interdit de vendre leurs œufs, d’avoir plus que quatre poules, ou encore d’avoir des coqs (parce qu’un cocorico à l’aube, c’est charmant juste en théorie).
2. Est-ce que ça prend une maîtrise en élevage?
Pas besoin de vous inscrire au DEP en production animale; s’occuper de quelques poules, c’est assez simple. Il faut leur donner de la nourriture et de l’eau fraîche chaque jour, et nettoyer leur enclos une fois par semaine (constatons qu’à date, c’est moins de job qu’un chat, ce qui n’est pas peu dire).
Évidemment, ces tâches doivent se faire été comme hiver, et si on s’absente plus de deux jours, il faut prévoir quelqu’un pour prendre le relais.
On devrait aussi pouvoir laisser les poules se promener sous surveillance de temps en temps sur son terrain, et surveiller leur comportement pour évaluer leur état de santé : comme pour tout animal, si elles sont malades, il faut faire appel à un vétérinaire.
3. Si on ne veut plus ses poules… on fait quoi avec?
C’est plate à dire, mais ça se peut que l’idylle entre un citoyen et ses poules ne dure pas toujours. Quand une poule cesse de pondre régulièrement (ce qui arrive typiquement après 2 ans, alors que la poule vit entre 8 et 10 ans), quand elle nécessite des soins vétérinaires qui peuvent être coûteux, quand l’hiver arrive et qu’on n’a pas envie d’aller nettoyer le poulailler dans la neige… les choses peuvent se gâter.
La SPCA craint d’ailleurs que les citoyens tannés abandonnent leurs poules, citant notamment l’exemple de Miami, où une escouade « Chicken Buster » (oui, oui) payée par la Ville est chargée depuis plusieurs années de ramasser les nombreuses volailles en liberté qui errent dans la petite Havane, où plusieurs citoyens gardent des oiseaux de basse-cour dans des conditions plus ou moins optimales.
«Les chiffres montrent que l’abandon de poules n’a pas augmenté depuis les trois dernières années, malgré l’engouement pour les poules urbaines. C’est très dommage que ça arrive, mais je ne pense pas que le mouvement des poules urbaines avec son côté éducatif et familial est en train de contribuer à ça.»
Une inquiétude qu’Alexandre McLean, fondateur de POC POC, balaie du revers de la main. « Les chiffres montrent que l’abandon de poules n’a pas augmenté depuis les trois dernières années, malgré l’engouement pour les poules urbaines. C’est très dommage que ça arrive, mais je ne pense pas que le mouvement des poules urbaines avec son côté éducatif et familial est en train de contribuer à ça. On est d’accord, on ne veut pas de poules abandonnées, c’est tout le contraire. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a construit le ultimate poulailler, pour que les poules soient heureuses », dit-il.
La SPCA n’est pas la seule à être réticente aux poules en ville. Un collectif d’organismes de protection des droits des animaux a lancé la pétition « Êtres humains contre la réintroduction de la poule pondeuse à Montréal », principalement pour des raisons éthiques.
Mais pour répondre à la question initiale : si on ne veut plus sa poule, il faut soit trouver quelqu’un à qui la vendre, soit aller la porter dans un refuge. Pour ceux qui se demandent s’ils pourraient la faire rôtir avec des petites patates, c’est pas impossible, mais il fait passer par un abattoir, car il est interdit d’abattre de la volaille chez soi à Montréal depuis 1966 (Jean Drapeau voulait manifestement éviter que les visiteurs d’Expo 67 assistent à des carnages aviaires).
4. C’est quoi le poulailler de POC POC?
Jusqu’à maintenant, pour avoir des poules en ville, il fallait pas mal se débrouiller pour construire un poulailler maison. L’équipe de POC POC, qui est aussi derrière le projet d’apiculture urbaine Alvéole, a conçu un poulailler modulable, pensé spécialement pour les cours urbaines.
Le poulailler peut abriter deux ou trois poules, qui donneront chacune environ un œuf par jour au départ. « On installe des ruches depuis cinq ans à Montréal, Québec et Toronto. On remarquait que plusieurs de nos clients avaient des poules, et qu’ils avaient eux-mêmes construit leurs poulaillers. On voyait des gens qui voulaient se lancer dans l’aventure, mais qui découvraient qu’aucune compagnie n’existait : ils devaient faire leur poulailler et leur recherche eux-mêmes, et construire sans plan. On s’est demandé comment on pourrait rendre la chose plus facile », raconte Alexandre McLean.
«Les poulaillers ont été conçus pour une petite cour arrière montréalaise, mais évidemment ça marche aussi en banlieue. On a fait la plus petite version possible : un poulailler plus petit serait trop petit »
Il s’agit de la première compagnie à offrir un tel produit au Canada. « Les poulaillers ont été conçus pour une petite cour arrière montréalaise, mais évidemment ça marche aussi en banlieue. On a fait la plus petite version possible : un poulailler plus petit serait trop petit », ajoute-t-il.
La phase de test a été satisfaisante : 50 personnes ont essayé un prototype du poulailler POC POC à Montréal l’été dernier, et 48 ont décidé de poursuivre l’aventure.
Les poulaillers sont actuellement en vente pour 1020 $ incluant la livraison, et devraient être prêts en juin : on peut pré-commander le sien sur Indiegogo. Si on veut soutenir le projet sans avoir des poules chez soi, on peut également faire un don, et l’argent recueilli servira à implanter des poulaillers POC POC dans des écoles.
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Liste des municipalités où on peut avoir des poules en milieu urbain :
Ascot Corner, Beauharnois, Boisbriand, Carignan, Chambly, Cowansville, Drummondville, Gatineau, Granby, Hampstead, L’Assomption, La Tuque, Mirabel, Mont-Joli, Montréal (Hochelaga), Montréal (Rosemont), Prévost, Québec, Rosemère, Saint-Bruno, Saint-Colomban, Saint-Jacques-de-Valcartier, Saint-Jacques-le-Mineur, Saint-Lin, Sainte-Anne-des-Plaines, Sainte-Béatrix, Sainte-Julienne, Sorel-Tracy, Terrebonne, Vaudreuil-Dorion, Victoriaville, Westmount.
Blainville et Saint-Jérôme devraient joindre cette liste en 2018.