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Quand j’ai dit à mon ami que je cherchais des «métalleux» à Rimouski, capitale du métal, il m’a référé son cousin de 16 ans : Fabrice, leader des Call Back, un groupe de hardcore (prononcez «horkor» pour un effet vraiment rimouskois). En arrivant dans le Bas-du-fleuve, je l’ai donc contacté.
– Ça tombe bien, on a une pratique à soir à 6 heures, m’a-t-il dit.
– Ah ouin, où ça?
– Ben chez nous, dans mon sous-sol, chez mes parents là.
– Ok, c’est bon. On va être là.
Une heure avant notre rendez-vous, je n’arrivais toujours pas à y croire : j’allais passer la soirée à écouter du métal dans un sous-sol avec des gars de 16 ans. Pendant de longues minutes, je me suis rappellée toutes les soirées que j’avais passées dans des sous-sols pas vraiment finis, à écouter les gars jammer. Quand j’étais LA fille qui regardait les gars jammer. (J’avais réussi à décrocher ce titre ô combien convoité parce que j’avais suivi deux ans de cours de guitare. Ça voulait dire que je connaissais ça, moi, la musique. Et pour le prouver, je balançais toujours aux gars des phrases pleines de sens après leurs tounes, comme : «Vous êtes vraiment tight les gars, t’sais» ou «Malade, ton bridge!». Même si c’était vraiment poche et que ne savais pas ce que ça voulait dire être «être tight».)
Bref.
À 18h, quand on est arrivé chez Fabrice, sa mère cuisinait des hamburgers. En entrant, on a comme eu le goût de lui dire : «Salut, on est venu jouer avec Fabrice. Y’es-tu là?». Mais on s’est retenu. Le jeune homme est arrivé :
– Eille, ça tombe mal, j’ai pas mon ampli. Y’é chez mon ami, pis j’ai pas trouvé de lift pour aller le chercher…
– Ben, nous autres on a un char… Embarque, on va y aller.
– Ma blonde peux-tu venir?
– Oui, oui. Pas de problème.
Sur le chemin – alors qu’il ventait encore plus fort que dans Twister et qu’on roulait sur les quatre flashers – j’en ai profité pour poser quelques questions à Fabrice. Il m’a raconté que son band avait été formé il y a à peine deux mois, que les autres membres et lui avaient choisi «Call Back» comme nom de band, parce qu’ils n’étaient pas sûr que «Call My Back» ça se disait, et qu’ils chantaient en anglais parce que ça sonnait mieux. Il m’a dit qu’ils avaient donné leur premier show la semaine passée au pavillon agricole.
– Y’était vraiment bon! m’a dit sa blonde Catou, les yeux plein de brillants.
– J’imagine! T’as dû le trouver beau quand il chantait en plus? C’est vrai! C’est tellement beau un gars sur un stage. Pis c’est tellement le fun de savoir que c’est toi qui va coucher avec à la fin de la soirée!
– … (malaise, j’avais oublié, ils n’ont que 16 ans)
– Ben, je veux dire… de savoir que c’est toi qui va FRENCHER avec à la fin de la soirée!
– …
Quand on est arrivé à destination, Fabrice a ouvert la valise de la voiture de son ami pour récupérer son ampli, qui avait passé la nuit au froid. En relevant l’immense boîte noire, il a accroché le capot et les pièces de la Mustang ont commencé à tomber. Pendant de longues minutes, les deux garçons tentaient tant bien que mal de réparer les dégâts. Ayoye.
Une fois de retour à la maison, la mère de Fabrice a dégelé l’ampli à l’aide d’un séchoir et une fois l’objet bien sec, les gars (Davidou, Marco, Fabrice et l’autre dont j’oublie le nom) ont pu commencer à jammer dans le sous-sol orange brûlé. Catou, elle, s’est assise en petite boule sur la chaise en velours, juste à côté du matelas placé directement sur le plancher, pour les regarder.