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Des options funéraires durables pour mourir écologiquement

Quatrième article de la série "Angle mort".

Par
Rose-Aimée Automne T. Morin
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Je suis obsédée par la mort. J’ai fait de cette « passion » un livre et beaucoup de nuits blanches. Je la transforme maintenant en une série d’articles qui se penchent sur notre inévitable fin et celle de tous ceux qu’on aime. Bienvenue dans « Angle mort »! N’ayez pas peur, ça va être correct…

Mourir, c’est polluer. Vous aurez beau garder la même paille en métal pendant 30 ans et ne vous rendre en Europe qu’à bord d’un voilier, au moment de votre décès, si vous utilisez la voix traditionnelle, vos beaux efforts se solderont tout de même par un endommagement de la couche d’ozone et des nappes phréatiques. En fait, une seule incinération libèrerait 250 lb de C02, soit ce qu’une famille américaine moyenne produit en six jours…

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Pas fan des urnes? Très bien, alors le cercueil dans lequel sera déposé votre corps, lui, sera constitué d’acier et de béton, en plus d’occuper un espace plus large dans le sol.

Ça, ça veut dire moins d’arbres, donc plus d’impact sur l’écosystème. Sans même parler de l’agent d’embaumement qui quittera éventuellement votre corps pour polluer la bonne veille eau.

FUN!

Heureusement, l’industrie funéraire s’adapte et cherche des solutions pour satisfaire les écologistes mourants. Un bon exemple de cette évolution serait l’aquamation, dont je vous ai déjà parlé, mais il y a beaucoup plus! En fait, après avoir fait le tour du web pour dénicher des manières de disparaitre en évitant de nuire à Gaïa, je dois m’avouer impressionnée par tant de créativité.

Voici donc le meilleur de mes recherches…

Être enterré.e dans notre bibliothèque

William Warrens est un designer londonien qui aime donner un sens aux objets qu’il crée, les rendre aussi sentimentaux qu’utilitaires. Disons qu’il a vu dans le mille en développant ses « Shelves for life », des bibliothèques en bois qui se transforment en cercueil au moment de notre départ.

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Si vous savez d’emblée que les personnes qui vont vous survivre peinent à monter une table IKÉA, il s’agit de l’option parfaite pour vous venger des bassesses qu’elles vous auront fait subir de votre vivant. Si, au contraire, vous aimez vos proches, plusieurs autres options de cercueils écologiques s’offrent à vous.

Il existe par exemple des modèles en paille, en bambou, en carton ou en bois sans ornements ni vernis. Notez que les modèles biodégradables sont tout particulièrement efficaces, puisqu’ils causeraient 50% moins d’émissions de gaz à effets de serre, selon le Natural Death Center.

Devenir un arbre

Des options écologiques s’offrent également au rayon des urnes. Il s’en trouve des 100% biodégradables, certaines faites en glace et d’autres qui transformeront nos cendres en arbre. Pour vrai. Sapin, épinette, cèdre, pin, comme vous le sentez!

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Idéal si vous voulez produire 117 kg d’oxygène par an, malgré votre mort. Ou pour vous faire caresser des jets d’urine de votre doux pitou, une fois dans l’au-delà.

Se faire corail

Les barrières de corail vont aussi mal que les endeuillé.e.s en peine. Voici une façon d’aider les deux! Si vous optez pour Eternal Reefs, vos cendres seront mélangées à du béton pour créer un nouvel habitat marin. Ces coraux artificiels seront ensuite déposés dans l’un des endroits autorisés que vous aurez préalablement choisi.

S’ils le souhaitent, vos proches pourront participer à la création des coraux et laisser un message dans le béton frais avant que celui-ci ne retrouve les poissons. Un deuil de gang.

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En ce moment, on retrouve 1 800 de ces petites barrières de corail dispersées dans sept états américains. Par contre, à moins que vous ne déménagiez près d’un point de chute, il ne s’agit pas de la méthode la plus écolo de disparaître puisqu’il vous faudra faire transporter vos cendres chez nos voisins du Sud.

Remarquez, un bon voyage de vélo, peut-être que ça aussi, ça aide le deuil.

Être enterré.e. naturellement

Le Québec est la seule province canadienne où il est impossible d’être enterré.e sans cercueil. Pour profiter de la manière la plus écologique d’être mort, il faut donc accepter de passer au ROC. Si vos convictions vous mènent là, sachez que vous serez alors simplement enveloppé.e d’un linceul biodégradable et que vous «vivrez» votre décomposition tout naturellement.

Si l’Ontario ne vous attire pas plus qu’il faut, ce qui se rapproche le plus de cette option au Québec, ce sont les cimetières naturels. On y limite l’utilisation de produits toxiques et mise sur l’écologie dans les décisions entrepreneuriales. Certains offrent des jardins dans lesquels il est possible de répandre les cendres de l’être perdu. Un bon compromis, à mon avis.

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Organiser des funérailles écoresponsables

Maintenant, même en se tournant vers les manières traditionnelles de disposer d’un être cher décédé, il y a des façons de laisser une empreinte réduite sur l’environnement. Il s’agit de s’informer auprès des différents centres et d’en choisir un qui offre des funérailles vertes. Ils sont de plus en plus nombreux à éviter la vaisselle jetable, à offrir le transport en voiture hybride ou même des funérailles carboneutres. D’autres souscrivent au programme Héritage et plantent des arbres pour compenser leurs émissions de gaz à effets de serre.

Bref, ça vaut la peine de se renseigner.

J’écris ça, mais en même temps, je sais bien que la dernière chose à laquelle on a envie de penser quand on perd un être aimé, c’est à réduire son empreinte… Mais bon, je me dis ça vaut la peine de laisser l’idée germer. Ne serait-ce que pour l’avenir de celles et ceux qui resteront.

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