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Demain tous pucés? Bienvenue dans le futur

L’ère des implants ne fait que commencer.

Par
Wilfried Devillers
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Devenir immortel, et puis mourir. Depuis quelques années les progrès de la science ouvrent de nouvelles perspectives à un vieux rêve transhumaniste : faire de l’être humain un cyborg aux capacités « augmentées », et toucher du doigt l’immortalité. Progrès, danger ou science-fiction ? Du développement de nouveaux implants pour augmenter notre mémoire aux exosquelettes contrôlés par la pensée où en est-on en 2018 ?

Voilà près de trente ans que chirurgiens et neurologues partent à l’aventure dans notre cerveau et recourent régulièrement à la stimulation cérébrale profonde pour soulager certaines maladies telles que la maladie de Parkinson. Implanter des électrodes dans le cerveau pour en stimuler l’activité, ça on sait faire depuis longtemps. Mais avec les avancées technologiques des dernières années et la miniaturisation des puces, les champs d’applications des implants cérébraux se sont considérablement élargis. Aujourd’hui on ne parle plus simplement de soigner mais d’améliorer, d’augmenter, de développer de nouvelles capacités, voir de nouveaux sens.

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La nouvelle religion de la Sillicon Valley

En matière d’Interface Cerveau-Machine (ICM), les perspectives sont telles que l’idée d’un humain augmenté est devenue la nouvelle lubie du monde de la tech et que le gros des investissements dans le domaines passe par la vallée la plus emblématique de Californie. Tous les grands noms de la Sillicon Valley y vont ainsi de leurs projets transhumanistes, dans l’espoir inavoué de vaincre la mort.

Au printemps 2017 -lors de sa grand messe annuelle, le F8- c’est Mark Zuckerberg et Facebook qui rentraient dans la danse en annonçant que le très secret laboratoire Building 8 planchait sur la création d’une puce capturant l’activité cérébrale pour retranscrire directement du texte sur ordinateur.

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Nous sommes en 2013, le jeune multimillionnaire Bryan Jonhson revend sa plateforme de paiement électronique Braintree pour 800 millions de dollars et décide de placer ses billes dans le business des neurotechnologies. En 2016 il investit 100 millions de dollars pour lancer l’entreprise Kernel avec un objectif : la création d’un implant cérébral capable d’augmenter notre mémoire et nos capacités cognitives. Il se prend même à rêver de développer un implant capable de télécharger connaissances et compétences directement dans notre cerveau, Matrix-style. Le défi est de taille. Trop important même pour la petite start-up qui se rabat au bout de quelques mois sur des objectifs plus réalistes à court-terme : le développement d’une puce pour lutter contre certaines maladies dégénératives telles que la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson. Bryan Jonhson semble en tout cas certain d’une chose : la démocratisation des ICM s’en vient, et bien plus rapidement qu’on ne le pense.

Au sein de la vallée californienne, l’entrepreneur n’est pas seul à vouloir sa part du gâteau transhumaniste. Au printemps 2017 -lors de sa grand messe annuelle, le F8- c’est Mark Zuckerberg et Facebook qui rentraient dans la danse en annonçant que le très secret laboratoire Building 8 planchait sur la création d’une puce capturant l’activité cérébrale pour retranscrire directement du texte sur ordinateur. En clair ? Écrire par la pensée. Le développement d’un tel implant n’est pas vraiment inédit, cela fait même plusieurs années que des chercheurs travaillent sur des ICM permettant de contrôler par la pensée des actions simples via un ordinateur. Mais ce qui détonne du côté de la firme californienne, c’est que les chercheurs de son mystérieux labo de R&D affirment travailler sur une technique qui pourrait permette de retranscrire jusqu’à 100 mots par minute … alors que les dernières avancées en la matière tournent plus autour d’un petit 10 mots/minute.

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Enfin dans le petit monde de l’Interface Cerveau-Machine, on retrouve également Elon Musk qui s’est lancé dans le business de l’implant en créant Neuralink en mai 2017. Une entreprise dont l’objectif est d’augmenter nos capacités en créant un lien neuronal entre l’humain et la machine, rien que ça. Seulement voilà, plus d’un an après sa création, on se sait encore pas grand-chose des avancées du patron de Space X dans le domaine ni de ce qu’il compte vraiment faire avec ses puces. A l’entendre il s’agirait avant tout de mieux connecter l’Homme à son environnement, de ne pas se laisser distancier par la machine et l’intelligence artificielle.

Exosquelettes, une voie pleine de promesses

Loin des standards de la vallée et de ses entrepreneurs mégalos qui rêvent d’immortalité, de nombreux chercheurs travaillent actuellement sur d’autres voies de recherche en matière d’ICM. L’une des plus prometteuses est aujourd’hui celle des exosquelettes, ces structures robotisées qui assistent ou remplacent le squelette humain et les muscles. Au niveau médical, elle permettrait ainsi aux personnes paralytiques de retrouver en partie leurs capacités sensorielles et leurs facultés de mouvement. Direction la France où un laboratoire de recherche biomédicale grenoblois annonçait en mai qu’un jeune tétraplégique apprenait à remarcher à l’aide d’un exosquelette contrôlé par la pensée. Développé par le professeur Alim-Louis Benabid au laboratoire Clinatec, l’exosquelette fonctionne grâce à une puce directement implantée dans l’encéphale, l’enveloppe fibreuse du cerveau. En mesurant et décodant les activités électriques du cerveau, elle permet de transmettre en temps réel l’intention de mouvement à la machine, qui contrôle les quatre membres moteurs du porteur.

Nous sommes pour le moment bien incapables de comprendre comment fonctionnent les 86 millions de neurones qui composent notre cerveau. Difficile à l’heure actuelle d’expliquer le fonctionnement exact de la mémoire, de la créativité ou de l’imagination… encore plus d’enrayer le déclin de nos capacités cognitives grâce à une simple puce.

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Reste que si les progrès en matière d’implants sont indéniables au niveau médical, tout ces ambitieux rêves d’humains augmentés posent de nombreuses question éthiques et se confrontent au même obstacle scientifiques : nous sommes pour le moment bien incapables de comprendre comment fonctionnent les 86 millions de neurones qui composent notre cerveau. Difficile à l’heure actuelle d’expliquer le fonctionnement exact de la mémoire, de la créativité ou de l’imagination… encore plus d’enrayer le déclin de nos capacités cognitives grâce à une simple puce. La route est encore longue avant que l’on puisse un jour connecter notre cerveau au Cloud. En attendant, vous pouvez toujours faire comme nos amis suédois et vous implanter des puces sous-cutanée pour vos petits paiements quotidiens. Sinon pour la douche froide, remettez vous à Black Mirror.