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Damien Contandriopoulos: Envers et contre tous

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Damien Contandriopoulos mène un combat contre de puissants syndicats. Titulaire d’une chaire de recherche sur l’élaboration des politiques dans le milieu de la santé, son travail d’analyse statistique de la performance des médecins se fait dans l’adversité… Depuis peu basé en Colombie-Britannique, le détenteur d’une maîtrise en anthropologie, d’un doctorat en santé publique et d’un post-doctorat en sciences politiques continue à se pencher sur le système québécois. Et ce n’est pas la distance qui va calmer ses ardeurs! Autoportrait du chercheur qui ose se mettre le nez dans un milieu ultra controversé.

Professeur titulaire, School of Nursing University of Victoria (C.-B.) / 45 ans / Bicyclette ascendant wetsuit

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Je suis particulièrement fier de… ma contribution à quelques débats sociaux. [NDLR : Il est l’un des chercheurs principaux de l’importante étude indépendante Analyse des impacts de la rémunération des médecins sur leur pratique et la performance du système de santé au Québec, qui a fait beaucoup – beaucoup – de bruit l’hiver dernier. En plus de leur travail statistique,les chercheurs ont réalisé plusieurs entrevues avec des médecins et disons que leur bilan n’est pas des plus reluisants pour les politiques actuelles.] Comme professeur d’université, on bénéficie d’une liberté de parole que peu de gens ont. On a la responsabilité de prendre la parole. J’ai beaucoup de mépris pour les collègues qui font passer leur ego ou leur confort avant ce devoir.


Au Québec, les omnipraticiens et médecins spécialistes… ne sont pas un bon sujet de recherche pour éviter les problèmes, surtout si on s’intéresse à leurs revenus. Jamais dans ma carrière je n’ai été exposé à autant de pression au sujet d’un projet de recherche! Des pseudo-amis m’ont dit que c’était dommage de me voir gâcher mon futur et que je ne savais pas à qui j’avais affaire. Des fédérations médicales ont écrit au scientifique en chef du Québec pour qu’on m’enlève mes fonds de recherche. [NDLR :Des documents à cet effet ont été rendus publics grâce à une demande d’accès à l’information réalisée par un journaliste.] Une des façons que j’ai trouvée pour faire face à ces représailles, c’est d’en parler de manière aussi transparente que possible sur le site de ma chaire de recherche.

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Si les gens savaient que… le système de santé pourrait être complètement différent, ce serait la révolution. Depuis des décennies, l’accès aux soins se dégrade lentement et les gens s’habituent à la médiocrité. Ce ne serait pourtant pas si compliqué d’avoir accès sans attente aux meilleurs soins possible. En milieu urbain, on pourrait trouver à tous les quatre blocs de rues une clinique avec des infirmiers, des travailleurs sociaux, un infirmier praticien spécialisé ou un médecin. Des professionnels qui vous connaîtraient et qui,selon les études, pourraient régler 95 % des problèmes pour moins cher que ce que les structures actuelles offrent. Ces mêmes équipes seraient responsables des soins à domicile sur leur territoire. Fini les personnes âgées en marchette les deux pieds dans la slush, à 6 h du matin, faisant la queue devant la clinique sans rendez-vous…

Ce qui nous empêche d’améliorer le système de santé… Si on caricature, le système est actuellement organisé pour satisfaire les producteurs de soins beaucoup plus que pour répondre aux besoins. Ses dysfonctionnements font en sorte qu’on se sent de plus en plus vulnérable entant que patient. Vais-je avoir accès aux soins? À de bons soins? Et, ce, dans un contexte où je fais confiance aux professionnels qui me soignent et aux institutions qui les hébergent… Il n’y a aucune raison qu’on ne puisse pas répondre oui à chacune de ces questions. Le Québec investit suffisamment d’argent en santé pour que ce soit possible, alors nous devrions être plus exigeants envers le système et nous mobiliser contre la médiocrité.

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