Crisser le feu dans Twitter… et ce qu’il nous reste de crédibilité

Cela dit, c’est souvent la maladresse plus que les mauvaises intentions qui crée les plus gros malaises…

Mardi soir, François Legault s’est brusquement fait acculer contre le mur par Vincent Marissal, le temps de deux ou trois questions incisives.

Pour ceux qui n’auraient pas vu la chose aller, ça s’est passé comme ça :

À ce moment précis, on pouvait entendre le Narrateur universel de la Vie en général soupirer, dubitatif…

Puis, Legault a tant bien que mal essayé de se racheter, à grands coups de stats, d’études et de : « Soyons bien clairs : les salaires des hommes et des femmes seront les mêmes! »

Y patinait, mononcle… Je m’imagine la face des membres de son équipe de gestion de crise, au moment où ils ont pris connaissance de la situation.

Plusieurs fronts sur table il dut y avoir… Yish…

Bon. On rit, on rit, mais voilà. L’indignation est venue bien vite, en réaction au tweet incendiaire de Legault.

…Mais pourquoi, donc? Ouain, pourquoi? Tiens tiens, c’est moins clair…

Legault a touché un point sensible. Très sensible. Ça, on est tous d’accord. Mais quel point sensible, au juste?

Si on rationnalise en évitant de taxer systématiquement l’assertion de sexiste, misogyne ou rétrograde parce qu’elle propose une modulation de l’importance accordée au salaire en fonction du sexe… qu’est-ce qui nous blesse?

Spontanément, bien sûr : c’est la connotation induite par la généralisation hâtive basée sur le sexe. Bah oui, c’est tout bête.

Mais ça, avec un peu de bonne foi, force est d’admettre que c’est la vierge offensée en nous qui s’émeut, et non la féministe refoulée…

Ouais, bon, les études. C’est en soi un sujet dont on pourrait débattre longtemps, mais ne nous égarons pas.

Toute la maladresse du propos de Legault, c’est qu’il était loin de se douter qu’il s’engouffrerait dans le sempiternel débat de l’égalité hommes femmes. Et au lieu de nuancer son propos devant le sourcillement généralisé, il s’est cramponné à son affirmation en insistant : « Oui mais les études le prouvent! »

Il a ainsi renforcé, dans les esprits échaudés, l’idée que les femmes « sont toutes nées pour un petit pain » …

Ouais, les gens sont de mauvaise foi sur Internet, hein. Faut pas croire!

Enfin…

Y’a un truc qui me chicotte, malgré tout. Je blâme avant tout la maladresse pour expliquer l’incident. Mais reste que ce genre de vision arrêtée de ce que, soi-disant, femmes et hommes veulent me déplait profondément.

Affirmer que les femmes accordent moins d’importance à leurs conditions salariales, c’est encourager l’idée selon laquelle elles vivent en dehors de telles préoccupations; davantage réservées aux hommes. Plus compétitifs, plus enclins à jouer du coude, va!

Franchement, beaucoup risquent de ne pas y trouver leur compte, hommes comme femmes…

C’est aussi sous-entendre que toutes les femmes ont leur juste place dans les professions traditionnellement moins bien rémunérées. Et la justification est facile : elles le choisissent elles-mêmes, ah!

Quand on y pense bien, c’est très insidieux. Et il s’agit d’une problématique dont les tweets à la Legault ne sont que symptomatiques, malheureusement…

Bref.

Tout ça pour dire que c’est une bonne raison de plus pour ne pas voter pour la CAQ (ça, c’était ma parcelle de mauvaise foi personnelle, hohoho)…

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