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Contradictions de la pensée conservatrice

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La victoire des conservateurs québécois se fait sentir et on n’y voit que du feu. Comme une grenouille dans son chaudron qui attend que l’eau bout.

Les conservateurs québécois se réveillent. Denise Bombardier, Mathieu Bock-Côté ou Richard Martineau s’époumonent chaque semaine dans les médias à rappeler comment c’était donc mieux avant. En plus de promouvoir leur propre vision québécoise conservatrice, ils encouragent l’intégrisme religieux.

Ils expriment en fait de manière assez maladroite leur manque de confiance en soi. Ils ont peur. Suite à leurs frasques, beaucoup de Québécois ont transposé leur inconfort en un sentiment de peur. Peur de quoi?

Peur de ce qui n’est pas comme soi. Ceux ou celles qui n’ont pas les mêmes valeurs que le Québec des années quarante. Celui qui remet en question la famille modèle. Celles qui ne s’habillent pas en bonnes québécoises.

La contradiction est frappante, comme le crucifix duplessiste au sommet d’un parlement qui se dit laïque. D’un côté, on dénonce les femmes voilées, passées en dix ans de tristement soumises à promotrices d’une doctrine imperméable. De l’autre, c’est le modèle familial faussement traditionnel qui s’effrite, et qu’il faut préserver. Au grand plaisir des religieux intégristes qu’on dénonçait juste avant.

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Les théories féministes ont permis la compréhension des disparités et l’adoption de l’égalité homme-femme comme une valeur québécoise commune. Bock-Côté et ses compères les dénoncent maladroitement pour défendre la place de la famille nucléaire tout en pourfendant, au nom de ces mêmes valeurs féministes, les femmes qui se mettent un fichu sur la tête.

Bock-Côté dénonçait la semaine dernière la perte des valeurs familiales hétérosexuelles au regard d’un formulaire de la CSDM qui permet de cocher père ou mère pour les deux parents, là où seules des cases spécifiques pour un père et pour une mère étaient disponibles.

Comment un formulaire respectueux des différents modèles familiaux peut menacer la norme? Les enfants perdront-ils vraiment leurs repères devant une nouvelle case à cocher? Voudront-ils par la suite fonder que des familles homosexuelles?

Jamais le jeune-vieux Bock ne dénonce l’homoparentalité. Il affirme même promouvoir la lutte à l’homophobie. Il souligne simplement que la normativité est menacée, comme si demain Barbie, Walt Disney et les cours de biologie allaient mettre en vedette des modèles familiaux strictement homosexuels.

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Il rappelle en ce sens le célèbre politicien américain Rick Santorum, coincé mardi dernier par l’animateur humoristique du Colbert Report dans un épisode qui deviendra un classique. Avec ses idées proches du Tea Party, Santorum aborde le problème des familles homosexuelles reconnues par l’État :

« Le but de la loi est d’encourager le meilleur, pas de mettre un standard plus bas que ce qui est le mieux, parce que lorsque l’on permet cela, on se retrouve avec ce qui est moins que nécessaire. » (traduction libre)

repères anthropologiques

Le « penseur » Stéphane Kelly prenait une posture philosophique similaire dans les pages du Devoir la semaine dernière en abordant « le déclin du sens de la continuité historique [qui] prive les nouvelles générations des repères sûrs ».

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Le débat sur le voile au Québec réitère aussi les mêmes problèmes conceptuels. En classant toutes les femmes qui portent un foulard comme des dogmatiques, on coupe les ponts du dialogue et de la compréhension mutuelle. On annihile toute possibilité de rapprochement.

En disant vouloir combattre l’intégrisme ou la perte de repères dits traditionnels, on démontre plutôt l’intolérance d’une société qui se drape dans la liberté.

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Twitter: etiennecp