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On peut triper sur les sportifs, les geeks, les musiciens, les manuels, les pas fins, les super doux et sur mille autres archétypes. Je flanche généralement pour des auteurs. J’ignore pourquoi, mais les mots ont un fort pouvoir érotique sur ma personne (surtout “glossaire”).
Je me ramasse donc avec des gens légèrement sombres et profondément créatifs.
Ce qui peut générer des side-projects de couple étranges. L’un d’eux m’est revenu en tête, il y a quelques jours. C’est qu’un homme a mis une photo de sa femme sur Reddit. Une photo de sa femme vêtue de son “Don’t fucking touch me, I’m on my period” outfit.
Oui! Cette dame a un code: “quand je porte deux affreux pyjamas douillets l’un par dessus l’autre, c’est que je suis menstruée et que je n’ai pas du tout envie d’être touchée”. Le post est rapidement devenu viral, engendrant une intéressante conversation : des femmes ont révélé quels vêtements elles enfilent pour signaler à leur partenaire qu’elles préfèrent qu’il se tienne loin, d’autres ont tenté de décrire l’ampleur de leurs crampes menstruelles (j’irais personnellement avec quelque chose comme : ciel, pourquoi un crisse de gros rotoculteur me déchire-t-il l’intérieur ?) et certaines ont plutôt affirmé que leurs menstruations rendaient la sexualité encore plus agréable.
Ce qui m’amène à ce vieux projet qu’un ancien partenaire amoureux et moi avons entretenu : le site fourrermenstrue.com.
Notre mission allait comme suit: “Fourrer menstrue est un recueil de propositions photographiques et littéraires portant sur les possibilités qu’offre l’hypermenstruation aux individus modernes pratiquant la sexualité. Ces avenues clairement détaillées mettent en perspective une riche étude de terrain menée par deux auteurs. Dans une démarche altruiste et scientifique, il s’agit de poser les vraies questions, les bonnes, aux intervenants du milieu de la menstruation, tout en offrant un éventail d’outils et de stratégies pour une sexualité améliorée.”
On a cessé de payer le nom de domaine quand on s’est séparés, donc vous ne pourrez malheureusement pas lire toutes les perles qu’on a pondues dans notre audacieuse quête. Reste qu’on a appris certaines choses que j’ai envie de partager (parce que, ça ne date pas d’hier, je suis obsédée par les menstruations).
Saigner et jouir
Ce n’est pas un secret : les changements hormonaux causés par les règles peuvent augmenter la libido d’une femme. Dans certains cas, la région pelvienne devient encore plus sujette au plaisir, cette période la rendant particulièrement sensible. Et pas besoin d’un dessin pour comprendre que niveau lubrification, tout roule. Physiquement, il y a donc des raisons d’aimer faire l’amour menstruée, mais elles ne se révèlent pas à toutes.
Des fois, la douleur est si grande que la seule idée d’être touchée nous donne envie de kicker des affaires. C’est légitime de s’enrouler autour d’un sac magique en hurlant “POURQUOI MOI ?”. C’est légitime de se lever en plein restaurant pour crier “J’M’ENDURE PUS, VINGT PIASSES À CELUI QUI M’ARRACHE LES OVAIRES”.
Au fond, on fait bien ce qu’on veut avec nos menstrues. Les transformer en joutes sexuelles ensanglantées ou en semaine sans visite? Notre choix.
La porno menstruée
Un jour, j’ai décidé de m’intéresser à la porno féministe (un hobby comme un autre). La porno dite féministe est vaste et l’un des créneaux qu’elle exploite est justement la sexualité en période de règles. L’internaute curieux peut rapidement trouver des vidéos de femmes qui se masturbent durant leurs menstruations, qui tiennent un journal de bord menstruel ou qui jouent aux fesses en groupe sur des sites comme Erotic Red.
Je vais l’avouer : quand j’ai appris que le fétichisme des menstruations était vraiment “a thing”, j’ai été dérangée.
Difficile pour moi de concevoir qu’un mal qui m’afflige chaque mois puisse exciter qui que ce soit. Or certaines personnes sont à la recherche active de partenaires sexuelles menstruées et la ménophilie est un culte dont on discute largement sur certains forums virtuels ! D’ailleurs, depuis quelques années, un débat existe autour des racines de ce fétichisme. On parle entre autres d’une façon de prouver une supériorité, une absence de dégoût frôlant l’ultime ouverture. Si le sujet vous intéresse et que lire en anglais est une de vos passions, allez faire un tour sur le site du New York Magazine!
La semaine de la pipe
J’adore aborder le sujet menstruel. Avec tout le monde, tout le temps. Ce qui fait qu’au fil des ans, j’ai reçu mon lot de confidences sur la sexualité et les règles. Puis il y a une chose qui me choque encore, à ce jour : on est un shitload à avoir entendu les phrases suivantes…
“Tu saignes ? Bouuuuh !”
“T’en as encore pour combien de jours ?”
“Ben là! Moi, j’avais envie de faire l’amour…”
Tâter et se faire tâter, c’est un choix.
Une femme – menstruée ou non – ne peut pas obliger son ou sa partenaire à la toucher. Un homme ne peut pas exiger de faveurs sexuelles de la part d’une femme – menstruée ou non (ni de qui que ce soit, d’ailleurs). Je pense qu’on est pas mal d’accord là-dessus.
Sauf que messieurs ! De grâce, si le choix a été fait de ne pas vous approcher d’un sexe ensanglanté, ne nous donnez pas l’impression que votre corps est en peine et que nous sommes en charge de votre plaisir. Ne nous donnez pas l’impression que nos règles sont pour vous un fardeau. Ne nous donnez pas l’impression qu’une semaine par mois, on doit se concentrer sur votre unique plaisir à défaut de vous accueillir entre nos cuisses.
Pour vrai, la semaine de la pipe, ça devrait être un choix enthousiaste et consenti. Pas un prix de consolation offert par un être qui se sent coupable d’avoir un endomètre.
Merci.
Depuis que j’ai créé le site fourrermenstrue.com…
- Je cause des malaises en parlant de mon passé d’auteure dans les soupers de famille.
- J’ai l’objectif de parler de mes menstruations dans tous les grands médias québécois.
- Je laisse trainer ma diva cup sans la moindre gêne. Partout. (Mais en ce moment, je la porte.)
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Pour lire un autre texte de Rose-Aimée Automne T. Morin : “Depuis que j’ai achetée une pôle “de danseuse”