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Des fesses et des couilles

Par
André Péloquin
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Quel timing! Alors que nos colocataires d’en bas se débauchaient pour souligner le Mardi Gras, les fesses de la blonde de Jean Barbe faisaient jaser les médias locaux et deux artistes d’ici affichaient fièrement leurs couilles en ligne. Impossible de trancher entre les deux sujets! Un diptyque très « olé, olé » s’impose…

Une histoire de fesses et de coups de pied au cul

Tout d’abord, un bref rappel des faits : dans la soirée de lundi, l’auteur Jean Barbe se choque après avoir visionné une vidéo montrant des policiers rentrant dans le lard d’étudiants occupant la Bourse de Montréal. Si vous n’avez pas déjà vu ce montage, sortez le mais soufflé et votre indignation, car le voici…

Ainsi, Barbe – le courroux scotché à onze – tenait à souligner sa colère devant cette démonstration musclée… et avec raison! Après tout, on ne parle pas de syndiqués de la construction, ni de dangereux criminels ou des fans des Bruins, mais bien d’étudiants universitaires : des gosses qui – à moins de se retrouver dans l’arène d’un tournoi d’impro – demeurent plutôt pacifiques.

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Accusant le ministre Bachand – qui cautionnait, en quelque sorte, la force utilisée par les policiers en prétextant que bloquer le centre-ville était inacceptable (pourtant, y’a des fuckin’ cônes oranges qui ankylosent ce pâté de béton depuis des mois et personne ne leur fout des coups des matraques, mais bon) -, l’auteur de Comment devenir un ange et Comment devenir un monstre est devenu, l’espace d’un moment, une énigme en suscitant des histoires de pognages de fesses à Paris sur les réseaux sociaux. Voici la citation en question…

« C’est Raymond Bachand qui a dit que bloquer un centre-ville était inacceptable? Bachand, tu te souviens quand tu as essayé de pogner les fesses de ma blonde, à Paris, quand tu étais soul? Tsé, pendant le party de la première de Notre-Dame-de-Paris? C’était inacceptable. Je t’ai pas vargé dessus avec une matraque. Prends note, stp».

Puis en fin de journée hier, il allait finalement retirer ses paroles, prétextant que « pogner des fesses » est une expression comparable à « saoul, collant, pas très élégant ». Ouais, disons…

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Ce qu’on doit toutefois retenir de cette histoire, c’est qu’à défaut d’avoir du sens, la sortie de Barbe aura permis à cette vidéo d’être diffusée et de dévoiler, une nouvelle fois, les tares de la formation policière d’aujourd’hui.

Loin de moi l’idée de m’improviser stratège en techniques et tactiques policières (malgré ma grande expérience à Grand Theft Auto), mais les récents déboires du SPVM (l’intervention de jeudi dernier dans le quartier Hochegala-Maisonneuve face à un homme apparemment suicidaire, la mort de l’employé d’hôpital tué par balle perdue l’été dernier lors d’une intervention contre un sans-abri – mort lui aussi – alors qu’il éventrait des sacs d’ordures dans le centre-ville et l’intervention à la station Bonaventure de janvier dernier où un autre sans-abri a perdu la vie) démontrent, à mon humble avis, que les corps policiers sont mal formés et/ou mal équipés pour exercer leurs fonctions lorsqu’ils se frottent à des individus aux comportements imprévisibles.

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Pire encore, les échos de mobilisations récentes (autant ici qu’en Californie, par exemple) laissent croire qu’un cours de perfectionnement – ou deux… ou neuf – pour maîtriser des manifestants serait aussi de mise.

Non seulement c’est un peu (beaucoup?) « barbare » de disperser une foule faisant valoir – haut et fort, mais surtout sans violence – leur point de vue sur l’augmentation des frais à venir de la sorte, c’est surtout très con de faire preuve d’autant de violence auprès de ces futurs docteurs, avocats et commis de clubs vidéo de répertoire (je le sais, j’ai étudié moi aussi en études cinématographiques à l’Université de Montréal). Venez-vous vraiment de foutre un coup de bâton dans les côtes de la fille ou du gars qui pourrait potentiellement te faire ton examen de la prostate dans quelques années, monsieur l’agent? Devant des caméras en plus!? Braaaaavoooo!

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Oh, et dernière conclusion qu’on peut tirer de cet épisode : Pognage de fesses à Paris ferait un excellent titre de livre cochon. Je te le laisse, Jean!

Des couilles grosses comme des maisons!

Puis, sûrement inspirés par les fesses de la blonde de Barbe, les bédéistes Alexandre Fontaine Rousseau et François Samson Dunlop allaient faire monter la température d’un autre cran en sortant leurs baloches de leur « skinny jeans » à la vue de tous et, mieux encore, au nom de la culture. Juré craché!

Dans une lettre ouverte précédée d’une BD revenant sur la petite histoire des grandes trahisons punk rock, les auteurs d’œuvres célébrées, mais toujours méconnues (dont le fameux Pinkerton qui a déjà séduit plus d’un lecteur), refusaient poliment une entrevue au Journal de Montréal, faisant valoir que certaines démarches de Quebecor – comme les chroniques psychédéliques de Nathalie Elgraby-Lévy et les interventions de la délicieuse Krista Erickson sur Sun TV News – nuisent au financement public de la culture.

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Bien sûr, on pourrait indiquer que Quebecor finance tout de même le projet Éléphant et de plus en plus d’artistes plus ou moins « indés » collaborent à Star Académie, mais le geste demeure : alors que les plateformes pour les artistes se font de plus en plus rares selon certains observateurs, deux artisans émergents du neuvième art viennent de tourner le dos au plus grand quotidien en Amérique du Nord… par principe! Pas les Loco, ni les Cowboys et autres vieux ratichons de l’engagement, oh non! Deux gars talentueux avec trop de noms de famille!

Alors qu’on espère que d’autres portes s’ouvriront pour le duo dynamique, on ne peut s’empêcher de se demander qui emboîtera le pas maintenant. Quels artistes monteront aux barricades de la sorte pour protéger leurs sous?

En attendant, chapeau bas les gars!

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Pour suivre André sur Twitter : twitter.com/andredesorel

Pour suivre André dans la vraie vie : j’suis dans le salon avec un chandelier pis j’t’attends!