Logo

Courrier du buzz : vieux buvard, test de drogue et microdosage

On répond à vos questions sur la drogue.

Publicité

Vous avez une question à propos des effets d’une drogue (oui, ça inclut l’alcool!), des meilleures pratiques pour bien vivre votre trip ou de la science qui se cache derrière le buzz? Écrivez-nous à [email protected] . On vous répondra sans jugement et sans donner votre nom!

Cette semaine, on se demande…

Du buvard de LSD vieux de deux ans, est-ce encore bon?

Ça dépend de la façon dont vous l’avez entreposé. Le LSD est particulièrement sensible à la lumière, à l’humidité, à la chaleur et à l’air libre. Si vos buvards sont entreposés dans un endroit sombre, sec, frais et bien scellé, ils devraient être plus ou moins intacts. Dans le pire des cas, ils auront perdu un peu de leur puissance avec le temps, mais ce ne sera ni plus ni moins dangereux pour votre santé qu’à la normale.

Comment savoir si la drogue que je m’apprête à prendre est bel et bien ce que j’ai demandé?

Malheureusement, il n’existe pas de moyen facile et rapide d’en être sûr à 100% (pour l’instant!). La meilleure option qui s’offre à vous, c’est d’envoyer la substance à Get Your Drugs Tested, le seul service canadien qui teste la composition de drogues de rue ouvert au public. Cet organisme possède l’équipement nécessaire pour identifier ce qui se cache dans votre drogue, et le fera pour vous gratuitement. Vous n’avez qu’à en envoyer une toute petite quantité par la poste et ils se chargeront du reste.

Publicité

En passant, il faut savoir que l’envoi de substances illégales par la poste est… illégal au Canada.

Vous pourriez devoir attendre quelques jours avant d’avoir une réponse par courriel. Je comprends que ce n’est pas idéal si vous achetez votre drogue dans un contexte de festival ou de party (le déconfinement arrive enfin!). Dans ce cas, vous pouvez apporter un kit de dépistage rapide aux événements où vous pensez consommer. Ces trousses sont loin d’être parfaites (elles peuvent seulement identifier la présence d’une substance, pas la quantité ni la pureté) et peuvent manquer de précision, mais elles sont très faciles à utiliser et donnent un résultat immédiat.

Suivez attentivement les instructions qui accompagnent le kit de dépistage, et évitez de consommer la drogue si le résultat paraît insatisfaisant.

Publicité

Il suffit de déposer une goutte du liquide sur un échantillon de drogue et d’observer le changement de couleur qui s’opère, comme les papiers PH de nos cours de science du secondaire. Une variété de trousses existe pour des besoins divers, assurez-vous d’en choisir une qui pourra facilement identifier votre substance de prédilection. Faites attention en manipulant le liquide, car il contient souvent des ingrédients corrosifs comme l’acide sulfurique! Suivez attentivement les instructions qui accompagnent le kit de dépistage, et évitez de consommer la drogue si le résultat paraît insatisfaisant.

Finalement, si vous êtes dans la région de Montréal, une autre option s’offrira très bientôt à vous : l’organisme communautaire CACTUS Montréal ouvrira dans quelques semaines les portes de son nouveau service d’analyse de substances psychoactives, le Checkpoint. Gratuit et confidentiel, celui-ci dispose du même équipement que Get Your Drugs Tested, et pourra offrir des résultats fiables en quelques minutes seulement. Tout ce que vous aurez à faire, c’est de vous y rendre avec un petit échantillon des substances à analyser.

Publicité

Quelles vertus associées au microdosage de mush ont bien été prouvées par la science et/ou justifieraient l’application de cette pratique en médecine? Est-ce que ces vertus cachent potentiellement des impacts négatifs sur la santé, psychologique ou autres?

Le microdosage de psychédéliques (champignons, LSD, etc.) est une pratique relativement nouvelle et sous-étudiée qui a gagné en popularité au début de la décennie à la suite des succès rapportés par ses premiers adeptes. Des sondages menés auprès de la population «pratiquante» ont vite démontré des résultats prometteurs : le microdosage pourrait aider à traiter les symptômes de certains troubles de santé mentale, notamment l’anxiété et la dépression, en plus d’aider certaines personnes à être plus efficaces et créatives dans un contexte artistique ou professionnel.

On est encore au tout début du processus de recherche, si bien qu’il est impossible de prouver que l’action psychédélique du microdosage est bien responsable des bénéfices que certain.e.s ont rapportés.

Publicité

Cet engouement a mené à la conduite de quelques études scientifiques préliminaires et la plupart des résultats ont été publiés après 2018. D’autres études plus approfondies sont présentement en cours. On est donc encore au tout début du processus de recherche, si bien qu’il est impossible de prouver que l’action psychédélique du microdosage est bien responsable des bénéfices que certain.e.s ont rapportés.

En fait, des résultats qui vont dans ce sens ont été publiés au début du mois de mars. L’objectif de l’étude était de déterminer si l’effet placebo a un rôle à jouer dans les bénéfices rapportés par les adeptes du microdosage. Les participant.e.s, déjà adeptes du microdosage, ont reçu des instructions claires de la part des chercheur.e.s et ont mené leur propre étude à la maison. Ils ont été divisés en deux groupes, dont l’un microdosait un placebo à son insu.

Publicité

Résultat? Les deux groupes ont rapporté sensiblement les mêmes bénéfices, sans différence substantielle. Plusieurs participant.e.s du groupe placebo étaient tout à fait incrédules quand on leur a annoncé qu’ils en faisaient partie. Pour l’instant, on ne peut donc pas conclure que le microdosage est réellement efficace indépendamment de l’effet placebo, et des recherches plus poussées doivent être entreprises pour prouver que les bénéfices sont vraiment générés par le mécanisme pharmacologique du psychédélique. Rien ne laisse présager que cette pratique sera appliquée en médecine conventionnelle dans un futur proche.

Le risque le plus important demeure l’erreur humaine, comme prendre une trop grande dose par inadvertance.

En ce qui concerne les risques pour la santé, on estime qu’ils sont minimes. Le LSD est une substance assez bénigne d’un point de vue strictement physiologique, et les doses employées dans le cadre de cette pratique sont imperceptibles, c’est-à-dire trop petites pour générer un effet psychédélique. Le risque le plus important demeure l’erreur humaine, comme prendre une trop grande dose par inadvertance et se retrouver sous l’effet du LSD ou du mush dans un contexte inapproprié. Toutefois, certains effets indésirables ont été rapportés dans les sondages, par exemple des maux de tête, de l’insomnie et, ironiquement, de l’anxiété. Toutes ces données sont à prendre en considération.

+++

Publicité

L’objectif du courrier du buzz? Non, c’est pas de vous encourager à prendre de la drogue. C’est surtout de donner de l’information pour permettre à celles et ceux qui font le choix d’en consommer de le faire de la façon la plus éclairée possible.