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Coudonc, on n’est pas en vacances pantoute, on rush comme des cons

Chroniques d'un (pas si vieux) « camper van ».

Par
Mélanie Leblanc
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Avec les chroniques d’un (pas si vieux) « camper van », Mélanie Leblanc vous amène sur la route, la vraie. Des chemins sans filtres Instagram, pas toujours glam, souvent bordéliques, mais ô combien divertissants. À bord de John Mel & Camper, son truck de 21 ans (pas de rouille, pas de trou), c’est un départ vers la liberté… et le chaos.

Des fois ça va comme tu veux. D’autres fois, ça va semi comme tu veux. Alors voici:

MONTRÉAL → MANHATTAN

Partis de Montréal à 4h30 du matin, le plan est de mettre le cap sur Manhattan. J’avoue que de passer les douanes me donne un peu la chienne, les douaniers sont rarement impressionnés par des vaners qui partent à l’aventure “to discover your beautiful country”. Évidemment, ils ont peur qu’on y travaille illégalement et qu’une lobotomie subite nous fasse idolâtrer Trump. Thanks but no thanks. Hallelujah ça a pris 10 minutes rentrer aux USA et le douanier de type joe cool a même fait des blagues “do you have enough room for me”.

J’avoue que de passer les douanes me donne un peu la chienne, les douaniers sont rarement impressionnés par des vaners qui partent à l’aventure “to discover your beautiful country”.

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Ça a pris un gros dix heures se rendre (avec pas de lave-glace, on remercie le petit criss de tuyau qui a décidé de boucher en plein milieu du trajet). J’avoue que j’étais un peu stressée à l’idée de trouver une place où dormir sur Manhattan, dans les rues. Place que nous avons trouvée en deux minutes ! No joke! Upper East Side est vraiment génial pour ça: suffit de vérifier les pancartes de stationnement et voir quand il faut déplacer la voiture. À notre grande chance, on est arrivés quelques minutes seulement après l’heure de changement, donc on a laissé John à sa même place durant quatre jours. C’est SURRÉALISTE de dormir à New York, pour gratis, durant trois nuits! Pour passer inaperçus, avant de partir, on a conçu des “panneaux” en coroplast noirs qui, une fois installés dans chacune des fenêtres, coupe la lumière et empêche de voir. Bref personne ne peut dire qu’on est à l’intérieur et on fait nos frais qui se pensent ben bons. Parce qu’on est ben bons, right?

MANHATTAN → NEW JERSEY

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Sentiment qui nous a vite quittés, une fois arrivés dans la plutôt trash banlieue de Philadelphie, dans un New Jersey profond et tartiné de clichés (bébé sur les genoux du conducteur qui fume, dude qui nous demande si on a un gun parce qu’on envisage d’aller au Mexique. Name it, on l’a vécu). Puisqu’il fallait sortir le truck de son hivernation (aka vider l’antigel des tuyaux puisque les températures n’allaient plus descendre sous 0), on s’est loué un terrain sur un terrain-de-camping-non-un-parking-de-camping à 48$US, où tu es tellement collé sur ton voisin que tu peux voir qu’il a pas mis de saucisse dans son kraft dinner, pour souper.

Pour vrai, on s’est regardés. on est partis à rire et on s’est fait un huge spaghatt aux saucisses, avec de la sauce fancy qu’on avait achetée au Eataly à Manhattan, avec un vin trop cher pour la ligue. Vaut mieux boire.

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En remplissant notre réservoir d’eau claire, j’ai bien entendu une petite chute d’eau inquiétante. Inquiétude vite passée me disant “c’est le réservoir qui se remplit qui fait ce bruit”. Mes souliers détrempés m’ont bien prouvé que oui, le plancher du truck était en train de s’inonder. Cinq cm plus tard, on trouve la source: la douche était restée ouverte, durant l’hivernation. Pis là, j’ai entendu mon père, dans ma tête, me dire: “Mel, oublie pas de fermer la douche quand tu vas remplir l’eau”. Yé. De l’eau plein les souliers à 4 degrés. Joie. C’est là qu’un retentissant “Coudonc, on n’est pas en vacances pantoute, on rush comme des cons” s’est fait entendre. T’as beau vouloir garder le sourire, quand t’as frette, t’as frette. Je ne l’aurais pas aussi bien dit. Surtout, je n’osais pas me l’avouer. Mais Antoine l’a bien résumé: on rush comme des cons. C’est le métier qui rentre, j’imagine. Ça s’était juste avant qu’on entende la 2e chute. Cette fois, dans ma tête, pas de voix de mon père qui me dit “de fermer les DEUX fuckin douches”. Parce que oui, criss, on a aussi une douche extérieure, dans un coffre de rangement. Coffre transformé en lac où on range les outils transformés en presqu’îles qui flottent à la surface.

Ça c’est sans parler du chauffe-eau qui j’ai sans doute sauté en oubliant d’ouvrir les valves de propane, avant de le démarrer. Allô les débutants. Fait gris. Fais frette. Ça pue l’humidité. Pas grave, on va prendre une douche pour se réchauffer. Ahahahahaha. Ben non. J’ai tué le calice de chauffe-eau. Ça fait 70 heures qu’on est partis et déjà on a bousillé le truck. Ça promet. On arrive à sourire (en se disant que ça pourrait être pire. Tsé le genre de phrase de psycho pop à 2 balles fuckin pas rapport dans le contexte “on pourrait avoir le cancer et ne pas faire ce trip”. Pour vrai, on s’est regardés. on est partis à rire et on s’est fait un huge spaghatt aux saucisses, avec de la sauce fancy qu’on avait achetée au Eataly à Manhattan, avec un vin trop cher pour la ligue. Vaut mieux boire.

Ça paraît pas, mais on sourit.

NEW JERSEY → MARYLAND

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Du gris, du gris, du gris. C’est notre réalité des premiers jours. En train d’assimiler la vie de vaners, l’appel du lit (king, oui oui, un lit king size dans une van) était bien tentant en ce 31 décembre. Moi j’aurais été du genre à boire une bouteille de bulles pour souper et de me coucher à 21h. Mais mon chum de chef s’est mis aux ronds et nous a sorti un délicieux magret de canard, en direct du stationnement municipal où on s’est posés. Le grand chic. On s’est botté les fesses pour aller défoncer l’année dans un bar universitaire hyper sympathique de Morgantown (West Virginia) à regarder pleuvoir sur Manhattan. Meilleure décision de la vie d’avoir sacré le camp avant le nouvel an!

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Presque pas brûlé, avec sa casquette de trucker pour prouver qu’il est un real.

Comme on aurait des milliers de trucs à raconter, voici, en rafale, des réponses à des questions souvent posées, sur on est où?, , ma page Facebook où je documente notre périple en direct:

  • On a hâte : de trouver le soleil et la chaleur. Ça commence à miner le moral. Des fois, un 5 degrés humides ça fesse plus qu’un petit -2 sec!

On a hâte 2 : de se poser pour quelques nuits, en nature, dans un camping et réaménager le truck selon notre nouvelle réalité.

On a hâte 3 : de se reposer, après avoir trouvé le soleil. En moyenne on roule 4 heures par jour. “Oui, mais vous êtes en vacances”. Vrai. En vacances ne veut pas dire qu’on se repose.

On ne s’attendait pas à : pogner le beat si rapidement. Trois jours de route et on est rendus des vrais vaners qui puent, qui ont le toupet gras et qui s’assument solide!

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Nouvelle passion : les trucks stops. Je les visiterais tous. On dort dans leur parking, on s’y sent en sécurité et en plus, ils ont des toilettes et des douches (12$US la doute, par contre).

Nouvelle passion : les trucks stops. Je les visiterais tous. On dort dans leur parking, on s’y sent en sécurité et en plus, ils ont des toilettes et des douches (12$US la douche, par contre).

C’est quoi les chances : à NY on est tombé deux jours de suite sur Antoinitta, une Chinoise qui habite la Californie. En plus d’avoir presque le même prénom, elle est née à 2 jours de différence d’Antoine. Elle l’a même invité à travailler dans son b&b chrétien. Heille, c’est dommage, je pense que ce ne sera pas possible.

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Prochaine destination: Nashville et Memphis. On va aller swingner chez le King et on vous revient avec nos péripéties.

Des conseils, des cues, un avis? On a hâte de lire vos commentaires ! Hasta luego amigos.