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Les derniers mois de la vie d’Amélie* sont dignes d’un film d’horreur. Mère d’un poupon et conjointe d’un Mexicain, la Montréalaise passe près de 6 mois par année au pays de Gael García Bernal. Une réalité qui a de quoi faire saliver tous les snowbirds québécois.
Sauf quand on est aux prises avec des mauvais esprits. Comme ce fut le cas avec Amélie, qui a bien voulu rassasier notre curiosité en répondant à notre question : comment ça se passe un exorcisme? On vous propose donc une incursion dans cet univers un peu mystérieux (ou un peu grotesque, selon qu’on y croit ou pas!)
Promis, il n’y aucune tête qui tourne à 360 degrés dans ce récit.
Tout a commencé il y a quelques mois, au Québec.
Automne 2018. Amélie est au volant de sa voiture quand la pédale d’accélérateur bloque sans explication. Au même moment, les freins lâchent. «La pédale est non seulement restée coincée, mais elle s’est enfoncée davantage, comme si quelqu’un d’autre pesait à ma place», se souvient-elle.
Ce qui pouvait sembler, à première vue, n’être qu’un bris mécanique sera le premier d’une série d’évènements anormaux.
La chaleur mexicaine
Un voyage en avion plus tard avec son nouveau-né et son conjoint, la voilà de retour au Mexique dans sa maison. Sa maison, oui et non. Elle a été choisie et achetée par sa belle-famille en cadeau. Amélie n’a jamais eu son mot à dire, précise-t-elle. « C’est là que les choses se sont mises à devenir de plus en plus étranges. Fourmis, lézards, coquerelles : notre maison a été infestée par toute sorte de vermines. Ça n’était jamais arrivé avant. On a même eu la visite d’un bébé serpent à sonnette à l’intérieur de la maison. J’ai tellement crié! », raconte-t-elle.
Amélie affirme qu’elle ne comprend pas comment il a pu se rendre là, puisque les portes sont toujours fermées. « Ma maison est entourée de murs. Le seul espace où le serpent aurait pu passer c’est par la porte du mur de brique. Ensuite, il aurait réussi à entrer dans la maison, mais comment », se questionne-t-elle toujours ?
« Je me disais que j’étais rendue folle. Un matin, j’étais couchée dans le lit, endormie, et j’ai entendu une voix masculine crier dans mon oreille. Je me suis réveillée en shakant et en me demandant ce qui se passait ».
Elle n’était pas au bout de ses peines. Puisqu’elle n’occupe la maison que la moitié de l’année, la famille désirait y faire des travaux pour pouvoir la louer à des touristes le reste du temps. Rien n’aboutit. Le premier entrepreneur embauché ne se présente jamais. Pas plus que le second, le troisième et le quatrième. Comble du malheur, le mari d’Amélie se blesse et ne peut pas non plus continuer les travaux. « Mon conjoint s’est cassé la main et ne pouvait plus m’aider, il a eu une rage de dents et les soins lui ont coûté la peau des fesses. » Rien ne va plus.
Au quotidien, les événements inexplicables se multiplient. Ils cassent de la vaisselle si souvent que la simple gaffe ne semble plus plausible, les arbustes plantés autour de la maison ne poussent jamais. Comme si leur propre domicile ne voulait pas d’eux.
« Je me disais que j’étais rendue folle. Un matin, j’étais couchée dans le lit, endormie, et j’ai entendu une voix d’homme crier dans mon oreille. Je me suis réveillée en shakant et en me demandant ce qui se passait », se remémore-t-elle avec effroi.
Craignant pour leur vie, la petite famille commence même à magasiner les assurances vie, mais tranquillement l’idée qu’une force extérieure pouvait y être pour quelque chose fait son chemin. Une solution se pointera alors le bout du nez : l’exorcisme ou le « nettoyage » comme Amélie préfère l’appeler.
La famille n’a jamais été croyante. Amélie était aussi ambivalente sur l’existence des esprits. Si son côté rationnel refuse cette possibilité, la porte reste ouverte « Je me disais : j’ai jamais rien vécu de semblable, je suis qui pour dire que ça n’existe pas. »
Par le biais d’amis de la famille, ils entendent parler d’une femme qui aiderait à libérer les gens de leurs mauvais esprits en les « nettoyant » et les « purifiant ». À bout de ressources, Amélie demande à rencontrer la dame. « On s’est dit, que ça soit vrai ou pas, essayons. Ça va peut-être faire un effet placébo. »
Une séance avec la sorcière du village
« Au départ elle te tire aux cartes. C’est mon chum qui a commencé et la première chose qu’elle lui a dite c’est : “je ne sais pas ce que vous faites, mais vous êtes bloqués de partout. Ça ne va pas du tout.” »
« Ensuite, elle donne un deuxième rendez-vous. C’est à ce moment qu’a lieu l’exorcisme. La séance dure de 45 minutes à une heure par personne. On est entrés à l’intérieur de sa maison. Elle a d’abord mis un immense chapelet sur moi. J’étais assise par terre sur un carrelage, conçus pour les nettoyages, les pieds nus. Ensuite, elle enchaine les prières. Après, elle te purifie avec plein de sortes d’eau bénite. Selon ton cas, elle prépare des eaux faites sur mesure pour toi. J’ai eu et j’ai vécu une expérience différente de celle de mon chum.
« Ça a presque pris une heure. Ils ont brulé énormément d’encens. Ils ont dit des prières. Ils ont passé la moppe et le balai partout dans la maison pour la nettoyer.»
On a conclu les prières pour finalement faire bruler des cristaux. Toute la pièce était envahie de fumée. Ça révélait, ce qu’on m’avait fait. Ce n’était vraiment pas beau à voir, poursuit-elle. J’ai eu une bouffée d’air et j’ai senti comme une espèce de grosse boule dans mon dos. Elle m’a dit qu’elle a vu quelque chose sortir, comme une ombre noire. »
La « sorcière » poursuit son rituel de magie blanche en cassant un œuf. La forme du jaune d’œuf révèle la nature du mauvais sort jeté.
« Elle a confirmé que la personne que j’avais en tête avait été mauvaise avec moi », révèle Amélie.
À la fin de la séance, la dame a remis au couple un sachet de pierres qu’ils doivent avoir avec eux pendant un an, ainsi qu’un bracelet de protection.
Mais l’aventure n’était pas terminée.
Le lendemain, au tour de la maison de se faire purifier.
« Ça a presque pris une heure. Ils ont brulé énormément d’encens. Ils ont dit des prières. Ils ont passé la moppe et le balai partout dans la maison [NDLR À croire que les mauvais esprits n’aiment pas le ménage] . La dame nous a dit qu’elle avait vu des entités partir. Selon elle, deux personnes auraient été assassinées et enterrées sur notre terrain. Ils étaient en colère parce que leurs corps n’avaient jamais été retrouvés et que nous nous étions établis sur leur territoire », débite Amélie toujours sous le coup de l’émotion.
Et après?
Un mois et demi s’est écoulé depuis notre dernière conversation avec Amélie. Est-ce que tout ce processus valait la peine? Est-ce qu’ils sont enfin libérés de leurs « démons »? « Pour mon chum, tout a débloqué! Il a tellement travaillé dans le dernier mois que je l’ai à peine vu. En ce qui concerne la maison, les travaux ont avancé un peu, mais il y a eu de nouveaux bris… Mon chum dit que tout est beau, mais moi je continue de douter », fait savoir celle qui a déboursé 6300 pesos (440$ canadiens) au total pour l’exorcisme.
Amélie veut mettre la maison en vente, mais son chum est encore réticent. Il garde espoir. Ils ont toutefois décidé de revenir à Montréal quelques mois, dans son cas pour travailler, mais aussi pour avoir un peu de répit. « Depuis, je vais beaucoup mieux. Je lâche prise avec la maison, je ne m’acharne plus. »
«Depuis, je vais beaucoup mieux. Je lâche prise avec la maison, je ne m’acharne plus. »
Même si elle dit être prête à passer à autre chose, elle continue de fouiller sur internet à la recherche d’explications plausibles sur ce qui aurait pu se passer dans son corps et dans son logis. « Je suis tombée sur un mentaliste français qui a écrit un livre sur le sujet. Il dit qu’un endroit hanté ne peut jamais être “nettoyé” complètement, que les entités vont toujours y rester, que c’est leur lieu ».
Amélie espère que l’histoire d’horreur ne se poursuivra pas dans l’appartement qu’ils trouveront bientôt à Montréal. Sinon, elle pourra toujours faire appel aux ressources d’ici.
Voilà, vous savez maintenant comment se déroule un exorcisme. Quoique moins terrifiante que cette scène, la pratique est peut-être (on dit bien peut-être) plus efficace contre les serpents à sonnette.
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