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Critique en règle de « A Recipe for Seduction » (le court-métrage de Poulet Frit Kentucky)
La semaine dernière, Poulet Frit Kentucky et Lifetime ont annoncé en grande pompe un partenariat intitulé A Recipe For Seduction: un court-métrage de quinze minutes avec Mario Lopez dans le rôle d’un Colonel Sanders réinventé:
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Pour les néophytes, Lifetime est une filiale de Disney qui produit énormément de téléfilms qui passent à Canal Vie en après-midi. On va se dire les vraies affaires: c’est un produit plutôt daté et de mauvaise qualité qui fournit un divertissement médiocre, faute de compétition. La plus grande qualité de ces films, c’est qu’ils ne sont pas compliqués et qu’ils finissent vite.
A Recipe For Seduction n’avait qu’à exister pour être applaudi.
Néanmoins, l’internet s’est enflammé pour l’initiative. L’ironie est une tactique de marketing payante. Rire de soi-même en est une autre. PFK et Lifetime ne pouvait également pas se tromper en engageant Mario Lopez : 1) C’est drôle 2) Ça fonctionne bizarrement bien et 3) C’est une autre preuve que les acteurs.trices issu.e.s de la diversité peuvent incarner tous les rôles. A Recipe For Seduction n’avait qu’à exister pour être applaudi…. mais est-ce que c’est bon? Je l’ai regardé afin de répondre à vos éventuelles (et inévitables) questions.
Est-ce que c’est meilleur que ça en a l’air?
Malheureusement, non.
À part le costume de Colonel Sanders sexy, A Recipe for Seduction pourrait exister sans aucune allusion à Poulet Frit Kentucky. Le court-métrage est une série de clichés du réseau Lifetime télégraphiés un à la suite de l’autre: une jeune femme avec un copain qu’elle fréquente à cause de son nom de famille, une demande en mariage qui tourne au vinaigre, un bel inconnu doux comme un agneau, une mère prête à sacrifier le bonheur de sa fille pour conserver son statut social, etc. Vous voyez le genre.
C’est vaguement drôle, il y a une belle diversité au sein des personnages, mais on affirme pas grand-chose si ce n’est qu’il faut toujours écouter son coeur dans la vie et que le Colonel Sanders est irrésistible.
C’est un peu plus court (et conscient de sa propre qualité dramatique) qu’un film de Lifetime normal, mais ce n’est pas si différent de leur programmation régulière. C’est vaguement drôle, il y a une belle diversité au sein des personnages, mais on affirme pas grand-chose si ce n’est qu’il faut toujours écouter son coeur dans la vie et que le Colonel Sanders est irrésistible. Mais ça, tout le monde le savait.
Le film ne fait aucune allusion à la vie du Colonel non plus. Le personnage principal du film, c’est Mario Lopez en costume de colonel sexy et non le colonel lui-même. C’est plate, parce que le bonhomme a eu une vie des plus inspirantes qui aurait fait un bien meilleur film Lifetime. A Recipe for Seduction est passé à côté d’une belle opportunité de redorer l’image de marque de son client.
Pourquoi donc ça existe alors?
Ce n’est pas la première fois que le marketing de contenu utilise le cinéma dans le cadre d’une campagne. On a qu’à penser aux films LEGO, des projets beaucoup plus ambitieux qui ont dû faire vendre des ensembles thématiques par millions.
Je ne surprendrai personne en vous disant que A Recipe For Seduction existe dans l’unique but de vous faire acheter du poulet frit.
Je ne surprendrai personne en vous disant que A Recipe For Seduction existe dans l’unique but de vous faire acheter du poulet frit. Et pourquoi pas! Le marketing de contenu est devenu une alternative à la publicité traditionnelle à une époque ou de plus en plus de marques se battent pour notre attention. Ça ne mène pas toujours à une vente directe, mais produire du contenu qui intéresse vraiment une audience et s’associer avec des médias qui ont un haut indice de confiance, c’est devenu une manière pour les annonceurs de s’insérer dans l’esprit de clients potentiels.
Et ça fonctionne. Par exemple, j’ai acheté mon matelas chez Casper, parce qu’ils commanditent le balado de Bill Simmons. Tant qu’à payer pour un matelas, j’ai opté pour une marque qui offrait une transaction simple, qui utilise des matériaux que j’affectionne particulièrement et qui permet à un de mes producteurs de contenu favoris d’exister. Je ne suis même pas allé voir ailleurs.
Donc, c’est quoi le message à retenir de A Recipe for Seduction?
C’est là que je suis embêté.
Parce qu’il y a un but à chaque campagne de marketing. Un message à passer. Je me suis amusé à aller voir les plaintes sur la page Facebook de PFK Canada entre le 13 novembre et le 13 décembre passé et elles sont à peu près toutes à propos de la même chose : la qualité de la nourriture et l’expérience client.
A Recipe for Seduction n’essaie de résoudre aucun de ces problèmes. C’est un clin d’oeil coquin qui essaie d’accomplir deux choses: 1) Vous donner faim, ce qu’il réussit très bien avec deux scènes où les personnages dévorent du poulet frit en apparence délicieux et 2) Vous prouver que PFK ne se prend pas trop au sérieux. Encore une fois, c’est réussi.
Comme je vous le disais plus tôt, ce court-métrage n’avait qu’à exister pour être applaudi.
Peu importe votre opinion à son sujet au moment de lire ces lignes, vous ne vous en souviendrez que vaguement d’ici un mois. Vous vous souviendrez de Mario Lopez en Colonel Sanders et ça vous donnera peut-être faim.
Le résultat final en dit beaucoup plus sur la volonté de Lifetime d’assumer ses clichés et d’évoluer que sur celle de PFK.
J’aurais aimé apprécier davantage A Recipe for Seduction. Le concept était assez fou pour être mémorable et peut-être même constituer le début d’un renouveau pour l’image de marque de PFK, mais le résultat final en dit beaucoup plus sur la volonté de Lifetime d’assumer ses clichés et d’évoluer.
Allez-y. Constatez par vous-même : l’idée même du film et ce qu’on s’en fait dans notre tête est plus divertissante que le produit final…
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