Logo

Dany Bisante, nettoyeur de scènes de crime

Par
Judith Lussier
Publicité

Peu de gens accepteraient de faire le grand ménage après la mort de quelqu’un. Surtout lorsque ce décès comporte de la violence ou de la déchéance. Bienvenue dans la réalité de Cleanmatik. Cœurs sensibles s’abstenir.

Comment avez-vous commencé à faire ce travail… macabre?
J’ai fondé Cleanmatik il y a 14 ans. Dans ce temps-là, je faisais seulement des tapis et des sofas. C’est la demande qui m’a mené à faire des scènes de crime. Au début, je refusais, mais le téléphone sonnait tout le temps pour ça, surtout de novembre à janvier.

Pourquoi de novembre à janvier?

Avec le temps des fêtes, les gens sont plus déprimés. Il y a plus de suicides.

Vous rappelez-vous de votre première scène de crime?

Je vais toujours m’en rappeler. C’était à Vaudreuil. Le gars s’était tiré une balle dans la tête et ça avait explosé dans les quatre pièces de la maison. Je ne connaissais rien à ça. Après, j’ai pris un cours pour apprendre la technique.

Est-ce qu’il y a des règles pour faire ça? Un code de déontologie?

Non. La seule règle, c’est de respecter la famille de la personne décédée. Et aussi, ne jamais nettoyer une scène de crime avant que le coroner soit passé!

Publicité

Les gens vous demandent ça?
Oui. J’ai des appels parfois durant la nuit de gens qui veulent que je nettoie des taches de sang. Je le sens que c’est louche dans leur voix et parce qu’ils ne demandent pas le prix. Je dis toujours non.

C’est quoi le pire? Un suicide ou un meurtre?

Dans un meurtre, tu vois toute la violence qu’il y a eu. La scène parle. Mais le pire, c’est quelqu’un qui est mort depuis deux mois. L’odeur, c’est comme du lait laissé sur le comptoir, fois mille.

Comment vous faites pour ne pas vomir?

On a des masques qui filtrent les odeurs, mais ça m’est déjà arrivé de vomir dans mon masque. C’était l’été passé, en pleine canicule : la tête du gars était restée collée sur le plancher.

Ok, c’est dégueulasse. Comment faites-vous pour éliminer toute trace de mort?
On a une machine à ozone qui élimine tout l’air de la maison. Quand on rouvre les fenêtres après, c’est du nouvel air qui entre. Et pour désinfecter le sang, on a un nettoyant tellement puissant que ça peut dissoudre une moppe si on ne respecte pas le dosage.

Portez-vous des séquelles psychologiques de votre travail?
Oui, une fois, un suicide était tellement sanglant que je n’ai pas dormi de la nuit. Je suis un grand sensible. J’ai peur du sida, même si je me protège, et des fois, j’ai peur que le meurtrier revienne.

Publicité