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Daniel Johnston, l’artiste préféré de votre artiste préféré

Vibrant hommage au musicien décédé à l'âge de 58 ans.

Par
James Lynch
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Quand j’y pense, il y a plusieurs « Daniel » qui m’ont influencé au cours de ma vie. Que ce soit LaRusso qui m’a donné un crane kick dans le cul pour m’inscrire au karaté quand j’avais 7 ans, ou Spécialité qui m’a montré comment m’habiller comme un boomer et rouler mes « R ». Je n’oublierai jamais leur influence.

D’ailleurs, il y en a un qui a eu un impact majeur sur ma carrière d’artiste : Daniel Johnston. L’univers de cet auteur-compositeur et illustrateur américain fait partie de mon ADN créatif depuis 12 ans.

Véritable extra-terrestre et icône de la scène rock alternative, Daniel a quitté notre planète à l’âge de 58 ans ce mercredi après un arrêt cardiaque.

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En 40 ans de carrière, cet artiste culte a réussi à laisser une marque indélébile sur la culture contemporaine malgré une vie où le chaos était aussi fréquent que ses créations.

L’histoire d’un artiste

Né le 22 janvier 1961 à Sacramento, en Californie, il est le cadet d’une famille fondamentaliste chrétienne. Au courant de son enfance, il développe une fixation sur les Beatles et les comic books. Au début des années 80, il s’installe dans le centre underground-rock d’Austin, au Texas, où il distribue des cassettes faites maison à ses amis et à ses clients, tout en travaillant dans un McDonald’s. Selon son site web, les cassettes étaient enregistrées sur un appareil Sanyo à 59 $! Sans le savoir, il était en train de créer des compositions mythiques avec des noms comme Don’t Play Cards with Satan et Casper the Friendly Ghost. En plus, il illustre aussi ses pochettes et enregistre chaque album à maintes reprises, n’ayant pas le matériel nécessaire pour faire des copies. Rapidement, il devient une petite vedette locale.

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Par contre, derrière son art naïf se cachent des problèmes de santé mentale qui vont l’inspirer, mais aussi lui nuire. Diagnostiqué comme schizophrène avec un trouble bipolaire, il doit se faire interner à quelques reprises au cours de sa vie d’adulte, mettant ainsi un frein à sa carrière artistique.

Dans les années 90, ses œuvres sont célébrées par d’autres musiciens comme The Flaming Lips et Beck. D’ailleurs, une photo mythique de Kurt Cobain portant un t-shirt de son album Hi, How Are You l’aidera même à se faire signer sur un major label!

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L’artiste des artistes

En 2004, l’album de reprises The Late Great Daniel Johnston, met en vedette les chansons de Johnston, réinterprété par des artistes de renom comme Tom Waits et Bright Eyes. L’album montre à quel point Daniel avait un flair pour des mélodies et des paroles mémorables. La version de Beck de sa chanson la plus connue, True Love Will Find You in the End, est particulièrement bouleversante. D’ailleurs, la chanson a même été reprise par plus de 20 artistes, et même par le personnage de Rémi dans Les Invincibles! (pas d’extrait disponible malheureusement).

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Grâce à cet album et un documentaire sur sa vie, Daniel a connu un regain de popularité dans les années 2000. Ainsi, il a continué à faire des albums, des spectacles, des expositions dans des musées à travers le monde, et ce tout en se battant pour sa santé mentale au quotidien. En 2015, Lana Del Rey et Mac Miller ont même contribué au financement d’un nouveau film sur sa vie.

Daniel et moi

Lors d’une visite à Toronto en 2007 chez mon amie Kelly, mon regard s’est posé sur une pochette DVD. Colorée et atypique, le titre de celle-ci a tout de suite piqué ma curiosité : The Devil and Daniel Johnston. Ce documentaire allait changer ma perspective sur l’art visuel, la musique et la santé mentale. Le film est d’ailleurs la meilleure introduction si vous désirez en savoir davantage sur Johnston.

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La même année, j’ai eu la chance de le voir en concert lors de son passage à Montréal. Un spectacle qui m’a profondément marqué, car Daniel devait lire ses paroles avec un lutrin et prendre des pauses à cause de son état de santé. À ce moment, j’ai compris que malgré les obstacles que la maladie mentale pouvait causer, elle ne triompherait jamais sur la créativité.

Il y a quelques mois, j’ai pu me permettre d’acheter une œuvre originale de Daniel grâce à un contrat d’illustration. Un achat symbolique, qui représente le chemin que j’ai fait en tant qu’artiste depuis 12 ans et aussi une source de réconfort lors de périodes difficiles. Si Daniel a réussi malgré la maladie, je n’ai pas d’excuses pour ne pas persévérer en tant qu’artiste.

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Merci, Daniel, je lève un Mountain Dew à ta vie!