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Confessions d’un boucher su’l BBQ

Par
Valérie Duhaime
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Allô. Mon nom est Valérie Duhaime et j’ai peur des barbecues. La preuve : je n’ai pas encore ouvert le mien depuis le début de l’été.

Je tiens à mes sourcils, je ne me fais pas confiance en matière de cuisson, j’ai l’impression que la vache folle et la salmonelle m’attendent dans le tournant chaque fois que je tente de cuisiner des protéines et je n’ai aucune patience culinaire.

Donc, je mange des légumes, des bines pis bien du fromage. Mais j’aspire aussi à être un jour l’auteure d’une grillade dont l’arôme enivrant donnerait envie à mes voisins de me rendre des services.

J’ai donc décidé de prendre le taureau par les côtes (LOL) et d’aller rencontrer un boucher pour qu’il m’insuffle un peu de ses connaissances.

L’affaire, c’est que mon boucher, David Aghapekian de Dans la côte, à Montréal, trouve que c’est pas une bonne idée de manger de la viande tous les jours. Il aimerait mieux qu’on en mange moins souvent, mais de vraiment bonne qualité, issue d’élevages éthiques.

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Et la chose qu’il préfère faire griller sur son BBQ, c’est des asperges.

Well.

C’EST VRAIMENT MEILLEUR, UN BBQ AU CHARBON QU’AU PROPANE?
Complètement, qu’il me répond. En plus de cuire la viande, ça la fume. Le truc, c’est qu’il faut prendre le temps de bien le faire, de faire chauffer les briquettes tranquillement, de bien contrôler la chaleur et d’éviter les allume-feu chimiques.

“Qui veut un steak aux émanations toxiques?”

Certainement pas moi. Et David non plus. Toi non plus, sûrement.

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ON PEUT TOUT FAIRE CUIRE SUR CETTE MACHINE?
Absolument tout, ou presque. Mais il faut y mettre le temps et l’amour, rappelle David. Le truc, c’est de contrôler l’intensité de la chaleur, surtout quand on parle de pièces minces, comme des côtelettes.

“Il faut traiter le BBQ comme n’importe quel autre élément de cuisson. Par exemple, ça prend un thermomètre à viande, mais idéalement ça en prend aussi pour le four.”

Ça confirme mon retard d’apprentissage : je n’ai aucun thermomètre pour rien pantoute.

C’EST QUOI, TES GRILLADES PREFS?
“Au risque de me ridiculiser en tant que boucher, je dirais les asperges. Une grosse saucisse, ça marche aussi. Ou une bonne vieille côte de bœuf. Mais il faut la sortir du frigo quelques heures avant la cuisson, pour éviter de choquer la viande”, confie David.

Bon, une autre affaire, la viande est susceptible. Misère.

QU’EST-CE QUE TU AIMES MOINS?
“Le poulet, c’est plus délicat, mais c’est pas vrai qu’on peut pas le réussir. Suffit de prendre le temps de le faire”, raconte David.

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«Sinon, je n’ai jamais essayé de griller des fruits, mais je suis certain que ça peut être bon. J’aime beaucoup le maïs sur le barbecue, mais ma blonde aime pas ça. Elle dit qu’il y a juste les ostis de Français qui font ça”, s’émeut le boucher.

“Je n’aime pas trop le homard grillé, je trouve que ça l’assèche, ça traumatise la chair.”

Wow, à prendre avec des pincettes, en plus.

C’EST QUOI LE TRUC POUR SAVOIR COMMENT CUIRE LA VIANDE QU’ON A ACHETÉ?
C’est pas sorcier : quand tu l’achètes, t’as juste à demander à ton boucher.

“Il connait son produit, c’est lui qui va te donner les meilleurs conseils”, raconte celui qui est à l’aise avec les high five de remerciements de la part de ses clients, mais insiste fortement sur le fait qu’il faut éviter les contacts de nature sexuelle.

LE BARBECUE EN HIVER, ÇA MARCHE?
“Définitivement, on change rien du tout. C’est pareil.”

David, un homme pratique, stipule tout de même qu’il est de bon ton de mettre un manteau et un chapeau avant de sortir sur le balcon enneigé. Parce que si tu n’es pas au courant qu’un barbecue à l’intérieur, c’est la pire idée du monde, tu ne mérites pas d’en avoir un.

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LE BARBECUE, C’EST BON POUR LA SANTÉ?
Même s’il n’est ni scientifique ni nutritionniste, David est pas mal convaincu que la cuisson de la viande altère les bienfaits de celle-ci.

“Dès qu’il y a coloration de la viande, c’est moins bon pour la santé. Mais c’est comme dans tout, il faut y aller avec modération”, explique-t-il, après avoir fumé une cigarette.

Je me dis qu’il faut bien pogner son cancer quelque part.

C’est bon David, tu m’as convaincu. J’ai juste besoin que tu viennes chez moi m’expliquer comment l’allumer.

***

Pour lire un autre texte de Valérie Duhaime sur la bouffe (et le vin) : “Petit guide pratique du vin”

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