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Condescendant ou ascendant con?

Par
Pascal Henrard
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Une amie Facebook a likĂ© un texte du chroniqueur vedette d’un journal qui tache les doigts. Je me suis dit que ça devait ĂȘtre intĂ©ressant.

AprĂšs avoir perdu deux minutes Ă  lire, j’en perds trois Ă  le copier/coller paresseusement en changeant Ă  peine quelques mots pour le rendre pertinent Ă  cette tribune et justifier les Ă©moluments qu’Urbania me verse mensuellement.

Le susmentionnĂ© chroniqueur d’opinion, a commis un texte en rĂ©ponse Ă  un lecteur qui lui demandait pourquoi il Ă©tait aussi condescendant envers les Ă©tudiants. Bien sĂ»r, lui, il trouve qu’il est l’un des rares chroniqueurs Ă  ne pas l’ĂȘtre (condescendant, Ă©videmment, pas Ă©tudiant)
 Et je ne ferai pas de jeux de mot vaseux avec l’étymologie du mot condescendant, j’en ai dĂ©jĂ  fait un dans le titre, vous pourrez en faire d’autres en famille Ă  l’heure du souper, c’est trĂšs facile.

DES YEUX NOIRS

Visiblement, lui et moi n’avons pas la mĂȘme notion de la «condescendance». Alors qu’il copie la dĂ©finition du dictionnaire, il oublie de ne pas prendre un air de dĂ©dain, un ton mĂ©prisant et un style hautain en le faisant.

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Bref, sa condescendance n’a d’égal que sa certitude Ă  faire partie de ces ĂȘtres supĂ©rieurs qui n’ont de leçon Ă  recevoir de personne surtout pas d’un jeune. Il ne fait mĂȘme plus semblant de se trouver pathĂ©tique, il Ă©crit ce que beaucoup de gens pensent de lui : «Le pauvre, il est con comme la pluie, mais au moins, il fait un effort, je devrais donc agir comme si ce qu’il disait Ă©tait passionnant »

En voyant les étudiants boycotter leurs cours pour une cause qui nous semble juste et qui, surtout, se tiennent (encore) debout, il se range du cÎté des paby-boomers extraordinairement condescendants. Il regarde les étudiants avec ses yeux noirs et leur parle franchement, en ouvrant son livre à lui et en faisant le contraire de les respecter, de les considérer comme des égaux.

À QUATRE PATTES
En bon chroniqueur, il s’adresse au lecteur en leur posant des questions dont les rĂ©ponses sont des truismes fallacieux et des poncifs sournois.

Exemple?: «C’est beau de voir ces jeunes descendre dans la rue, mais ils se battent pour la mauvaise cause». «C’est de leur Ăąge. On Ă©tait tous Ă  gauche quand on avait 20?ans». «Au moins, ils ne passent pas leurs journĂ©es Ă  jouer au Nintendo, ils font l’apprentissage de la vie citoyenne, c’est un pas dans la bonne direction».

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Il se moque du lecteur en disant que ceci c’est de la condescendance, mais que, lui, ĂŽ non jamais,?n’oserai s’y adonner ! En passant, il injurie l’intelligence des Ă©tudiants, la vitalitĂ© de la gauche et le droit Ă  la manifestation!

Ce chroniqueur a tellement peur de dĂ©truire son petit Ă©go fragile de chĂšre vedette mĂ©diatique qu’il a perdu le rĂ©flexe d’ĂȘtre franc et honnĂȘte avec lui-mĂȘme. Il est toujours Ă  quatre pattes devant lui-mĂȘme (je sais, ça demande un peu de gymnastique), Ă  s’extasier devant ses moindres mots et textes. Il commet un torchon, il crie au gĂ©nie comme s’il Ă©tait la rĂ©incarnation de Victor Hugo.

Il se promÚne de tribune en tribune en déclarant que la hausse est tout à fait raisonnable et il se prend pour Louis-Joseph Papineau. Les nerfs, calvaire?!

Il a tellement de carrĂ©s rouges en travers de la gorge qu’il crache sur tout ce qui bouge sans faire aucune distinction.

Avouons que le pauvre chroniqueur a perdu tout sens de la mesure.

LA BOUCHE PLEINE

Et aprĂšs
 attendez-vous Ă  ce qu’il compare la situation des Ă©tudiants avec celle des enfants d’Afrique engagĂ©s de force dans l’armĂ©e, des jeunes filles du Maroc obligĂ©es de marier leur violeur ou des enfants des pays du Tiers-Monde qui ne peuvent aller Ă  l’école, car ils doivent bosser dix?heures par jour dans des usines.

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En conclusion, il ira de son petit calcul savant oĂč les Ă©tudiants organisent une grĂšve de la faim la bouche pleine pour combattre une hausse de 89?sous par jour.

Il nous niaise, non? Et il faudrait en plus l’applaudir? Saluer sa «franchise», ses «vraies affaires», son «bon sens»?

Pauvre, pauvre chroniqueur. Il baigne dans l’auto-complaisance jusqu’au menton, et il va se plaindre parce qu’on rit de lui


Si vous avez le courage de lire l’original, il est ici : http://www.journaldemontreal.com/2012/04/10/qui-est-condescendant-#.T4V_CzKQzSw.facebook

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