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Considération Y

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Elle fascine, la Génération Y. Enfin, elle obsède à tout le moins ceux à qui elle succédera. Ou est-ce encore l’Y tardive en moi qui s’accorde trop d’importance?

Oui, elle fascine, la génération Y. Et comme elle est bonne pour porter les blâmes qu’on se plait à lui faire porter. « Comme sur le dos d’un canard, les reproches! » Avec raison, peut-être. Qui sait.

Les « enfants rois », les enfants téflon, les « petits cons ». Génération fiasco, ou génération génie? Tout reste encore à prouver.

Mais vers quoi s’acheminent ces enfants de la désinvolture? Ils vont et viennent, dirait-on, mains dans les poches, un sourire narquois accroché au visage. Sans vraiment s’en soucier, ils foncent tête baissée, bercés par l’anomie dans laquelle ils ont été élevés. Armés de rien, si ce n’est que de nonchalance, ils se vouent un « autoculte » inconscient, en faisant de leur impatience bouillante un leitmotiv inébranlable.

Ce sont les apôtres du « moi-je » et de l’introspection. Ils alimentent leur égo en jaugeant constamment la pertinence, la grâce et l’efficience leurs moindres faits et gestes.

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Et plus récemment, on les aura même taxés – du moins certains, parmi les plus jeunes de la vague – de manquer assez de scrupules pour oser foutre le bordel dans l’ordre public. Ingrats et fiers, déranger en se targuant de grands principes. Mais à ce chapitre, je suis trop Y pour être objective.

Fougue proactive (arke, j’ai horreur de ce terme) ou constructive, tout reste encore à prouver, en effet.

Personnellement, ça me fascine. Je suis une dernière-née de la génération Y; à un rien d’être englobée par la suivante, anonyme et « 2.0 ». Bleh. Quelle beige pensée… Rien à faire dans une vague qui n’a pas encore le spotlight braqué sur la figure, quoi. Franchement je suis contente de m’inscrire, même de justesse, dans la foulée Y! C’est tellement plus cool. Et c’est tellement Y, comme raisonnement. Ça me rassure presque. Ah!

Personnellement, je suis assez optimiste quant à notre bande d’Y. Nous sommes peut-être égocentriques, impétueux et parfois vindicatifs, si on nous brouille les cartes. Mais nous avons, je crois, une fougue intarissable. Comme une grosse gang de Monster Trucks qui n’attendent qu’on leur laisse enfoncer le champignon.

***

Pourtant, récemment, j’ai eu le plaisir de lire un portrait percutant de notre génération « late-Y » ; un portrait cependant plus sombre. Une fresque renversante des conséquences avérées de l’extensibilité, voire l’inexistance, des normes qui régissent notre petite existence de bébé-adultes. Et ce malgré la volonté, l’intelligence, le discernement.

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Un soufflet littéraire bien senti qui m’a rappelée que nous nous égarons souvent dans une espèce de décadence civilisée. C’était le roman Charlotte Before Christ, d’Alexandre Soublière. Ouais je sais, tout le monde en a un peu parlé, déjà. Mais ça fait un moment que ça me trotte dans la tête. Sans prétendre dépeindre « sa génération » de façon exhaustive, l’auteur saisit certains éléments fondamentaux de sa réalité d’Y tardif ; la sienne et celle de bien d’autres.

Charlotte B.C, c’est le portrait d’une génération à la fois forte et égarée. L’Y d’Alexandre Soublière témoigne d’un cynisme précoce, dans un monde désenchanté. Il n’est pas con, et il n’est surtout pas naïf. Il est lettré, curieux inellectuellement. Mais au sein d’une réalité bancale qu’il cerne à merveille. À ses dépens, d’ailleurs. Conséquemment, il s’en désintéresse. En repousse les limites.

Une génération gâtée pourrie, probablement, ouais. Mais qui anticipe son propre fiasco de manière perspicace et résignée. Quitte à pallier au mal en redoublant de volonté. Je réitère : pas cons, ces Y-là. Ils ont une perception très intellectualisée de leur réalité, mais tant et si bien qu’ils s’en distancient.

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Cet Y s’adonnerait donc à des comportements décadants, qui se traduisent bien souvent par une sexualité aussi débridée que désintéressée. On aurait donc affaire à une jeunesse en pleine possession de ses moyens, mais qui se dégoûte elle-même ; de par ses lacunes de valeurs, de discipline, de sens…

Refus de vieillir ? Peut-être. Chose certaine, l’Y vit comme un oxymore. Il conserve des réflexes enfantins, tout en s’adonnant à des activités d’adulte et en poursuivant des ambitions qui le dépassent. Mais ça, ce n’est pas une mauvaise chose en soi, cela dit.

Toujous est-il que si on a cru l’Y égoïste et imbu de lui-même, le roman de Soublière apporte une nuance intéressante et troublante : l’Y se refuse au monde davantage qu’il ne se l’approprie. Et son égo n’est parfois qu’une coquille vide, pour pallier à une crise de sens qui, au fond, l’effraie.

Bref. Je trouve qu’il est très intéressant d’appréhender ma génération dans cette optique. Surtout dans le contexte de crise actuelle, où la seule expression qui fuse est l’osti « d’enfant-roi ». La réalité est plus complexe, à mon sens. Pas nécessairement plus glorieuse, soit. Mais plus complexe.
Enfin. Lisez ce livre.

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Je vais aller me désabuser un peu plus en mangeant une molle au soleil. Genre.

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