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Ça sent le printemps et la poussière, mais on sent aussi autre chose — une effervescence. La saison des bals de finissants s’amorce et ravive des souvenirs d’une époque pas si lointaine, où les choses étaient plus simples. Mais l’étaient-elles vraiment ? Les années s’égrènent et un jour tu reçois une invitation dans tes courriels pour la rencontre des finissants… shit, dix ans déjà. L’heure est aux bilans.
C’est exactement comme dans Conventum; une bande dessinée de Pascal Girard qui dépeint de façon caricaturale (à peine) la quête existentielle menée par bon nombre d’entre nous lorsque se pointe la date fatidique sur le calendrier. Au moins, maintenant, on part avec une longueur d’avance; on tâte le terrain sur Facebook. On défile des centaines de photos de souper bien arrosés, de panaches de bucks fraîchement terrassés et d’égoportraits en « béling suits ». On ne se le cachera pas, c’est surtout celles de notre crush d’antan qui nous intéressent.
T’auras beau te faire accroire que t’es au-dessus de ça comme Pascal, mais ça commence à te travailler. Pis là, ça te tombe dessus comme une tonne de briques : est-ce que j’étais un loser ou bien un gagnant ? Une vision binaire de la vie dans la jungle urbaine qu’est la polyvalente. Les concours de popularité et de lipsync à l’agora ne veulent plus rien dire aujourd’hui —bring it on bitch!
On commence à se mettre en forme mais ça n’a aucun rapport, non, non : c’est pour la santé ! C’est là que les scénarios commencent à défiler dans ta tête. T’es rendu le clou du party; toi qui n’a jamais été invité à un open house au secondaire et qui passais son vendredi soir au club vidéo avant de ramasser un Subway full mayo en chemin vers la maison.
Tu t’attends à quoi en allant là ? À avoir un moment de rédemption où tu vas prouver ta coolitude bidon au plus beau gars de ta promotion — qui soit dit en passant, vend maintenant des maisons et commence à caler, ha ! Sérieusement, c’est le gars avec un gilet miteux et le regard flou qui donne le meilleur show. Il reste que l’exercice est un brin stressant pour ne pas dire humiliant. C’est un rite de passage vers le monde des adultes qu’on célèbre en se soulant la gueule comme des ados, yé !
Sauf que si t’es comme Pascal, tu vas en suer une shot en t’embourbant un peu plus chaque minute. C’est comme regarder un accident de train au ralenti dans lequel on est simultanément le conducteur et le char sur les rails. Tu te retrouves en plein flashback avec toutes tes insécurités de l’époque décuplées par dix. Une seule solution s’impose : droguer tout le monde. Oui, sortir ta vieille stash de weed afin de les stupéfier et de filer à l’anglaise derrière un écran de fumée en se confortant dans l’idée de ne plus jamais revoir ces gens… avant une autre décennie.
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