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Dee-Dee Dragon, cocher

Par
Judith Lussier
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À l’écurie Lucky Luc, au cœur de Griffintown, un cocher se prépare à entamer la saison touristique aux rênes de Maryline, jument vedette.

Comment êtes-vous devenu cocher?
Quand j’étais petite, j’étais vraiment un p’tit gars manqué. Je voulais devenir mécanicienne, mais tout le monde me décourageait de ça. Ils me disaient que j’allais toujours avoir les mains sales, même si moi ça ne me dérangeait pas. Quand j’ai choisi la technique équine, au Cégep, mon père était content. Il était dans la police montée : il a toujours aimé les chevaux.

Ça s’apprend au Cégep, conduire un cheval?
Oui, même si quand j’ai commencé, dans le milieu de l’équitation, le monde trouvait ça bizarre. Au début, j’ai travaillé dans des écuries de compétition. L’équitation classique, c’est plus prestigieux que l’équitation western. Moi, j’aime pas trop ça la bourgeoisie, ce qui m’intéressait, c’était les chevaux. Après ça, j’ai été palefrenière pour Cavalia. Je m’occupais des chevaux et je les soignais. Puis, je suis devenu cocher.

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Est-ce que c’est payant comme métier?
Pas vraiment. Avant, on partageait les profits 50/50 avec les propriétaires de calèche, mais maintenant, c’est plutôt 60/40. Eux disent qu’ils paient les réparations et l’entretien des calèches, mais sans nous, il n’y aurait pas de tours de calèche. À 48$ la demi-heure pour un tour dans le Vieux, on ne fait pas grand profit, surtout quand les touristes nous donnent seulement 2$ de pourboire!

Conduisez-vous toujours le même cheval?
Habituellement, on essaie de former une équipe. J’ai un collègue qui a le même cheval depuis dix ans. Moi, ces temps-ci, je suis avec Marilyne. C’est une star, Maryline, elle a joué dans la pub de la SAAQ qui dit de ne pas texter au volant.

Est-ce qu’ils aiment ça, travailler, les chevaux?

Un cheval qui travaille vit plus vieux qu’un cheval qui ne travaille pas. Et ça aime bien plus être dehors que dans l’écurie. Le seule problème, en ville, c’est qu’un cheval, c’est super peureux. On se promène avec eux pendant les feux d’artifice, à travers les voitures, les ambulances, une chance qu’ils ont des œillères. L’an passé, une ambulance a allumé sa sirène à côté d’une calèche, le cheval a sauté et la calèche s’est renversée.

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Pensez-vous que les chevaux subissent les effets du boom immobilier du quartier?
C’est sûr! On a compté dix-sept constructions de condos aux alentours. Quand ils creusent les pieux de fondation, ça fait un vrai vacarme. En plus, les chevaux ressentent les vibrations du sol, ça les rend anxieux, c’est certain.

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