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«C’est une superstition?» que je demande niaiseusement à Michel Gagnon, directeur de la programmation de la Place des arts alors que nous parcourons les coulisses de la salle Wilfrid-Pelletier. «Non, c’est simplement qu’il ne faut pas rester pris à l’intérieur!»
Ce cauchemar, une interprète de Suor Angelica de Puccini, présenté il y a quelques années par l’Opéra de Montréal dans la mythique salle montréalaise, l’a vécu. Prise dans l’ascenseur, d’où elle entendait tout ce qui se passait sur scène, elle a manqué son cue. Gageons qu’elle est devenue une adepte des escaliers.
En presque 50 ans – l’établissement fêtera son jubilé d’or en septembre –, le plus vaste complexe culturel au pays (8 000 sièges dans six salles) a son lot d’anecdotes du genre. Derrière comme sur la scène. Comme cette cantatrice de la Flûte enchantée qui est entrée sur scène et s’est posé directement sur le distributeur de glace sèche avec sa grande robe de cantatrice… La boucane lui sortait du décolleté. Fou rire dans la salle.
Michel Gagnon nous a fait visiter les passerelles de Wilfrid-Pelletier, les salles de répétitions et l’atelier de costumes de l’Opéra de Montréal. Voici ce qui nous a marqué.
Sur les passerelles
Nous marchons à 11 mètres au-dessus de la scène de Wilfrid-Pelletier, sur la passerelle technique. D’ici, on remarque l’impressionnant système à contrepoids qui permet aux techniciens d’installer les projecteurs et autres éléments de décors. Aujourd’hui, tout est automatisé, mais on fonctionne encore selon le bon vieux système double : quand les techniciens accrochent un objet à la structure, on ajoute, de la passerelle, le double du poids pour contrebalancer, m’explique Michel Gagnon. Pendant un spectacle, ça bourdonne ici et sur la passerelle supérieure, fixée à 27 mètres de la scène.
Ginette guette
À l’arrière-scène de la salle Wilfrid-Pelletier, difficile de manquer la grande photo de Ginette Reno accrochée au mur depuis plusieurs années, comme en fait foi la chevelure de la diva. Pourquoi Mme Reno est la seule à avoir eu droit à l’honneur ? On ne sait pas trop, me lance M. Gagnon! Mais il semblerait qu’un technicien de la salle, lié d’amitié avec la grande dame, aurait fait installer le portrait. Ça fait changement de la reine!
Le meilleur siège
Quel est le meilleur siège de la salle Wilfrid-Pelletier, qui compte 3 000 places? «Le M1», me dit M. Gagnon. C’est le siège qui est situé en plein milieu du parterre. C’est d’ailleurs au-dessus de cette place que les décorateurs et les metteurs en scène installent leur table de travail quand ils imaginent leur spectacle. Tout est donc pensé pour que la vue de ce point soit la plus optimale possible.
Caverne d’Ali Baba
L’Opéra de Montréal compte son propre atelier de costumes. Ici, la dorure et les froufrous sont maîtres. On trouve environ 4 600 pièces qui ont servi aux productions des dernières années. Tous les vêtements sont dûment identifiés avec le titre de la production et la scène dans laquelle le costume est utilisé. On reprend parfois de vieux costumes et on les modifie pour une nouvelle production.
Silence, on répète
Le complexe de la Place des arts compte plusieurs salles de répétition pour la danse, l’opéra ou la musique. La bande de Kent Nagano ne répète plus ici maintenant que l’Orchestre a son propre espace à l’Adresse symphonique. La salle de répétition utilisée par l’Opéra de Montréal est de la même taille que la scène de la salle Wilfrid-Pelletier. Pendant notre passage, les éléments du décor de Dead Man Walking, un opéra moderne, y étaient installés. Les carrés de bois sur les murs améliorent-ils vraiment l’acoustique? «Absolument pas!» indique Michel Gagnon.