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Le monde est déprimé, l’école est annulée, les gens sont masqués, c’est l’hécatombe dans les CHSLD : non vraiment, il faut faire preuve d’un jovialisme presque suspect pour trouver que la vie est trépidante présentement.
Mais s’il faut absolument chercher une raison de sortir de notre léthargie pandémique, disons que la seule file d’attente qui vaut la peine de se farcir s’étire devant les nombreuses crémeries, rares safe space, où l’instant d’une molle/vanille trempée dans le chocolat on peut mettre momentanément la fin du monde sur hold.
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Et avec la fermeture des bars, la mort des festivals et la météo bipolaire (de la neige en mai, vraiment? ) les crémeries sont aussi le seul moyen de nous rappeler que le printemps n’est pas complètement à l’eau.
Bref plus que jamais, ces temples dédiés au blizzard Oreo s’illustrent comme étant LA destination bonbon de l’heure, comme un gros pansement calorifique.
Nous sommes allés visiter quelques-uns de ces services excessivement essentiels, où les anges gardiens du milkshake banane-chocolat (avec une vraie banane là, pas des essences artificielles de chnoute ) sont en première ligne pour donner des coups de pied dans les gosses de la COVID-19.
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Avant le cornet
« Ce n’est pas notre première. On essaye d’y aller régulièrement », souligne Julie, flanquée de sa fille Sophie (et son aînée adolescente qui ne veut évidemment pas apparaître en vedette dans ce reportage choc). La maman était en file à la succursale Dairy Queen de l’avenue du Parc avant d’aller marcher au parc du Mont-Royal juste à côté. Un peu de réconfort après les mauvaises nouvelles qui s’abattent à la chaîne. D’abord les vacances prévues au Nouveau-Brunswick qui tombent à l’eau, puis l’école reportée en septembre.
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Après le cornet
Qu’importe, leurs sourires sont revenus comme par magie dès que le gérant Peter leur a tendu une molle trempée dans le chocolat et un Blizzard. « Les gens sont vraiment plus de bonne humeur que d’habitude », constate l’homme de six pieds six pouces, qui roule à deux fenêtres au lieu de quatre pour respecter les mesures de distanciation.
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Laurent et Marie aussi profitent du beau temps pour s’offrir leur première friandise glacée (god que je déteste cette expression, ex aequo avec «se sucrer le bec»). Le jeune couple s’est gentiment livré à un peu d’introspection autour d’un sundae vanille-chocolat. « J’ai réalisé que j’allais vite avec le travail, l’école, les sorties. Pour la première fois, j’ai pris du temps, une sorte de pas de recul », philosophe Marie, en couple depuis quatre mois avec Laurent, dont deux en confinement. Jusqu’ici, le duo semble passer le test.
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Une belle sortie de famille se déroule au même moment à quelques mètres plus loin, avec Henri, Constance, leur mère Mélanie et leur grand-maman Monique. Cute de les voir manger leur «crème à glace» sur un muret de ciment, en maintenant naturellement une distance 2020 « C’est la troisième fois qu’on vient. On va venir encore plus souvent avec la fermeture des écoles », analyse Mélanie, pendant que Constance cherche un moyen de boire sa slush bleue avec son masque.
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Le bonheur total chez Monsieur Bo-Bec
Une bonne file s’étire sur le trottoir menant à la crèmerie Bo-Bec, rue Laurier. Une file qui se rend parfois jusqu’au boulevard Saint-Joseph, précise Gilles Prud’homme, qui gère son populaire comptoir depuis 30 ans. « Ici, c’est le bonheur total. Tout le monde est content que ça soit ouvert », raconte le marchand, qui a adapté son magasin au goût du jour avec Plexiglas, lavabo obligatoire à l’entrée et un nombre restreint de clients admis à l’intérieur.
Justement, une fillette trépigne au même moment dans le cadre de porte en attendant son tour. « Il y a parfois 55 minutes d’attente et les gens gardent le sourire. Les enfants font de beaux dessins d’arc-en-ciel pour monsieur Bo-Bec! », lance l’enjoué monsieur moustachu.
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Dehors, Sarah et Allan profitent aussi de ce comfort food réfrigéré, une façon de combattre la morosité ambiante. « C’est la peur des autres qui est anxiogène », croit Sarah, qui inaugure officiellement l’été avec une molle trempée dans le chocolat, une « valeur sûre », note-t-elle.
À la porte, Romy est assurément la cliente de l’année, elle qui enfile son masque en allant commander, « par respect pour les employés ». Il s’agit sinon pour la jeune maman d’une première sortie en famille depuis quatre mois ET d’une façon de souligner les 34 ans de son conjoint Guillaume. « Le virus est là pour rester, je crois que c’est ça le nouveau normal. Il faudra faire preuve de résilience », croit Romy, une entrepreneure de la chaussure en congé de maternité. Quin, en veux-tu de l’encouragement local, en v’là!
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Elle ajoute être bien consciente de leur privilège de vivre le confinement en famille et de pouvoir profiter de leur balcon.
Dans sa poussette, le petit Léonard est bien tranquille, encore indifférent au fait que ses parents tout neufs mangent quelque chose qui goûte pas mal meilleur que la purée aux carottes. « On aimerait quand même ça s’ennuyer l’un de l’autre un peu », admet Romy, avouant ici publiquement vouloir un break du pourtant si gentil Guillaume. Le jour de sa fête en plus. « Des fois, elle me chasse et je vais faire un tour de char », soupire le pauvre jeune papa, à qui l’équipe d’URBANIA aimerait souhaiter bon anniversaire pour racheter la cruauté (!) de Romy.
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À la Diperie sur l’avenue Mont-Royal, c’est plutôt tranquille en milieu d’après-midi. « On a ouvert plus tard que d’habitude, au début mai. Les gens sont super respectueux et savent qu’il faut attendre dehors et entrer un à la fois », souligne l’employée Marilyn, pendant qu’une petite famille fait le pied de grue devant la porte. « Je pense que ça va être long avant le retour à la normale », raconte la jeune femme, qui doit porter un masque puisqu’elle ne peut pas être à deux mètres de distance de sa collègue derrière leur comptoir.
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Comme ailleurs, la Diperie s’adapte et fait même de la livraison (que l’on souhaite rapide pour des raisons évidentes) dans le quartier. Inspiré et d’un naturel généreux, j’en profite pour apporter quatre bols de choco-bananes avec des petits bonbons «arc-en-ciel» à mes collègues confinés au bureau tout près.
Un franc succès. C’est même la première fois que mes boss Raphaëlle et Barbara se montraient aimables, comme en témoigne cette photo prise à mon retour.
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Le pouvoir absolu de la crème à glace dans toute sa splendeur.