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De la visite d’Europe : Vendredi sur Mer & Lewis OfMAN

Entrevue avec le « maestro de la musique électronique » et la « figure montante de la pop »

Par
Romain Gabriel
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Lui est français, elle est suisse. En France, Vogue les décrits respectivement comme le « maestro de la musique électronique » et la « figure montante de la pop ». Eux, c’est Lewis OfMan et Vendredi sur Mer, deux noms à retenir, deux artistes francophones à écouter sans attendre.

C’est d’ailleurs lors d’un vendredi soir du mois de mars que je les ai découvert. C’était le genre de soirée d’hiver que l’on passe dans le confort de son appart… jusqu’à ce que ma copine ne réussisse à m’extirper du canapé pour l’accompagner au show de Vendredi sur Mer au Théâtre Fairmount.

Une ride de taxi plus tard, sur les coups de minuit, j’entre dans la salle où les notes de Lewis OfMan, en première partie, résonnent. Il m’est totalement inconnu, mais déjà je sais qu’il vient de se faire une place dans ma playlist. Le public, lui, danse. Il ne s’arrêtera qu’une fois que Charline, le prénom derrière Vendredi sur Mer, aura tiré sa révérence. Pour moi aussi, ce seront deux coups de cœur d’affilée. Assez pour que, dès le lendemain, je leur envoie un message en leur proposant une séance photo. Et puisqu’on y est, pourquoi pas leur poser quelques questions ?

***

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On a cru comprendre que vous avez composé une chanson pendant votre séjour à Montréal…

Vendredi sur mer (VSM) : Oui ! Bizarrement, en l’écoutant c’est une chanson que j’imagine très bien dans un film de Xavier Dolan. La boucle est bouclée… Montréal est une ville avec un mood particulier, c’est assez inspirant.

Lewis OfMan (LOM) : En sortant de sa douche, Charline m’a chanté une mélodie qu’elle trouvait bien, je me suis mis au clavier pour la compléter et ça a fini sur quelque chose de vraiment ouf, la chanson est finie aujourd’hui, j’ai hâte qu’elle soit dévoilée.

Charline, parlant de titres, pourquoi toutes les chansons de ton EP « Marée Basse » commencent-elles par L ?

VSM : AH ! C’est la première fois que l’on remarque ça, j’attendais depuis longtemps la question. Je parle essentiellement de femmes dans cet EP, et je trouvais intéressant d’appuyer le propos en choisissant le « L » comme première lettre. « L » c’est « elle ».

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Tu as qualifié ta musique de « rap délicat ». D’où vient cet esprit rap dans tes chansons selon toi ?

J’avais envie d’aller danser avec le public plutôt que de jouer tellement la vibe était chill.

VSM : Je ne sais pas vraiment, je pense que c’était premièrement pour une raison toute simple : je n’étais pas forcément à l’aise avec ma voix. Puis, j’ai trouvé une certaine force dans le fait de parler. Puisqu’il n’y a pas de mélodie dans la voix, j’ai l’impression que le texte est d’autant plus important et qu’on ne peut pas vraiment dire n’importe quoi.

Tu prépares un nouvel album de Vendredi sur mer sur lequel Lewis collabore. À quoi peut-on s’attendre ?

VSM : Une maturité évidente tant dans les prods que dans le texte. Une avancée vers le chant, aussi… Le projet change sans pour autant être différent. Simplement plus approfondi et plus sûre.

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LOM : Beaucoup de personnalité ! Elle et moi évoluons presque en même temps donc on sait de plus en plus comment être soi-même dans la création.

Crédit : Romain Gabriel
Crédit : Romain Gabriel

Vous aviez déjà collaboré pour le EP. As-tu — Lewis — une démarche différente pour l’album? Qu’est-ce qui t’inspire le plus chez elle ?

LOM : Oui, pour Marée Basse, c’était surtout des chansons que je composais de mon côté et que j’envoyais ensuite à Charline pour qu’elle écrive. Aujourd’hui, on compose beaucoup plus ensemble et ça va beaucoup plus loin.

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La voix de Charline a un timbre assez majestueux, je me dis souvent qu’elle a la voix des femmes, ça m’inspire énormément.

Charline, j’ai remarqué lors de la rencontre que t’avais une belle complicité avec Lewis, il te fait beaucoup rire notamment. Comment ça se ressent dans votre travail ?

VSM : Il me fait rire malgré lui. J’aime bien l’embêter, il a des réactions que personne n’aurait. C’est ce que je préfère chez lui. Et c’est vrai que plus le projet avance, plus je me rends compte que cette complicité se ressent dans la direction du projet, les choix, etc. On sait plus ou moins ce que va penser l’autre, on se questionne aussi beaucoup plus. C’est comme si on ne fonctionnait plus l’un sans l’autre. Contrairement à l’EP, où nous travaillions chacun de notre côté sans vraiment rediscuter de certains choix.

Crédit : Romain Gabriel
Crédit : Romain Gabriel
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Et cet album, il parlera de quoi ? Qu’est-ce qui vous inspire en ce moment ?

VSM : L’amour ! Malheureusement c’est le plus beau thème que j’ai pu trouver… Il est possible d’écrire 100 chansons différentes sur une même histoire. A la différence de mon EP, je parle de plusieurs amours…

Inévitablement je pense, mes influences me viennent de Gainsbourg. Je suis beaucoup attachée au texte. Peu importe le type de musique, si le texte me transporte c’est banco !

LOM : Au niveau des compositions, la musique classique m’inspire beaucoup en ce moment et, bien sûr, beaucoup de Gainsbourg !

Lewis, tu ne collabores pas qu’avec Vendredi sur mer. Tu as aussi travaillé avec Lana Del Rey, Fakear, Rejjie Snow… Comment penses-tu ta musique quand tu composes pour un autre artiste ?

LOM : Je n’ai absolument pas collaboré avec Lana del Rey (rires). Quand j’étais au lycée j’ai fait un remix avec un a capela que j’ai trouvé sur YouTube et c’est tout ! Depuis, je ne sais pas pourquoi tout le monde dit ça, c’est une erreur !

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Mais pour répondre à ta question, en général j’observe l’atmosphère de la personne avec qui je travaille et j’essaye de trouver les brèches qui pourraient s’accorder avec mon univers, un peu comme un moule de sculpture. J’aime justement donner beaucoup de contrôle et énormément écouter l’avis de l’artiste avec qui je travaille, non seulement parce que c’est une façon d’avoir un recul important sur la vibe que je crée, mais aussi parce que ça me donne des précisions sur les choix que je dois faire. Le fait de mélanger les moods m’emmène très souvent sur des idées complètement nouvelles pour moi, comme quand Rejjie Snow chante en français, c’est passionnant.

Crédit : Romain Gabriel

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En rafale

Si vous deviez donner un titre de chanson à Montréal, ce serait quoi ?

VSM : « Dépanneur à toute heure ».

LOM : « En kiff chez le dépanneur ».

Le public montréalais, en trois mots?

VSM : Génial. Les « clichés » sont bien vrais : les gens sont adorables, gentils et attentionnés.

LOM : Vraiment trop cool, super accueillant et chaud. J’avais envie d’aller danser avec le public plutôt que de jouer tellement la vibe était chill.

Lewis, avec quel artiste montréalais aimerais-tu collaborer ?

LOM : Collaborer avec Kaytranada, ça serait dingue ! Je suis super intrigué par sa façon de composer, j’ai l’impression qu’il mixe ensemble la culture du beat et de l’harmonie, c’est très cool.

Par quels créateurs aimeriez-vous être habillé pour vos concerts ?

VSM : Gucci ou Jacquemus… ça claquerait !

LOM : Gucci ou bien Golf le Fleur

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Enfin, quelle ville manque cruellement de mer selon vous ?

VSM : Aucune selon moi. S’il n’y a pas la mer, c’est que nous sommes venus chercher autre chose. Et c’est très bien comme ça.

LOM : Définitivement Paris, même si la réponse de Charline claque bien.

On suit Vendredi sur Mer ici

En attendant (on ne sait trop quand) la sortie du nouvel album, on l’écoute

Pour les projets de Lewis OfMan, on clique ici

Et on prête l’oreille sur ses chansons

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