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Des diplômés de l’ITHQ traversent la tempête
Être un bon gestionnaire, ça aide à se revirer sur un dix-cents. Surtout pendant une pandémie mondiale…

URBANIA et l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) s’associent pour vous raconter le parcours de trois diplômés qui ont su s’adapter pour faire survivre leurs entreprises à la COVID-19.
On le sait, la pandémie et les confinements qui l’ont accompagnée ont durement frappé les restaurateurs et l’industrie touristique. Au-delà des repas pour emporter et de la mode du staycation, de nouvelles initiatives pilotées par des diplômés de l’ITHQ ont émergé de ce contexte sanitaire sans précédent. Leurs points communs : une soif d’innovation, pas mal de débrouillardise et de bonnes qualités de gestionnaire acquises pendant leur formation.
FRÉDÉRIQUE SAVARD – VOYAGES GRAND V
Frédérique Savard pensait déjà à sa semi-retraite. Après avoir accompagné trois groupes de voyageurs en 2019 tout en gérant Voyage Grand V, son « agence de souvenirs » qui crée des périples uniques pour une jeune clientèle avide de tourisme nouveau genre, la diplômée de la Technique de tourisme de l’ITHQ souhaitait profiter de 2020 pour poser ses valises. « Je ne peux pas faire évoluer mon entreprise quand je suis occupée à jouer à Loup-Garou dans le désert du Maroc », raconte-t-elle avec un grand rire.
En plein cœur des bouleversements du mémorable mois de mars 2020, un seul objectif s’imposait : ne pas faire faillite.
Si la jeune femme souhaitait un ralentissement, le virus lui aura plutôt imposé un arrêt complet. L’agence dont elle est copropriétaire aura eu le temps de faire découvrir les plages de sable blanc de la Thaïlande et les montagnes en pain de sucre du Vietnam à ses groupes au début de 2020, mais la pandémie de COVID-19 a eu raison des périples prévus en Colombie, au Pérou, au Portugal et en Espagne. En plein cœur des bouleversements du mémorable mois de mars 2020, un seul objectif s’imposait : ne pas faire faillite.
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Heureusement, Frédérique Savard prend toujours la peine de faire des réservations remboursables. Sans bureau ni employés à payer, puisque ses guides sont des travailleurs autonomes, et ayant pu rembourser chaque, Voyage Grand V a émergé des turbulences sans trop d’égratignures. Mais Frédérique Savard, elle, était toujours clouée au sol…
Qu’à cela ne tienne. Les aéroports étant fermés, l’entrepreneure a vite conçu un nouveau projet, celui du Chaise Pliante Tour, une série de spectacles d’humour pilotés par Charles Pellerin et présentés l’été dernier sur des terres agricoles du Québec. À bord d’un autobus scolaire, les membres du public se rendaient sur un lieu de spectacle champêtre où on leur servait blagues et barbecue. Rire un bon coup sur sa chaise pliante, un verre de cidre à la main, a certainement fait beaucoup de bien à une foule de gens en manque de divertissement, et a permis à Frédérique Savard de traverser correctement cette année hors du commun.
«Je pense que ce qui m’a servi, c’est d’être débrouillarde et organisée.»
Passer des dunes de sable aux champs de fraises s’est fait tout naturellement. « Je pense que ce qui m’a servi, c’est d’être débrouillarde et organisée. J’ai dû apprendre à le devenir, parce que je suis le genre de personne qui oublie tout! », dit celle qui s’est aussi lancée dans la photographie.
Frédérique Savard ajoute la patience et l’écoute à la liste des qualités des bons gestionnaires, en plus d’autres outils acquis lors de son passage à l’ITHQ, comme une compréhension de la comptabilité, du marketing et des communications. Elle retient aussi les stages, comme celui où elle a perfectionné son anglais dans un Club Med pendant quatre mois. Apprendre les deux pieds dans le sable : il y a pire!
SOLÈNE APRIL – HÔTEL UNIQ
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Solène April a vécu dans son sac à dos. « J’ai même de la misère à signer un bail! Je suis toujours en sous-location, prête à partir », dit en rigolant la diplômée du Baccalauréat en gestion du tourisme et de l’hôtellerie UQAM-ITHQ. Victime du syndrome de la bougeotte, la jeune entrepreneure sillonne le globe depuis ses 18 ans, de l’Australie à l’Amérique du Sud. Sa formation l’a bien servie : en plus de faire ses classes à l’Hôtel William Gray de Montréal, où elle a été tour à tour serveuse, capitaine de banquet et maître d’hôtel, elle a pu poser ses valises à Barcelone pendant un an et réaliser son stage final en restauration au Mexique.
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C’est d’ailleurs lors d’un voyage au Pérou que cette passionnée de gastronomie, qui a aussi une formation en diététique, a commencé à faire l’ébauche d’un projet qui lui permettrait de fusionner son amour de l’alimentation, du tourisme et des gens. Nomade dans l’âme, Solène April a naturellement imaginé un hôtel voyageur. « Ma partenaire, Myriam Corbeil, et moi voulions répondre au manque d’hébergement en événementiel. C’est comme ça qu’on a eu l’idée des Unités nomades insolites québécoises, qu’on a baptisées Hôtel UNIQ », raconte-t-elle.
À défaut d’accommoder les festivaliers les plus douillets, leurs tentes de glamping ont trouvé un autre environnement, tout aussi naturel : les parcs régionaux.
À un poil d’obtenir leur financement, après avoir eu des discussions fructueuses avec des événements comme Le Festif, les deux entrepreneures ont vu leur projet d’été tomber à l’eau à cause de la pandémie. À défaut d’accommoder les festivaliers les plus douillets, leurs tentes de glamping ont trouvé un autre environnement, tout aussi naturel : les parcs régionaux. Tout au long de l’été, l’Hôtel UNIQ a planté ses piquets du lac Saint-Jean aux Jardins de Métis, offrant notamment des retraites d’entreprise et des activités conçues en partenariat avec des acteurs locaux, comme la visite d’une ferme de caribous. Grâce à sa cuisine commune respectueuse des normes sanitaires et à son feu de camp autour duquel écouler les soirées de juillet, le campement UNIQ a offert un équilibre parfait entre intimité et communauté.
Dans cette aventure au contexte exceptionnel, Solène a dû apprendre sur le tas à bien communiquer ses attentes, à faire preuve de discipline et d’organisation et à se faire confiance. « Avant, j’essayais aussi de réprimer mes émotions, mais je suis une grande émotive. Maintenant, je les canalise et je fais ce que mon cœur me dicte. Je pense que c’est une bonne qualité de gestionnaire », avance-t-elle.
Son cœur l’a d’ailleurs surprise : celle qui affirmait ne jamais vouloir revenir vivre au Québec est retombée amoureuse du fleuve et des forêts, comme bien d’autres voyageurs de son âge cette année. En plantant les tentes UNIQ aux quatre coins de la province l’été prochain, elle espère contribuer encore plus au rayonnement de notre territoire, question qu’on apprenne à mieux le connaître et l’apprécier.
CAMILO LAPOINTE NASCIMENTO – MENU EXTRA
«Un bon cuisinier qui aime son métier et qui est habitué à tout donner pour devenir le meilleur est incapable de rester assis à ne rien faire pendant que ses frères et sœurs restauratrices souffrent»
« Un bon cuisinier qui aime son métier et qui est habitué à tout donner pour devenir le meilleur est incapable de rester assis à ne rien faire pendant que ses frères et sœurs restauratrices souffrent », martèle Camilo Lapointe Nascimento, diplômé du programme Cuisine et gastronomie de l’ITHQ. Si la pandémie a gâché le projet qu’entretenait le gagnant de la huitième saison de l’émission Les chefs! d’ouvrir son propre restaurant, il s’est vite retroussé les manches pour concevoir un projet culinaire pandémique-friendly. Ainsi est né Menu Extra, une initiative culinaire nomade conçue avec le chef Francis Blais, qui a raflé les honneurs au concours Top Chef Canada, le directeur créatif Martin Pariseau et Alexis Demers, ancien sommelier au Mousso.
Les gars de Menu Extra ont investi les cuisines de restaurants montréalais deux dimanches par mois au cours de l’été, proposant un menu pour emporter réconfortant comprenant du hot chicken, des pogos et des plats BBQ. « On a créé ces événements-là pour ramasser de l’argent qui permettrait de payer les frais fixes des restaurants et pour redonner à des causes qu’on trouvait importantes. Francis et moi, on a bénéficié d’un petit boost de visibilité, alors on s’est dit qu’on allait l’utiliser à bon escient », explique Camilo Lapointe Nascimento. La friture a rapporté : ce sont 30 000 $ que l’équipe a réussi à redonner à des organismes comme Native’s Women Shelter of Montreal grâce à son travail bénévole.
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Le caritatif n’était toutefois qu’une des facettes de Menu Extra, qui a aussi voulu concevoir une offre haut de gamme. Même si la deuxième vague de la pandémie a forcé l’annulation de leurs événements de l’automne, les passionnés de cuisine ont eu le temps de tenir des soirées gourmandes dans les vignobles comme Les Pervenches, à Farnham, et Fragments, à Ripon. Les cuistots ont aussi offert des menus gastronomiques pour emporter, question que leur clientèle puisse avoir une touche de magie culinaire à la maison.
«On devait se réinventer 17 fois par mois et moi, j’ai dû faire le switch entre être le cuisinier qui travaille pour quelqu’un et être le propriétaire.»
En faisant ses menus allant du pogo au pithiviers, Camilo Lapointe Nascimento a beaucoup appris sur le tas. « J’étais toujours sur la pointe des pieds, prêt à réagir à ce qui s’en venait. On devait se réinventer 17 fois par mois et moi, j’ai dû faire le switch entre être le cuisinier qui travaille pour quelqu’un et être le propriétaire. Avant, je ne faisais pas toujours attention quand mon boss me disait que certains trucs coûtaient cher, mais maintenant, je comprends! », lance-t-il.
Menu Extra est temporairement installé dans un local du boulevard Saint-Laurent. Si l’équipe rêve toujours d’un restaurant gastronomique, elle continuera de louer des cuisines au cours des prochains mois, question de s’adapter à un contexte encore changeant. L’esprit de Camilo, de Francis, de Martin et d’Alexis bouillonne toujours de mille idées, comme en font foi ces cours de cuisine en ligne qu’ils offriront dès le 16 janvier aux épicuriens confinés et les événements qu’ils comptent déjà tenir en plein air l’été prochain. Après une année passée à éteindre des feux, Camilo Lapointe Nascimento ne semble pas vouloir éteindre celui de sa passion.
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