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Daniel Côté, le king de l’électro

Par
Judith Lussier
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Bien avant l’invention de Facebook, Daniel Côté partageait des articles de journaux sur son mur : dans la vitrine de son commerce, en fait, où les passants s’arrêtent pour discuter de politique entre deux électros depuis 1979.

Pourquoi avez-vous décidé d’appeler votre commerce Ameublement Elvis?

Parce que c’était super important pour moi d’avoir un beau nom pour mon commerce. Si j’avais appelé ça Ameublement Daniel, j’aurais fermé après deux semaines! J’hésitais entre ça et Ameublement Beatles, mais dans le temps, Elvis était ben gros. J’avais été voir un show à Vegas en 1972. Pour 100$ t’avais l’avion et le billet. Johnny Farago et René Angélil étaient dans l’avion, c’est Cloutier qui organisait ça.
Vous avez l’esprit marketing?
Oui, j’aurais dû faire ça au lieu de vendeur. J’ai toujours des idées pour attirer l’attention. Pis ça marche. Toutes sortes de journalistes ont parlé de moi à cause de mon nom. Ils en ont même parlé dans le Washington Post quand j’ai ouvert un commerce à Cuba. Il y a une loi qui fait que t’as pas le droit d’apporter des objets fabriqués aux États-Unis à Cuba et un journaliste trouvait que je blasphémais le nom d’Elvis en faisant des affaires à Cuba. Franchement!
Vous avez un commerce à Cuba?!
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Oui. C’est le fun, travailler à Cuba, il fait chaud là-bas. C’est là que j’ai rencontré ma troisième femme en 1992. J’aime leur mentalité. Ils ont compris là-bas que l’avenir, c’est les étudiants. C’est difficile pour les gens de mon âge de comprendre ça d’habitude.
Pourtant, vous étiez contre les étudiants au printemps 2012, non?
Non! J’étais avec eux, mais j’étais contre la gratuité, parce que c’est pas possible. En plus, ça n’a rien réglé, leurs manifestations. On aurait dû leur offrir des logements, à la place de ça, autour des universités, les propriétaires font le contraire, ils montent les prix. Moi, je leur offre la livraison aux étudiants. J’étais contre la manière aussi.
Vous êtes contre les manifestations?
Oui. On devrait faire en sorte que toutes les manifs se tiennent à l’Île Ste-Hélène : on deviendrait le premier peuple à manifester dans un endroit où il y a rien à casser! J’ai parlé à Gabriel Nadeau-Dubois. Je lui ai dit que je serais prêt à lui accorder la gratuité et le logement si les étudiants s’engageaient à travailler au moins 10 ans au Québec. Il a dit non.
Le drapeau gai que vous avez mis devant votre commerce, c’est un autre statement politique?
J’ai mis ça pour les olympiades, pour soutenir les homosexuels en Russie. J’ai même pas été capable de mettre le drapeau du Canada. C’est grave hein? N’empêche, j’ai trouvé ça beau les jeux. Ça m’a donné le goût d’aller visiter les petits villages de Russie.
Êtes-vous un vrai fan d’Elvis?
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Oui, mais les objets de collection, c’est des clients qui m’ont donné ça. Tu vois le miroir d’Elvis avec le drapeau de Cuba? C’est Raul Castro qui m’a donné ça, mais dans ce temps-là, je savais pas c’était qui! Y a des gens qui veulent me les acheter, mais je ne les vends pas. Je les ai déjà loués pour le film Elvis Gratton. Julien Poulin, je l’ai eu comme client. Ça a cliqué comme si on était des amis depuis longtemps.
Avez-vous eu d’autres clients connus?
Philippe Couillard est venu récemment acheter des électros pour son fils. Il m’a rappelé qu’il avait acheté les siens ici il y a trente ans, quand il était étudiant. Et j’ai Amir Khadir, lui je l’aime pas! Comme gars il est correct, mais il a fait la pire chose : s’attaquer à un commerce en lançant un soulier dessus parce qu’il vendait des souliers qui venaient d’Israël. Je lui ai dit : «le fréon qu’il y a dans le frigo que je t’ai vendu, il vient d’où tu penses?»
Qu’est-ce que vous aimez dans le fait de vendre des meubles?
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Jaser le monde. Juste à parler au monde de leurs électros, je suis capable de comprendre qui ils sont, leurs problèmes, leurs insécurités. Moi, je ne suis pas un vendeur. Ce que j’aime le plus, c’est l’été, j’installe des bancs devant mon commerce pis on jase de politique. On ne change jamais le monde, mais les discussions, sur le perron, ça finit toujours bien. Ici, on peut se parler sans qu’il y ait de chicane.