Logo

Dans le Mile End, Renzo veut réinventer le comptoir à sandwich

Avec quatorze sandwichs, une esthétique rétro, un design pensé pour durer et des slush alcoolisées pour survivre à l’été, Renzo mise sur le long terme. 

Par
J.P. Karwacki @ The Main
Publicité

Dans une ville où les comptoirs à sandwich fancy sont plus fréquents que les logements abordables, il en faut beaucoup pour qu’un nouveau se démarque du lot. Fraîchement débarqué au coin de Saint-Laurent et Fairmount, Renzo affiche une réussite sur toute la ligne.

À elle seule, l’enseigne retient l’attention : peinte à la main, audacieuse et lisible à un coin de rue. « Même si j’ai pas faim, si je lis “sandwich” à 500 mètres, c’est sûr que je mange un sandwich », lance Guillaume Ménard, cofondateur et designer chez MRDK.

Et c’est précisément le but. Renzo a avant tout été conçu pour se faire remarquer, mais pas de façon criarde ni tape-à-l’œil. Il s’agit plutôt d’un lieu sûr de lui sans être arrogant, stylé sans trop essayer, nostalgique sans tomber dans le pastiche.

C’est aussi le fruit de gens qui ont de l’expérience et savent comment faire mieux.

Team Renzo
Publicité

Résolument montréalais

Renzo, c’est un projet qui mijotait depuis déjà plusieurs années. Ce qui n’était au départ qu’un comptoir à sandwichs fantasmé est devenu une opération finement rodée et portée par une équipe solide : Justin Daoust, stratège marketing qui effectue un retour dans le milieu de la restauration après l’avoir quitté, il y a cinq ans. C’est d’ailleurs son agence, Nouvelle Idée, qui a signé l’identité visuelle de l’établissement. Sinon, Bastien Daoust-Beaudin chapeaute les opérations, le chef Jean-Michel Leblond (alias John Mike), grand amateur de cuisine country, s’occupe du menu. Comme précédemment mentionné, Guillaume Ménard signe le design et Daniel Chartrand complète le tableau.

Chacun a apporté son expertise et est devenu copropriétaire. Pas de passagers, pas de consultants. Juste une gang de gars vraiment, vraiment passionnés.

Publicité

Un élan de fidélité qui s’étend aussi au quartier. Renzo s’intègre naturellement au Mile End : avec Fairmount Bagel à deux pas, des comptoirs de style dépanneur tout autour et une école secondaire juste en face, l’endroit est pensé pour servir les gens du coin, peu importe l’âge.

Selon Justin, même si c’est ce que l’ambiance peut évoquer, Renzo n’est pas un comptoir à sandwichs typiquement italien – malgré leurs ingrédients. Le but, c’est plutôt de proposer quelque chose de résolument montréalais. « On utilise un pain de style italien – une ciabatta artisanale – mais les garnitures viennent de partout : smoked meat, charcuterie, poulet César, chou frit aux jalapeños. On est des Montréalais, on aime ça, mélanger des affaires », explique-t-il.

Renzo ambiance
Publicité

Le sandwich au smoked meat est sans doute l’item le plus personnel du menu. « Je suis allé à Seattle et j’ai découvert ce sandwich… Pour moi, c’était comme croquer dans un sandwich montréalais, mais ailleurs », raconte Justin. Sinon, le menu est un hommage aux repas en famille au Nouveau-Brunswick, aux delicatessens juifs et aux diners du Nord-est américain, le tout réuni en un seul plat. Ce mélange de souvenirs, de saveurs liées à un lieu précis et de remix intelligents, c’est toute la philosophie de Renzo.

Derrière le comptoir, le menu est une véritable célébration de la variété : quatorze sandwichs dûment numérotés et, dans la digne tradition des delis, accompagnés de leur liste d’ingrédients. Sur une ligne, on peut lire « mortadelle et giardiniera », sur l’autre « aubergine au gochujang et courgettes frites ». Le prix de chaque sandwich se situe aux alentours de 15,75 $, et les options comprennent des saveurs nostalgiques (le sub classique ou le club à la dinde) et d’autres options plus créatives (poulet buffalo et pan bagnat). Il est possible d’y ajouter du fromage, une protéine de votre choix ou des légumes pour quelques sous de plus, et les desserts (dont un pouding chômeur et une key lime pie) permettent de se gâter juste assez.

Menu Renzo
Publicité

Mais les sandwichs ne sont qu’une partie du menu : il ne faut pas oublier les accompagnements, les desserts et les slush alcoolisées aux combinaisons bien pensées – mangue épicée, goyave jalapeño, kalimotxo espagnol – ainsi qu’une sélection de breuvages choisie avec autant de soin que le menu. « On a du soda amaro en fût », précise Bastien Daoust-Beaudin. « Des amis ont brassé une pilsner Renzo juste pour nous. Même le frigo à liqueur a été soigneusement sélectionné. »

On retrouve aussi un petit coin boutique, véritable clin d’œil aux delicatessens d’autrefois, où l’on peut se gâter avec une boîte de sardines ou un sac de chips.

« On a sélectionné des conserves, des chips, des vins d’importation privée… Ç’a toujours été une question de bonne bouffe », ajoute Bastien.

Publicité

Et si l’espace boutique contribue à l’esthétique du lieu, ce n’est pas comme vous pourriez le croire.

Sandwich Renzo

Sur les traces des légendes

« Pour le design, on s’est inspirés de Wilensky’s, de Schwartz’s… Mais aussi de ces anciennes boucheries de la Petite Italie », explique le designer et copropriétaire Guillaume Ménard. « On s’inspire aussi des restos de New York, Boston, Détroit – mais toujours avec une approche contemporaine. On ne veut surtout pas juste être une copie de ce qui se faisait il y a 70 ans. »

Publicité

Ça signifie choisir des matériaux qui vieillissent bien. Rien de trop tendance. « Juste un bon vieux design vintage qui, on l’espère, va se bonifier avec le temps », explique Ménard. « Le carrelage a été fabriqué sur mesure pour nous. Tu ne le trouveras nulle part ailleurs. »

Et cet engagement à simplement bien faire les choses sans trop flasher se reflète également dans la façon dont l’endroit fonctionne. Ouvert 7 jours sur 7, de 11h à 20h, sans horaires étranges ni stratégie de rareté pour générer du buzz.

« C’est ça, faire partie du tissu institutionnel. On est toujours ouverts, toujours là. C’est un peu comme chez nous », dit Guillaume.

Cette idée, celle de toujours être là, est un choix bien conscient. Dès le départ, l’objectif n’était pas d’attirer l’attention des médias culinaires, mais bien de s’inscrire dans le quotidien même de la ville. Rien de trop cheap ni de trop gourmet, un produit accessible, tout simplement. C’est cette logique qui fait que Renzo ne donne pas l’impression d’un pop-up, mais bien d’un lieu qui a toujours été là.

Publicité

Malgré toute l’attention portée aux détails, Renzo cherche surtout à être bon, fiable, et à faire parler de lui. « Vous pouvez facilement prendre un sandwich pour deux, un breuvage, un side… C’est pas si cher, quand on y pense », ajoute Guillaume.

En conclusion, Renzo n’est peut-être pas le cool kid du quartier, mais il risque de rester assez longtemps pour devenir un vieux sage.

Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Soyez le premier à commenter!