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Aux derniers soubresauts de l’hiver, au moment phare où mon duvet de doudoune sentait le cadavre de Bernie quand il atterrit de biais dans le sable au sortir de sa civière, je rêvais de solstice. De celui qui finirait par, un jour, me réchauffer le creux de l’aine.
Je rêvais de la saison des popsicles et de l’érythème de la cuisse.
Moi qui suis pourtant si apôtre de l’hiver et ses glaçons nasaux. Qui envisage la possibilité de mettre bas dans le grésil avec enthousiasme. Aux derniers miles de cet hiver qui a émis des pets de tsoure de bras jusqu’en mai, j’avais la Bordeleau assez creux dans le jupon, me surprenant à rêvasser à ce moment précis où le frottis de mes jambonneaux avec repousse de deux jours donnerait naissance à de flamboyantes cloques après avoir fait des commissions pendant quatre heures.
Une belle peau enflée rouge clair noyée dans la sueur qui brûle, à charroyer des souvenirs africains dénichés à la vente trottoir de Mont-Royal et des paquets boni-format de Charmin.
Un manné, y’allait faire beau. Krusty s’en viendrait. Et le soleil me caresserait le derme, enfin.
Mais maintenant que toute cette poésie est possible, j’hésite. Je dirais même que je croule sous la pression estivale.
Cette pression d’en profiter pleinement. Mais surtout de le partager.
C’est que, chaque été, j’oublie.
Je m’émeus devant le muguet (fleur printanière, certes, mais FLEUR DE DÉLIVRANCE), me promets les plus flamboyantes cailles sur le grill et partage le bonheur des 800 baigneurs échoués autour de la très petite piscine du parc, bien cordés à rêvasser à cette tranche d’emmental à faire voir des étoiles™.
Parce qu’on y croit.
On a tellement hâte à l’été que le simple champ lexical d’une tranche de fromage suisse qui a eu chaud réussit à susciter de la nostalgie qui a jamais existé. C’est dire.
Mais surtout, ça dure pas longtemps, l’été. Ça fait que tasse-toi de d’là, il faut le vivre. VIVIR.
Et ça, ça se traduit par cet odieux concours de « qui croque le mieux, le plus et de la plus créative des façons son petit sandwich aux caps de tomates ».
Tu mets ta salade de patates en scène.
Tu te croques sur le vif, hilare sous ton palpa verdunois.
Tu te partages le top de bikini. La sangrita.
Ta complicité naissante avec un poupon, unis par les verres transition et le rabaska.
Tu scores au croquet. Tu découvres le El Zazium.
Les torches de ta cour-Cuba n’ont jamais émis flamme plus broadcast.
Ta ruelle n’est pas verte. C’EST VERSAILLES.
Le moindre chummé croisé près d’une benne à ordures devient festival sous ta lentille.
Et c’est pas vrai, c’est pas vrai que le fait que tes souliers-bateau ont posé semelle sur un voilier va passer sous silence. IL FAUT PARTAGER TOUTES LES POSES. De la coque au fish’n’chips maintenu sur le biseau dans ton bloody, ton été kick de sérieuses miches.
Tu te mets à la guitare. Au djembé. Pour vivre, l’espace d’une demi-heure de déception, la volupté carpe diem de la petite Brathwaite.
Je te saisis.
Les étés HIGH SUR LE FUN en tout temps, j’en n’ai jamais vécus.
Mais voilà que je ressens le besoin aigu de me le faire croire.
De capter mes éclats de rire près d’une succulente.
J’ai désormais besoin que tu saches que je consomme des grillades. Que je connais le feeling du bracelet backstage de Marineland et que je ne passe pas le plus clair de mes jours à écrire, abrillée d’une douillette pour ne pas qu’il y ait de traces de laptop sur mes cuisses quand je promènerai mon chien vieillissant devant ton déjeuner des canotiers.
Mon été n’a pas de panier de fruits sur la noix et ça m’inquiète.
Et devant tous tes statuts de piñatas et tes portraits de festivaliers complices qui s’arrosent sous un double arc-en-ciel à travers lequel bondit un phacochère pas prévu, je perds pied. Feeling perpétuel de ne pas vivre le bon juillet.
Et surtout envie de te saisir doucement l’avant-bras pour te chuchoter de te taire en te murmurant: « Excuse-moi, je vais jouir ».
Et pour ce faire, il faut que tu cesses. Que tu cesses de jacasser. Ou que je cesse de te regarder, c’est selon. Mais t’as las Geneviève Rioux si appealing que c’est pour moi combat quotidien, glaive mou et rêves de mojitos déçus.
Vis ton été. Prends des photos. Mais garde-t-en pour les soirs sans pain.
Toutefois.
Si tu vis ceci, qu’importe l’heure ou le nombre de fois qu’il te faudra publier pour que ça vienne à ma pupille, PARTAGE TOUT. PARTAGE SANS COMPTER. PARTAGE TON ÉTÉ.
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Quiero vivir tambien.
La bise.