Près d’une décennie après le succès de son groupe Numéro#, Jérôme Rocipon a décidé de refaire de la musique. Mais attention : son but ici n’est pas de tourner dans les radios ou de faire la une des journaux. Le Français d’origine crée pour créer.
Voilà, en partie du moins, la prémisse de son premier film Coucou l’artiste, qui sera présenté ce samedi au Festival international des films sur l’art à Montréal. Dans ce documentaire intime, on le voit en plein processus de création. Tantôt il écrit des pièces sur des trames instrumentales trouvées sur Soundcloud, tantôt on le voit questionner son entourage, ses amis, sa famille.
Rejoint au téléphone plus tôt cette semaine, Jérôme avoue vouloir rejoindre les artistes de chambre, ceux qui créent en parallèle de leur travail. « Je veux susciter des rencontres et des discussions, explique-t-il. Ce que je relate dans le film, ce sont des choses que peut vivre pas mal de monde. »
« Sinon de façon plus égoïste, j’avais le goût de montrer mon univers. Les gens qui me connaissent ne sont pas vraiment surpris. »
Dans le film, on le voit parler de création autant avec des habitués du milieu comme Donzelle qu’avec des membres de sa famille, qui ne sont pas aussi familiers avec la vie de création. C’est le cas entre autres de sa mère, qui tente de le convaincre d’écrire des chansons pour des artistes connus.
« Ce sont les gens qui m’entourent, ce sont des gens qui ont un avis très direct, sans filtre. Ce ne sont pas des artistes. Ce n’est pas méprisant, mais ils ne sont pas au fait de tous les “enjeux” — pis là je prends de gros guillemets parce que c’est pas non plus des enjeux de vie. Mais ils prennent ça de façon très honnête. »
Si le film porte un regard aussi intimiste sur le processus de création, c’est en grande partie parce que le film a été complété presque à 100 % par Jérôme. « J’ai tenté d’impliquer d’autres personnes pour le montage et finalement, c’est devenu une aventure solitaire. Mais je pense que c’était pour la bonne raison parce que j’étais le seul capable de savoir ce que j’avais dans la tête et encore une fois ce que j’avais dans la tête s’est vraiment éclairci vers la fin. »
On comprend d’ailleurs que ce n’est qu’à la toute fin du documentaire, après avoir tourné toutes ses images que Jérôme savait quoi faire avec son projet. « C’est arrivé un samedi matin que je me suis dit que, dans le fond, ce qui est important, c’est juste le chemin. La destination on s’en fout un petit peu. Ça a closé de même et c’est pas mal l’enseignement que j’ai retiré du film. »
En plus des différentes rencontres présentées, on voit plusieurs extraits bruts de création de la part de l’ancien membre de Numéro#. C’est que l’élément déclencheur du projet est survenu lorsqu’il a décidé d’acheter une caméra pour se filmer en train de composer. On retrouve d’ailleurs plusieurs fragments de nouvelles chansons dans le film. La bande sonore est d’ailleurs disponible sur Bandcamp.
Cela ne veut toutefois pas dire que Jérôme Rocipon retournera dans l’arène de la musique mainstream de sitôt. Il se voit plutôt continuer à explorer d’autres médiums dans le futur, que ce soit avec un film de fiction ou avec l’écriture d’un livre par exemple.
D’ici là, il nous donne rendez-vous le samedi 23 mars à 18h30 à l’Agora Hydro-Québec pour la première de son film Coucou l’artiste.