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J’en suis arrivée à un constat, en observant l’état moyen de mes rapports avec autrui: les aptitudes sociales ne s’accroissent pas forcément avec l’âge. Ce qui suit sera d’une légèreté assumée.
Je m’ennuie parfois de l’époque bénie où il suffisait de se cacher la figure dans les jambes de papa-maman pour mettre fin élégamment à une conversation, dès qu’elle devenait trop intrusive. Généralement, ça s’arrêtait après « Comment tu t’appelles? » – et c’était très bien comme ça. Du moins, dans certaines circonstances.
Voyez, je suis affligée par un mal curieux : la maladresse sociale chronique.
small talk
small talk
cool
awkward.
a posteriori
Fâcheux.
Alors quoi? J’esquive. Oh, et vous le faites tous, j’en suis sûre. Y’a pas avoir honte: j’y vois presque une forme de civisme, si la tactique est employée avec modération. Vous savez, ces terribles situations où on croise une connaissance « trop connue pour un simple bonjour, mais pas encore assez pour soutenir une vraie conversation»? Well. Sans vouloir jouer les sociopathes, je pense que tout le monde sortira contenté de l’esquive, si les deux parties ne se sentent pas dans une « forme optimale pour la jasette ». Pathétique et antisocial… Mais un peu vrai.
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Le truc qui me chicotte, là-dedans, c’est que cette « zone grise relationnelle», celle qui pousse parfois à l’esquive, tend à être élargie à l’extrême par l’omniprésence du « réseautage social virtuel » dans nos vies.
Sur Facebook, par exemple, j’ai un tas de connaissances avec qui j’ai un contact virtuel et quelques échanges, mais dont je ne sais au fond rien du tempérament, de ce qu’ils dégagent ou de l’attitude, ne serait-ce qu’en surface… Et dans « l’abord », il s’agit à mon sens de repères ou de signaux fondamentaux.
En ce sens qu’on aborde les gens en fonction de ce qu’ils nous inspirent; intuitivement. On « essaie de sizer» le mieux possible. Sauf que via l’internet, on établit un lien (minimal ou plus substantiel) avant même d’avoir franchi la barrière primaire mais ô combien essentielle du simple contact visuel, par exemple. Du sourire échangé, de la salutation convenable. Je réalise à quel point l’aspect « organique » de la rencontre avec l’autre est fondamental; surtout pour quelqu’un qui, comme moi, tend à gérer maladroitement le processus relationnel.
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J’y perds carrément tous mes repères. Je ne sais plus qui je suis censée connaître “pour vrai”, ni à quel niveau sommes-nous rendus dans l’interaction; tant et si bien que j’opte souvent pour la solution radicale : esquiver.
Je suis littéralement « tout fourrée » dans les paramètres qui balisent les degrés de chacun de mes rapports sociaux. Déjà, j’ai un mal fou à gérer la transition entre le formel et l’informel. Mais alors là! C’est fichu. Je tends donc à imposer systématiquement une distance, de peur de me gourer et d’induire un malaise déplaisant pour tout le monde.
Je suis précisément en train de me transformer en enfant-bulle. La bulle étant ma tête, et le modèle étant mon réseau virtuel.
in vivo
En somme, mon habileté à entrer en contact avec autrui est devenue comme un courant alternatif. Le problème, c’est que je n’en contrôle absolument pas les fusibles.
Cette semaine, par exemple, fut une de ces semaines où la rencontre avec l’Autre était brutale. De ces moments où la perspective d’être une plante en pot est alléchante, du fait qu’on n’exige généralement pas des plantes en pot, sauf en cas de zèle extrême, qu’elles sachent faire la conversation.
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Peut-être verrez-vous ici la simple et malhabile confession d’une weirdo pas sortable. C’est un peu vrai. Mais j’ose croire que certains d’entre vous s’y reconnaitront.
Bleh.
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