Courrier aux détenues d’Unité 9

Pour la majorité des téléspectateurs d’Unité 9, la nouvelle série de Radio-Canada est l’occasion de s’habiller en mou pour pleurer avec Guylaine Tremblay et de découvrir l’univers carcéral féminin à travers la lentille de la fiction.

Parmi eux, se trouvent également des amateurs qui écrivent aux détenues comme si elles étaient réelles, profitant d’une tribune web afin d’engueuler les personnages, les encourager et leur raconter leurs propres histoires. Non seulement ces hommes et ces femmes ne semblent pas tracer la ligne entre le virtuel et le réel, mais la production joue le jeu en imaginant les réponses des détenues, fautes de français en prime.

Pleinement impliquée dans le projet du courrier aux détenues, l’auteure d’Unité 9, Danielle Trottier, explique avoir voulu créer un rapport particulier entre le public et les personnages. « Comme on n’arrive pas à tout dire dans chaque épisode, on a pensé permettre aux téléspectateurs de poser des questions directement aux prisonnières. En rédigeant moi-même les réponses, je garde l’essence de la personnalité de chacune des détenues. ».

Parmi les trouvailles relevées sur le site web de la série, voici quatre messages écrits à Jeanne (Ève Landry), la méchante prisonnière qui martyrise la nouvelle venue à Lietteville, Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay).

• « Tu aimes Shandy, OK, t’as le droit, ( moi aussi, j’aime les femmes,) sauf que lorsqu’elle sortira, “elle” t’aimera t-elle encore ? Tu connais sa façon de vivre de penser… etc. Poses-toi les bonnes questions ! Genre… Vaut-elle la peine que j’en fasse autant ? Car après tout, c’est toi qui payera les pots cassés. Bonne chance et @ bientôt. Carole »

• « Tu joue la dure mais je sais que dans le fond t’es une bonne personne, ta pas du l’avoir facile dans ta jeunesse, Mais lâche Marie un peu svp !!! »

Afin de créer l’illusion d’un échange réel, Danielle Trottier a donc créé la réponse fictive de Jeanne, avec un vocabulaire coloré et un français approximatif :

À Shandy, l’irrévérencieuse prostituée interprétée par Suzanne Clément, les messages vont de la drague directe, en passant par des critiques et des conseils :

• « Bonjour Shandy, je voudrais savoir pourquoi tu joue dans le dos de Marie, ce n’est pas très sympathique! Tu voulais l’aider au début et tout, on dirait que tu as changer de bord du tout au tout. J’espère que tu retrouvera la bonne voie et que tu aidera Marie a place de lui jouer dans le dos… »

Voici un aperçu des réponses de la belle Shandy, tout à fait fidèle au personnage :

À l’intention de Michèle (Catherine Proulx-Lemay), la jeune mère qui s’ennuie cruellement de ses enfants, les mots de soutien abondent :

Même le personnage de Suzanne (Céline Bonnier) exprime sa déception de recevoir moins de courrier que les autres, en affirmant comprendre pourquoi elle attire moins l’attention :

Questionnée sur la nature déconcertante de certains messages, l’auteure affirme ne pas avoir été surprise en les lisant. « Les acteurs qui font de la télé rencontrent souvent sur la rue des gens qui leur parlent comme s’ils étaient réellement leurs personnages. En créant le courrier aux détenues, on ne voulait pas provoquer une déconnexion avec la réalité, mais on savait que plusieurs s’exprimeraient comme ça. À la seconde où on comprend que le lien partagé entre le téléspectateur et le personnage ne nous appartient pas, on se concentre sur la grande sympathie exprimée pour les femmes de Lietteville. J’ai même l’impression que la section web est une variante moderne du courrier du cœur. C’est une façon pour certains de communiquer avec quelqu’un qui a vécu une expérience similaire à la leur. Si vous me dites que ça aide à briser la solitude, je suis toujours partante pour ça. »

Si vous êtes curieux d’en découvrir davantage, rendez-vous sur la section du courrier aux détenues de la série Unité 9 : http://unite9.radio-canada.ca/courrier.php