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Le premier les cuisine, la deuxième les collectionne et le troisième les fabrique.
Tom Brown, Artiste de bouffe miniature
Le Réginois Tom Brown, 27 ans, passe ses journées à tester des recettes, et il se filme en le faisant. Mais à la différence de Marilou, sa cuisine est aux proportions d’une poupée, et ses créations culinaires — 100 % mangeables et végétariennes — ont à peu près la grosseur d’un raisin.
Comment êtes-vous devenu miniaturiste ?
Enfant, je rêvais d’avoir une guitare, alors je m’en suis « gossé » une petite dans le bois ! C’est devenu une obsession. À l’école, je passais mon temps à façonner de petits objets en cire. À l’université, j’ai étudié en arts. C’est là que j’ai redécouvert le miniature comme médium artistique et que mon projet culinaire est né.
Expliquez-nous comment vous préparez vos minimets.
J’utilise des appareils et des instruments que j’ai entièrement fabriqués à la main. [Il en a plus de 300, incluant des couteaux, des casseroles, des moules et même une machine à faire des pâtes !] Certaines recettes se réalisent rapidement. D’autres nécessitent beaucoup d’expérimentation pour trouver les bons temps de cuisson et quantités. Une croustade, c’est facile ! Imiter la viande, c’est difficile. Ça peut prendre jusqu’à une douzaine d’essais pour arriver au résultat voulu.
Qu’est-ce qui vous plaît tant dans l’échelle minuscule ?
Sur le plan artistique, le miniature permet de manipuler les perceptions. Ça renvoie à un concept de Marshall McLuhan : je vois mon art comme un « anti-environnement », c’est-à-dire un environnement qui contraste tellement avec le monde régulier qu’il nous force à en prendre conscience.
Les gens trouvent vos œuvres « adorables ». Est-ce ce qu’un artiste veut entendre ?
Au départ, ma réaction était de me dire : « Mon art n’est pas cute, il est sérieux ! » Puis j’ai réalisé que, oui, mes pièces sont mignonnes, et que c’est justement positif : ça les rend accessibles.
Vivez-vous dans une mini-maison avec un caniche nain ?
Ha ! ha ! Non, mais j’avoue que mon mode de vie est assez minimaliste. J’ai peu de possessions… sauf dans ma petite cuisine !
Sonia Rivest, Collectionneuse d’art miniature
Il y a presque 30 toiles dans la salle à manger de Sonia Rivest, mais celle-ci jure que les murs n’ont pas l’air encombrés. Il faut dire que les tableaux de cette propriétaire d’un club de golf du Témiscamingue ne dépassent pas 7,5 cm par 12,5 cm.
Quand avez-vous commencé à acquérir des miniatures ?
En 1992, lors de la première Biennale d’art miniature du Témiscamingue [une exposition de toutes petites œuvres d’art contemporain qui a lieu tous les deux ans à Ville-Marie]. C’était complètement nouveau pour moi et j’ai eu un coup de cœur. Depuis, j’achète des œuvres à chaque édition, dont huit cette année ! Parfois, j’ai de la misère à me retenir.
De quoi se compose votre collection ?
De peintures, d’estampes, de dessins et de quelques sculptures. J’en ai environ 45, en plus d’en avoir donné une douzaine à mes enfants. Ça fait de belles surprises dans un bas de Noël !
Pourquoi opter pour des formats réduits ?
C’est sûr qu’on peut en collectionner beaucoup sans être envahi ! En plus, leur prix n’est pas exorbitant. J’ai payé mes œuvres entre 7 et 700 $. Mais la beauté des miniatures, ce sont tous les détails qui se retrouvent dans d’aussi petites pièces. C’est tellement impressionnant. C’est extraordinaire !
Regardez-vous vos toiles avec une loupe ?
Ah oui, c’est certain !
À part leur taille, qu’est-ce qui les relie ?
Je me suis bâti quelques sous-collections autour de thèmes qui me rappellent l’un ou l’autre de mes enfants. Cela dit, je fonctionne au coup de cœur. Mes goûts sont éclectiques. La seule chose qui est constante, c’est que toutes mes œuvres sont encadrées exactement pareil.
Mathieu Delisle, Modéliste ferroviaire
Dans une pièce annexée à sa chambre à coucher, Mathieu Delisle, père de famille de 38 ans, fait vivre un petit réseau ferroviaire avec ce que ça prend de wagons, de bâtiments et de végétation. Son fun ? Magasiner les locomotives, créer de la rouille avec son « kit » de paint brush, confectionner des arbres… Bref, inventer un monde.
Êtes-vous tombé dans les trains quand vous étiez petit ?
Ma mère m’a raconté qu’à 5 ans, je courais derrière celui qui passait en face de chez nous ! Mais jusqu’à 16 ans, j’ai surtout joué avec des blocs Lego. C’est seulement à 18 ans que ma passion pour les chemins de fer a décollé, quand des amis m’ont montré leurs maquettes dans leur sous-sol.
C’est quoi, le « trip » d’un modéliste ferroviaire ?
À tort, les gens pensent que c’est de faire rouler des trains. En fait, le plaisir, c’est d’exprimer sa créativité ! Comme modéliste, tu bâtis ton monde, de la manière dont tu te le figures. Par exemple, certains reproduisent en maquette l’histoire de leur ville. Moi, je m’inspire de la période des années 50 à aujourd’hui. D’autres créent des décors ancrés dans l’époque du train à vapeur.
Et dans votre univers, vous mettez aussi des personnages ?
Oui ! J’ai même fait faire sur mesure un bonhomme qui me représente. C’est lui qui est aux commandes de la locomotive !
Combien de temps consacrez-vous à votre réseau chaque semaine ?
Le soir après le travail, j’embarque là-dessus de deux à quatre heures. La fin de semaine, j’y passe la journée. C’est sept jours sur sept.
J’imagine que vous n’êtes pas près d’arrêter…
J’espère continuer pour un autre bon 30 ans ! Faut dire que j’ai dessiné au-delà de 200 plans de maquettes que je voudrais réaliser. Ça va me prendre plus qu’un appartement !