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De la pop naïve au Musée des beaux-arts avec le groupe Paupière

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Composé du musicien Pierre-Luc Bégin (We are Wolves), de l’artiste Julia Daigle et de la comédienne Éliane Préfontaine, Paupière a fait paraître plus tôt cette année son premier EP Jeunes Instants, et trouble depuis les publics d’un peu partout au Québec et en Europe. Leur obsédante pièce Cinq heures a roulé tout l’été sur les radios indépendantes d’ici et, intrigués, on a voulu voir un peu ce qui se cache sous les nappes de synthétiseurs, les paillettes et les textes hypnotiques et désenchantés de ce trio qui monte.

Qui êtes-vous et que voulez-vous?
Trois personnes qui prennent plaisir à construire des chansons ensemble. On fait de la pop assez naïve (mais pas légère) et surtout pas humoristique! On ne veut rien précisément si ce n’est que de pouvoir créer librement les trucs qui nous plaisent et de les interpréter tout aussi librement par la suite. On aime bien être gentiment provocateurs lors de nos performances, oser en mettre un peu plus que nécessaire histoire de rendre la chose un peu moins banale…Dériver quelque peu du format conventionnel, brouiller un peu le rapport artiste vs public, paraître ou bien inaccessible, ou bien vulnérable comme le commun des mortels.

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On sent une préoccupation esthétique très forte dans votre démarche, autant dans la présentation visuelle que sur scène. Vous voyez votre band comme quelque chose qui dépasse un peu la musique?
Oui. On baigne à divers niveaux dans les arts visuels. Avant que Paupière ne donne son premier concert, nous rêvions déjà de jouer dans des lieux autres que les salles de spectacle conventionnelles (ex. un musée, une galerie d’art, un appart…) afin de souligner le fait qu’on s’identifie autant aux arts visuels qu’à la musique. Il nous semblait donc plus naturel de faire résonner notre son dans un lieu où il y a un échange entre diverses formes d’art. Lors d’un concert, nous croyons que l’expérience visuelle est tout aussi importante que l’expérience auditive; un mélange judicieux des deux créer, selon nous, un bon spectacle. Il nous est même arrivé de passer plus de temps à l’élaboration des costumes qu’à peaufiner notre performance musicale… Reste à voir si c’est une bonne chose. Disons qu’entre un musicien en t-shirt irréprochable techniquement et une performance en bobettes incluant quelques fausses notes, notre choix est clair!

C’est drôle, tantôt, je lisais le papier d’un journaliste français qui revenait souvent sur le côté naïf de votre projet… et là je me dis que l’effet déstabilisant de Paupière est assez délibéré en fait. C’est de la recherche, quelque chose qui s’éloigne du prémâché, des recettes. Pour rester dans les métaphores culinaires cheapettes; qu’est-ce qui vous nourrit en art?
Beaucoup de choses en commençant par ce qui dérange, ce qui porte à réfléchir, à s’arrêter… Ce qui ne nous allume pas par contre est l’élitisme qui plane sur beaucoup de sphères artistiques. On aime bien se démarquer et se mettre hors de portée en incarnant certains personnages sur scène, mais la réelle communication se fait lorsqu’on abolit ce fameux rapport de force entre artiste et public. En fait, voilà un des trucs qui nous inspire : le fait d’être un “artiste”, comprendre un peu pourquoi on dédie notre vie à quelque chose de si peu tangible, voir futile…trouver un sens à tout ça. On ne sait rien et c’est tant mieux comme ça! À partir du moment où tu admets n’être sûr de rien, tout devient possible. Tout s’excuse…enfin presque tout.

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Comment vous assumez la dualité pop/sombre de votre musique?
Notre spontanéité et la fougue avec laquelle on interprète nos pièces. La façon dont nous explorons notre fragilité et notre folie sans peur de jugement et tout en ayant beaucoup de plaisir. Même nos morceaux plus dansants peuvent présenter des textes sombres ou cyniques. C’est notre façon d’exorciser nos angoisses avec autodérision et joie de vivre!

Donc faut avertir le public qu’il est convié à un exorcisme…
Le public peut s’attendre à voir un show très dynamique, voire punk, vulnérable. On n’a pas peur de se mettre en danger quand on joue, ça nous stimule. Des fous rires peuvent éclater, on peut brailler, on peut décider d’aller chanter avec le public le temps d’une chanson, beaucoup d’alcool (on boit même parfois trop, mais c’est assumé), beaucoup de sueur, de beaux outfits, de belles personnes et des moins belles… Bref, on tâche de rendre le tout le moins ennuyant possible sachant à quel point un show formaté ça peut être plate.

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Pour finir ça avec des idées de grandeur : pourquoi c’est important que Paupière conquière le monde?
Nous préférons être nous-mêmes satisfaits par notre musique, nous espérons en vivre et nourrissons une certaine ambition, mais le succès commercial ne fait pas partie de nos buts, quoique…Si cette Paupière devient mégalomane, une autre s’ouvrira pour vous adresser un grand clin d’œil!

***

Paupière offrira une prestation spéciale au Musée des beaux-arts de Montréal le vendredi 14 octobre dans le cadre de la première édition des CLAIRS-OBSCURS, une série d’expériences musicales et de happenings culturels qui auront lieu trois fois l’an. Seront aussi présents DJ KNLO (Alaclair Ensemble), DJ The Holy, mixologues et stations gourmandes.

Pour tous les détails, c’est par ICI!

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