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Comptable pour artistes

Par
Judith Lussier
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Stéphane Guy est comptable pour des organisme culturels. Son travail: montrer à des artistes que les chiffres, ce n’est pas si effrayant que ça.

Est-ce que c’est vrai que les artistes sont désorganisés dans leurs finances?
La poche de factures toutes chiffonnées, c’est un mythe. Même les jeunes compagnies sont très organisées.

Ils doivent bien avoir de petites faiblesses fiscales, quand même, non?

Le gros problème des artistes, c’est qu’ils ont peur. Dès que tu leur parles de postes budgétaires et de bilan annuel, il leur pousse de l’urticaire. Ils ont peur de ne pas comprendre et d’être mêlés. Ça vient de là, le cliché de l’artiste qui se fait enfirouaper par son agent : c’est parce qu’ils ne veulent pas voir à leurs affaires qu’ils se font avoir.

Comment arrives-tu à fonctionner avec eux alors?
Je leur montre les rudiments, et très vite ils comprennent. Faut dire que j’ai moi-même un côté artistique, j’ai ma propre compagnie de théâtre, et je suis musicien à la base. Je comprends, donc, qu’on puisse faire des choix financiers qui ne semblent pas rationnels à première vue, mais qui font partie d’une démarche artistique.

Comment as-tu appris à faire la comptabilité des artistes?

J’ai un baccalauréat en Relations industrielles et un certificat en Administration, mais je ne suis pas comptable agréé. J’ai appris par l’expérience. Parfois, j’en sais plus que les C.A. parce que les organismes culturels, c’est ma spécialité.

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Tu connais des tours de passe passe?
Oui, peu de personnes savent, par exemple, qu’au Québec, les droits d’auteurs, en bas de 15 000$, ne sont pas imposables. Des frais de maquillage, ça peut avoir l’air non déductible, mais pour un artiste, ça l’est. Comme je suis administrateur de plusieurs organismes culturels, je m’occupe aussi d’aller chercher des subventions.

Qu’est-ce que ça te fait quand on traite les artistes de BS de luxe?

C’est épouvantable! Tant qu’à y être, les policiers, les pêcheurs et l’industrie de l’automobile sont subventionnés. Parfois, j’entends même dire : «Ils n’ont rien qu’à se trouver un vrai travail». C’est grave. Ça questionne la place de l’art dans la société. Il y aura toujours du monde qui ne comprendra pas, pour qui l’art sera trop obtus, mais ça demeure essentiel dans notre société.