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Le film Mom et moi raconte l’histoire (vraie) d’un enfant qui est né à proximité du bunker des Hells Angels, à Sorel. Destiné à devenir criminel, il s’attache d’amitié à Mom Boucher et à son fils, Francis Boucher. Pour lui, les choses tournent un peu mieux. Il deviendra réalisateur…
À quelques jours de la première du film dans le cadre des Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal (RIDM), nous nous sommes entretenus avec le réalisateur et ancien admirateur de Mom Boucher en question, Danic Champoux:
Pourquoi as-tu fait ce film?
Parce que j’avais besoin de fric et que, parmi la pile de projets que j’avais, c’était le seul assez sexy pour la télé. On peut pas vraiment parler de motivation profonde pour ce film. C’est pas du tout un film que je tenais à faire. Si je veux avoir la garde partagée de mes enfants un jour, je dois accumuler le plus de sous possible pour les expertises psychosociales. Pour ça, je suis prêt à faire des films sur l’écologie s’il le faut (pour vrai).
Te considères-tu comme un expert en gang de motards?
Pas du tout. Sérieux, ce que je sais, je l’ai lu dans le journal. Tu en saurais autant si ça t’intéressait le moindrement.
Est-ce que c’est plus facile d’entrer dans les Hells ou d’en sortir?
En sortir, car il ne s’agit que de mourir, se faire tuer ou se suicider, ce qui n’est rien à comparer à ce qu’il faut faire pour y entrer.
Les Hells et les gangs de rue, est-ce que c’est la même chose selon toi?
Non. C’est comme comparer des boxeurs avec des ballerines. Les gangs de rues, ils peuvent être un peu tannants et faire des trucs pas gentils, mais dans le milieu du crime organisé (les ligues majeures), ça reste une bande d’attardés mentaux pas trop de taille.
La guerre des motards est-elle finie pour de bon?
Pour de bon, non. Les Rock Machine se reforment et les Hells commencent a sortir de taule… À moins qu’ils pactisent afin de combler le vide laissé par les Italiens, ça risque de chier.
As-tu des craintes pour ta santé physique en sortant ce film?
Non. Je ne dis rien de mal sur eux et je ne révèle ni ne suppose rien d’extraordinaire. Je parle essentiellement de moi. J’admirais les Hells et j’aime encore en voir… Je vois rien qui puisse les choquer ni les surprendre. Ce n’est pas Mafia Inc. Là, je me ferais petit. Moi, je risque peut- être une petite râclée de la part d’un wannabe qui croira leur faire plaisir, mais pas plus. Les Hells, je les adore.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans la production du film? La scénarisation? Les entrevues? Le montage?
Les avocats et les assureurs frileux qui m’empêchent de faire ma job en voyant des injonctions imaginaires partout. C’est vraiment un bande de pousse-crotte méprisables. Ils mettent réellement le documentaire en péril.
As-tu déjà remarqué des ressemblances entre ton film et «Le chandail», le célèbre film animé de l’ONF qu’on a tous vu des million de fois?
Non. Je l’ai même vu récemment avec mes p’tits et c’est plutôt cheesy et plein de bons sentiments ethnocentriques. Maurice Richard… Franchement, a-t-il au moins déjà tué quelqu’un, lui?
Après avoir fait ce film, te sens-tu soulagé; as-tu fait la paix avec ton passé?
Non. Je suis toujours aussi déprimé.
Serais-tu devenu réalisateur si tu n’avais jamais rencontré Mom Boucher?
Sûrement, car il n’a rien à voir là-dedans. Je suis réalisateur parce que je suis trop con pour faire des études.
Le vois-tu encore? et Francis?
Mom, non. Francis, je l’ai revu y’a environ 6 mois, mais pour le film seulement.
En première à la Grande Bibliothèque, vendredi le 11 novembre 2011, à 20h