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À chaque semaine, l’équipe Urbania lance un défi à ses lecteurs. Cette semaine, on voulait avoir vos pires histoires de vacances. Nous en avons reçu énormément; voici les meilleures!
En famille dans l’auto de police, par Marilaine Bolduc-Jacob
C’est la commotion dans le marché juste en bas. Le jour se lève et ça crie, ça court, ça s’énerve. De la fenêtre de notre hôtel miteux donnant sur le fleuve Yangxi, nous observons que l’eau a passablement monté pendant la nuit. Il est grand temps de partir de Chongqing.
Sur le trottoir, impossible de circuler. Toutes les marchandises du marché y sont empilées. Mon mari et moi tentons d’héler un taxi pour nous rendre à la gare, à l’autre bout de la ville. Nous sommes encombrés par la poussette, notre valise, nos deux sacs à dos… et le cercle d’une cinquantaine de curieux qui se dessine rapidement autour de nos enfants de quatre et trois ans.
Les taxis sont en très forte demande. Dans notre quête, l’attroupement nous suit pas à pas, bloquant une voie du boulevard. Des policiers tentent d’assurer la fluidité de la circulation. À notre passage, leur tâche se corse et leurs sourcils se froncent.
Montez dans le véhicule de patrouille, nous intime-t-on! Nous prenons place sur la banquette arrière, sans savoir où ça nous mènera. Un policier se glisse derrière le volant, active les gyrophares et joue de la sirène pour se frayer un chemin dans le trafic. Les gamins sont ravis. Nous sommes inquiets.
La route est longue, l’atmosphère est lourde. Puis, nous apercevons la gare! Sans un mot, le policier nous y dépose, nous aide à sortir les bagages, nous salue d’un sourire et repart sur-le-champ. C’est mus par un sentiment de liberté que nous avons quitté ce coin de la Chine!
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Sauf une fois au chalet… de qui? par Lau et son amie allemande
J’avais 15 ans et je faisais un échange étudiant au pays ou la bière vient en litre au McDonald : l’Allemagne!
J’ai appris à boire comme une vraie, sauf la fois au chalet. La soirée va comme suit : Nous étions dans un party au fin fond du village allemand dans un chalet et nous avions trop bu, genre vraiment trop. Bref, on a perdu la carte pis notre chemin. Ce dont je me souviens, c’est qu’à un moment donné, on est entrées dans la maison la plus proche pis on s’est couchées dans la première chambre qu’on a trouvée.
Au réveil, j’ai demandé à mon amie où nous étions, elle m’a dit que c’est moi qui savais… mais je ne savais pas. Autour de moi, il y avait des décorations médiévales et un cadre expliquant toute les sortes de condoms.
On a crissé notre camp. Le lendemain à l’école, on a essayé de trouver chez qui on avait dormi, on n’a jamais su. On ne le saura jamais pis, dans le fond, c’est peut-être mieux de même.
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SALUT! par Corinne Brousseau
Ma famille et moi voyagions beaucoup quand j’étais petite, en raison de notre éloignement géographique (Chibougamau) et parce que mon père était enseignant. Notre itinéraire était réglé au quart de tour et nous arrêtions toujours à la même station-service où mon père faisait le plein et où ma mère achetait les chips qui accompagnaient les sandwichs qu’elle avait préparés quelques heures plus tôt. Puis, nous repartions vers notre halte routière pour manger avant de reprendre la route. Évidemment, c’était aussi l’occasion pour mon frère et moi de faire une pause pipi, chacun avec son parent du même sexe. Plusieurs fois par année, pendant des années, rien ne changeait. Sauf la fois où…
En entrant dans les toilette de la halte (qui avaient toujours été d’une propreté irréprochable) nous avons eu la surprise de découvrir un message sur le mur. Un graffiti, nous saluant (SALUT!) écrit avec les doigts d’une personne qui avait intentionnellement choisi comme matière première ses propres excréments… Je n’ai jamais compris comment une personne en était arrivé à trouver que c’était une bien bonne idée…
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A Croatian Film, par Alexandra
Lors de notre arrivée à Split en Croatie, nous étions à la recherche de party, nous nous étions fait vendre la place comme l’endroit pour faire le party sur la plage, toute la nuit. Dès notre arrivée, on rencontre 3 Argentins, qui nous parlent d’un pub crawl: pour 15 euros, tu as un open bar d’une heure et tu fais la tournée de 3 gros bars de la ville. ON Y VA! Premier bar, bar open… Comme tout bon voyageur, on veut rentabiliser, donc on boit le plus de verres en le moins de temps possible… On part pour le deuxième bar, en marchant pas super droit…
Départ pour le dernier bar, celui sur la plage, avec la marina. Une fois dans ce bar je réalise que ça fait un méchant bout que je n’ai pas vu mes 3 amis… Je me dis: écoute, pas très grave, l’auberge est à 5 minutes… Dès notre entrée dans le bar je file au toilette, une mega file, comme dans toutes toilettes des filles. Dans l’attente, une fille me parle, petites questions habituelles de voyageurs. D’où tu viens? Tu es ici combien de temps? Avec qui? Ainsi de suite.. Elle qui me répond qu’elle viens de la Russie et est ici avec les amis de son chum. Elle m’invite à aller prendre un verre avec eux, je me dis pourquoi pas, les russes ça semble fêter fort… Puis de toute façon je ne trouve plus mes amis.. Alors, elle m’aggripe le bras super fort et me tire vers un deuxième étage (que je ne savais même pas qui existait) et me pousse dans un cercle de gars 2 fois ma taille et qui m’entourent… Tsé le moment où tu te dis WTF qu’est-ce que je fais ici? Ils me donnent un verre et me disent: Go bois! Mon réflexe de bonne petite fille, faire semblant, parce que vous avez pas idée à quel point ces gars étaient louches…
Puis là après un petit 5 minutes, je leurs dis qu’il faudrait vraiment que je retrouve mes amis… J’essaye de partir et la fille qui me dis très froidement: « Non tu restes! » À ce moment je stressais vraiment, parce qu’il faut dire qu’à cet étage il y avait personne d’autre. Après environ 15 minutes de malaises et de scénarios étranges dans ma tête, ils me disent qu’ils s’en vont dans leur bateau… Moi, toute heureuse, qui les remercie et qui me dis HOURRA! Et non…. Un des gars qui me dit: « Non, tu viens avec nous sur le bateau… »
On sort par la porte de côté et les gars me tiennent le bras et me montrent le bateau… Moi qui essaye de leur expliquer que je ne peux vraiment pas, que mes amis me cherchent… Rien à faire. Une fois sur le bateau, je vois le quai s’éloigner et je me dis bien merde, mon père c’est pas Liam Neeson, je vais mourir dans un cartel de femmes…. Puis là une autre chose me vient en tête: SAUTER! Je me dis qu’il y a peut-être des chances qu’il y ait des requins, mais écoute, rendu là, se faire manger par un requin semble plus attrayant que finir dans un bordel crade…
Quelques mètres, on est encore proche. Et hop je saute! C’est évident qu’eux ne s’attendaient pas à ça… Heureusement, à part me crier après ils n’ont rien fait…
La seule chose que je me dis: retrouve les gars… Je rentre dans le bar (toute mouillée évidemment) et je vois mes amis… Eux qui me regardent et qui partent à rire en me disant: qu’est-ce que tu as fais encore? Tu es tombée dans l’eau? Et moi qui réponds seulement: « J’ai sauté à l’eau… Je crois qu’on a essayer de me kidnapper… » Puis eux, comme tout bon ami en boisson, simplement réagir en riant….
Le lendemain matin mes amis qui me demandent sérieusement ce qui est arrivé… Ils croyaient que je niaisais la veille! Une chose qui est sûre, c’est que cette histoire est drôle car il n’est rien arrivé de grave, heureusement…
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Histoire de couchsurfing par Anonyme
On est donc deux amies qui sont allées à une conférence à Ottawa l’hiver passé. Pour sauver du cash sur l’hôtel, on a fait du couchsurfing chez un dude à Gatineau.
Arrivées chez lui, on voit bien qu’il est un peu spécial. Que sa soeur est aussi spéciale. Gentils, mais sp éciaux, tsé.
Ils nous ont fait à souper, on a jasé avec eux super longtemps; ils nous ont raconté leur enfance, comment leur ville natale a fermé quand la mine a aussi fermé.
Après le souper, notre hôte nous demande si on veut aller voir des endroits intéressants de Gatineau. Nous, en tant que fières Montréalaises, on se dit que ben oui, pourquoi pas, c’est pas parce que c’est au milieu de nulle part que c’est plate.
Sauf qu’il est 22h, en décembre, et qu’il fait noir; pas trop pratique pour le tourisme. On embarque dans le char du gars qui démarre. Il nous dit en pointant un endroit vague ”ça c’est telle école. Y’a quelques années ils ont retrouvé une fille morte ici, dans le bois”. Ah oui? J’avais envie de lui dire que c’était pas une super bonne anecdote quand on conduit deux filles qu’on connait pas autour d’une ville où il manque dramatiquement de lampadaires. Mais ok, il était spécial.
Mais là ça devient carrément apeurant quand il nous emmène dans le parc de la Gatineau. Je sais pas si vous savez, mais le parc de la Gatineau, c’est pas ”le parc Lafontaine de l’Outaouais”. C’est la forêt. La fuckin’ forêt. Pis il a conduit longtemps dans la forêt. Là c’était plus ok qu’il soit spécial. On s’en crissait vraiment.
Assez longtemps pour que je commence à capoter sérieusement et penser qu’on va mourir dépecées, en pièces, dans une mine. J’essaie de jaser avec le dude, histoire de le distraire de ses plans meurtriers et d’avoir l’air calme, pendant que je m’imagine lui taper la tête sur le volant pour l’assommer et crasher le char pour nous sauver au travers de la forêt. Ma chum, assise en arrière de moi, capote et pense que je suis complètement inconsciente du danger; elle fait des plans pour lui briser le cou par en arrière et nous sauver au travers de la forêt (on fait les même plans débiles, on est pas amies pour rien, tsé). On va même jusqu’à poster sur facebook notre position géographique en se disant qu’au moins, la police va retrouver nos corps. On en était là.
Éventuellement, on sort du parc. Saines et sauves; tétanisées sur nos sièges. Il nous ramène chez lui et nous dit qu’il va aller boire un café un Tim Horton’s avec sa soeur; on est donc seules chez lui. Dès qu’ils sont sortis, on a eu une sorte de mélange de melt-down émotionnel, de soulagement intense et de frustration envers notre comportement beaucoup trop inconscient. On tremblait, on pleurait, on s’est fait des embrassades de ”sti on est en vie!”.
On est allées à la conférence le lendemain, puis on est revenues à Montréal. Tout le monde pense qu’on exagère, mais on a vraiment eu peur.
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La lumière, par Alexandra Boissonneault
C’est la fois où ma sœur et moi on faisait du couchsurfing à Memphis, pendant un roadtrip vers le Sud-Ouest des States. Cette fois-là, on était dans une grande maison appartenant à trois colocs sympathiques comme les couchsurfers le sont. Ils recevaient quelques autres couchsurfers. Quelques, comme douze. Dont les sept membres d’un petit band de musique rock-trash inconnu de l’Arkansas qu’on avait vu se produire le soir même dans un vieux bar isolé de la ville. Quand on veut vivre une expérience locale, voyez…
Alors ce soir-là, chacun des douze couchsurfers avait sa place. C’est-à-dire un peu partout sur le plancher. Et dehors sur le balcon, pour les gars du band. Ma sœur et moi, le gros luxe, on dormait dans un lit à l’étage, dans la pièce à aire ouverte, style grenier. Étant prise au fond du lit entre le mur et le toit en pente, je lui demande d’aller éteindre la lumière qui est encore ouverte au fond de la pièce. Alors elle y va, revient, la lumière toujours allumée, et m’explique. « Alex, j’pense que j’peux pas fermer la lumière. Elle éclaire leur plantation de pot. »
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Merci à tous les lecteurs qui ont contribué! Le prochain défi est lancé: comme Kéven Breton, on aimerait connaître vos propres « gap of knowledge »! Les choses que vous croyiez dur comme fer parce qu’il vous manquait une information importante. Kéven, lui, pensait que tous les trains ne roulaient que d’Est en Ouest. Peut-être avez-vous passé de longues années à penser qu’il n’existait aucune différence entre le beurre et la margarine, que les vikings n’avaient jamais existé ou que Élisabeth II était reine de France? On veut savoir!