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Confessions d’un gérant de club vidéo porno

Par
Arturo Pétrie
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J’ai, en octobre 2000, soumis mon CV, un peu à la blague, au sympathique propriétaire d’un club vidéo porno de Laval.

À l’époque, jeune et fringuant, j’imaginais l’emploi temporaire, et j’imaginais aussi que j’allais y faire de fort belles rencontres. Ce que j’ignorais, c’est que les vieux messieurs composaient 98% de la clientèle de l’endroit, et que j’allais rapidement devenir leur meilleur ami, ainsi que leur confident.

Ils ont rapidement pris avec moi toutes sortes de libertés.
«As-tu des films avec des animaux? Ben oui, je l’sais que c’est pas légal, mais t’en as de cachés dans le backstore chu sûr, arrête de niaiser.»

Certains me précisaient leurs goûts avec poésie
«Moé j’aime ça quand y’a ben de l’anal, pis du sperme».

D’autres me confiaient avec tristesse que la porn était leur seul réconfort depuis quelques années. Un de mes employés, un retraité qui cherchait à arrondir ses fins de mois, volait des VHS mettant en vedette son actrice préférée. Un autre client achetait pour 200$ de VHS chaque semaine et quand je lui ai suggéré de se procurer un deuxième magnétoscope pour pouvoir faire des copies, il m’a avoué préférer les originales.

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Ce fut une belle époque de ma vie, empreinte de nonchalance, ponctuée de clients qui voulaient utiliser les toilettes et y amener avec eux des jaquettes de films, et rythmée par l’arrivée des quarante nouveautés hebdomadaires que mes fidèles s’empressaient de réserver pour la semaine suivante.

Ce texte est issu du #27 spécial Âge d’or | Été 2010