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Comprendre la musique classique, ou l’art de tendre l’oreille

Guide d’écoute active pour mélomane en herbe!

Par
Estelle Roy
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URBANIA et l’Orchestre symphonique de Montréal sont fiers de s’associer pour vous faire renouer avec les classiques!

Ah! La musique classique… ce trésor sonore qu’on enfouit bien trop souvent sous des strates de préjugés. Sous ses vieux airs sentencieux se cache pourtant un univers éclectique, où valsent une multitude de styles et d’époques pouvant certainement plaire à n’importe quel type de public, tant en jogging qu’en smoking.

Au cinéma, au restaurant, à la télé, à la cérémonie de mariage de votre cousin Dave (shoutout au Canon de Pachelbel), la musique classique fait partie du paysage culturel depuis bien longtemps, ce qui fait en sorte qu’inconsciemment ou non et à différentes échelles, notre initiation à cette forme d’art a déjà commencé.

Comme tous les goûts sont dans la nature, vous n’aimerez probablement pas tous ses courants.

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Donc maintenant que vous avez pris conscience que vous aussi, simple quidam, vous avez le potentiel de pouvoir blaster du Beethoven dans votre demeure, vous vous demandez sans doute par où commencer pour apprécier une œuvre classique à sa juste valeur, n’est-ce pas?

Mélomanes en herbe, ôtez la cire de vos belles grandes oreilles et suivez-moi à travers le guide que je vous ai préparé. Je ne vous promets pas que vous serez promu.e directeur.trice d’un orchestre demain matin avec ça, mais disons que ce sera une assez bonne piste de départ pour impressionner vos beaux-parents lors de votre prochain souper.

Maestro, musique!

Étape 1 : trouver chaussure à son pied

En premier lieu, il faut savoir que le terme « musique classique » englobe de très nombreux genres, découpés selon des périodes clés. Comme tous les goûts sont dans la nature, vous n’aimerez probablement pas tous ses courants. Il se peut qu’une fugue baroque vous transcende, comme c’est aussi tout à fait possible qu’un impromptu de Schubert vous endorme ben raide. Pour moi, c’est plutôt l’inverse, mais ça vous appartient.

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Il faut aussi savoir que les musiques dites « actuelles » empruntent souvent au classique : vous avez donc déjà un peu de ça dans le sang! Par exemple, dans le classique de Céline All By Myself, l’air du couplet s’inspire d’un concerto de Rachmaninov. Vous ne saviez probablement pas non plus que quand vous chantonnez Alejandro de Lady Gaga, vous chantez du même coup l’air de la Csárdás de Vittorio Monti!

Donc, pour trouver votre style chouchou, vous devrez procéder un peu par essai-erreur, finalement.

Mais question que vous n’ayez pas à parcourir un catalogue vieux de quelques centaines d’années, j’ai vulgarisé pour vous (de façon tout sauf scientifique) les caractéristiques des époques phares de la musique classique, en les associant à des traits de personnalité.

(N.B. Les traits de personnalité suivants sont le fruit d’une méga généralisation de courants musicaux ultracomplexes. À prendre avec deux-trois grains de sel.)

Baroque (1600-1750) : pour les personnes à la fois éloquentes, flamboyantes et distinguées. Un peu le genre de monde qui triperait sur les cabarets burlesques, tsé.

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Classicisme (1750-1810) : pour les gens qui adoptent un mode de vie sain et organisé, aka fans de Marie Kondo et/ou de meal prep.

Romantisme (1800-1900) : pour les éternels passionnés, en amour avec l’amour, ne possédant rien de moins qu’une bibliothèque remplie de vieux journaux intimes. Point bonus si vous avez eu une phase emo vers 2006.

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Contemporain (de 1950 à aujourd’hui) : pour ceux et celles qui tripent fort à regarder une performance d’art un vendredi soir dans le sous-sol d’un vieil entrepôt désaffecté. Ai-je vraiment besoin d’en dire plus?

Pour les plus téméraires, il y a aussi les époques du Moyen Âge (jusqu’au début du 15e siècle), de la Renaissance (environ 1400-1500) et de la musique moderne (1900-1950) à explorer. Mais pour une première écoute, je vous suggère fortement de vous en tenir à l’un des courants proposés – des styles nettement plus faciles à digérer pour débuter.

Étape 2 : se poser

Une fois l’œuvre de votre choix sélectionnée (en fonction de mon test de personnalité infaillible), c’est le temps de passer à l’action.

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Je vous rassure tout de suite : une ou deux oreilles (idéalement deux) et du temps, c’est littéralement tout ce que ça prend pour savoir apprécier la musique classique. Jusqu’ici donc, vous devriez être correct.

Pour agrémenter l’expérience, il est important que vous vous installiez confortablement, dans un endroit où vous vous sentez bien et libre de penser. (Idéalement pas à côté du four pendant que votre coloc est en train de se cuisiner une grosse batch de sauce à spag avec son équipe de rugby, mettons.)

Perso, j’aime bien tamiser un peu les lumières, question de me mettre dans le mood. Tisane, verre de vin ou tout autre plaisir au choix est aussi chaudement recommandé. En gros, vous l’aurez compris, le but est de se mettre dans la disposition la plus chill possible. Jusqu’ici encore, pas supposé être trop compliqué.

Étape 3 : se laisser bercer

Maintenant que vous êtes bien installé, ça vaut la peine que vous cherchiez à vous doter du meilleur son possible. Si vous aimez vos voisins, c’est l’occasion de sortir votre meilleure paire d’écouteurs. Si vous avez la chance de pouvoir crinquer le volume d’un bonne chaîne stéréo, de grâce, saisissez cette occasion en or.

Ensuite, c’est pas sorcier : fermez les yeux, pesez sur Play puis laissez la magie opérer. Ne tentez pas de prévoir ce qui va se passer : laissez-vous simplement enivrer par l’univers sonore. Savourez le moment présent, comme dirait votre coach de vie.

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Quand la phase « méditation » s’estompe et que vous commencez tranquillement à descendre de votre nuage, la deuxième phase peut débuter : celle de l’écoute active.

Étape 4 : en faire sa propre interprétation

Si plusieurs instruments jouent simultanément dans l’œuvre que vous écoutez, tentez de repérer un instrument en particulier. Si vous n’avez pas des années de solfège dans le corps, je vous suggère de cibler un instrument facilement reconnaissable, comme le piano ou le violon. Si vous êtes plus du type « j’ai skippé tous mes cours de musique au secondaire », le triangle ou la cloche à vache peut aussi faire l’affaire, le choix vous appartient. L’important ici est de tâcher de suivre sa trajectoire et de ne jamais la lâcher.

Lorsque la ligne de l’instrument choisi vous sera devenue familière, tentez maintenant d’interpréter le message et les émotions véhiculées par ses longs phrasés. Qu’est-ce que le compositeur tente de communiquer? Un message d’espoir? De la mélancolie? Un p’tit mot pour Kevin? Allez-y all in et usez de votre imagination. Profitez-en pendant que personne ne peut lire votre pensée.

Ne tentez pas de prévoir ce qui va se passer : laissez-vous simplement enivrer par l’univers sonore.

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Répétez ensuite le même exercice, mais cette fois avec un autre instrument, puis un autre, et ainsi de suite. Ultimement, tentez de comprendre comment les instruments interagissent, s’échangent la mélodie et se répondent. Je vous le jure, cet exercice est enseigné dans les écoles de musique et, même si vous avez de la difficulté à le croire, il peut très bien se faire à jeun.

Étape 5 : repérer les symboles clés

La prochaine étape est d’essayer de repérer un motif musical qui revient de façon récurrente dans l’œuvre. C’est ce qu’on appelle dans le jargon un « leitmotiv », soit un motif ou un thème très caractéristique qui sert à rappeler une idée, un sentiment, un état ou un personnage.

Ce procédé est d’ailleurs très utilisé de nos jours dans la musique de film. On n’a qu’à penser au thème culte de Dark Vador ou à celui d’Harry Potter pour mieux comprendre la puissance de ce leg musical.

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Étape 6 : transposer ses apprentissages en des lieux tout à fait appropriés

Finalement, je n’apprends rien à personne en vous disant qu’une salle de spectacle est, de loin, le meilleur endroit pour apprécier la musique classique dans toute sa splendeur. En plus de permettre de profiter d’une acoustique impeccable, assister à un concert est aussi une façon de s’imprégner d’une œuvre de manière plus profonde, plus immersive, chaque note étant créée et partagée dans le moment présent.

Pour vrai, faites-moi confiance et tentez l’expérience. Vous me remercierez plus tard.

À l’OSM, les personnes de 34 ans et moins peuvent profiter d’une foule de billets de concert à 34 $. Une façon abordable de combler votre appétit d’apprenti mélomane.