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Complète la phrase….avec Louis T, humoriste à cravate
Pour Louis T, une statistique sur le nombre de décès par arme à feu aux États-Unis peut devenir une super prémisse de blague, pas juste une donnée froide et morbide. Loin des « J’tu-tu seul qui… » ou des « Ma blonde est tellement folle que… », l’humoriste propose un ton et un angle complètement différent de la majorité de ce qui se fait dans le milieu. Ses textes sont basés sur de rigoureuses recherches, ses angles sont nuancés, son propos est appuyé par de vraies données vérifiables… décidément, ce doit être le seul humoriste à avoir le site internet de Statistiques Canada dans ses favoris. Ce qui pourrait devenir un ennuyant exercice bourré de chiffres compliqués s’avère être particulièrement efficace dans la bouche de celui qui est nommé aux prochains Gala des Olivier pour ses capsules web Vérités et conséquences, diffusées entres autres sur la plateforme web d’URBANIA. Parce que Louis T réussit là où plusieurs se sont cassé les dents : il nous fait rire de bon cœur en tout en nous invitant à nous remettre en question.
Habitué de parler d’actualité dans ses numéros, Louis T se prononce constamment sur divers sujets et enjeux de société. La définition même de son humour le force à étaler ses opinions, ou à tout le moins à se commettre d’un côté ou de l’autre d’une idée. On a voulu lui offrir une pause de sujets très sérieux en abordant avec lui une partie de sa vie plus personnelle dans le cadre d’un article Complète la phrase…
Parce que derrière l’humoriste cravaté au regard aiguisé sur le monde se cache un homme, un chum, un père de famille et un autiste asperger récemment diagnostiqué. Y’a pas à dire, Louis T est beaucoup moins plate que le laissent transparaître ses habits…
Le T, c’est pour….
Ça commence plate! Hahaha! Le T c’est pour Tremblay. À l’École Nationale de l’Humour, je disais à la blague que je voulais un nom d’artiste. Et j’ai fini par me prendre au sérieux! C’est surtout qu’il y avait déjà tellement de Tremblay dans le paysage, qu’il me fallait un peu me démarquer. C’est tout :-D
Je m’habille en mou quand…
Tellement souvent! Quand je vais au café écrire, quand je fais l’épicerie ou que je vais chercher mon fils à la garderie. Pour de vrai, si je m’habille en complet et assez chic lorsque j’ai des événements sérieux, je passe vraiment la majorité de ma vie en mou. Au point où ça dérange ma copine. Je peux très bien aller dans un souper d’amis en jogging. Je déteste manger et avoir un pantalon serré, ça brise tout le fun de manger! Cherchez pas à comprendre :-)
Quand ça jase de politique dans ma famille, je…
Monte le ton, je parle trop, j’ai peu de nuance, je m’emporte et je ne saisis pas les signaux que tout le monde essaie de m’envoyer comme quoi il vaudrait mieux changer de sujet. Vous savez, les thèmes qu’on dit ne pas devoir aborder à table? La religion, l’argent, le sexe, la politique. Ce sont les seules choses dont j’ai envie de parler! J’ai beaucoup de difficulté avec le small talk. Quand ça arrive, je m’efface, j’attends et parfois (trop souvent) je vais sur mon téléphone en attendant qu’on en revienne à des sujets plus sérieux.
Mon fils me fait réfléchir sur…
L’avenir. Il me force à être plus optimiste, à travailler pour un avenir meilleur. Ça fait du bien pour quelqu’un qui est de nature plus pessimiste comme moi. Il m’aide aussi à déconnecter. Avec lui, j’arrive à vivre le moment présent. Ce qui m’arrive très peu souvent sinon. Voir jamais. Mais un bébé qui rit, qui sourit, qui crie ou qui pleure, ça te ramène dans la vraie vie assez rapidement :-)
#MoiAussi…
Moi aussi j’ai pas toujours été parfait, rien d’illégal, capotez pas! Mais je suis pas fier de tout ce que j’ai fait dans ma vie, plus jeune surtout. Les bars, l’alcool, la jeunesse, ça amène certaines maladresses. J’ai manqué de confiance, j’ai pas toujours été gentil ou respectueux, j’ai pu manquer de délicatesse. Et j’ai des regrets. Mais aujourd’hui, je me dis que la meilleure position à avoir, ça reste celle d’un allié. Sans se positionner meilleur que les autres, sans faire la morale, juste en étant là, en allant dans le bon sens, en ne mettant pas de bâtons dans les roues. Être à l’écoute. Et si possible, participer à ce que les choses s’améliorent.
J’utilise mon diagnostic d’autisme à mon avantage quand…
En spectacle, je tourne au ridicule ma tendance à dire des choses sans tact et de manière exagérément rationnelle. Mais jamais dans la vraie vie. J’essaie de ne pas transformer mon diagnostic en béquille ou en excuse pour tenir des propos ou agir d’une certaine façon. J’extrapole et j’en ris sur scène. Mais en réalité, j’essaie de comprendre les mécanismes de mon cerveau pour en atténuer les désagréments.
Dans un bar de danseuses, je suis le gars qui…
Est pas là. J’y suis déjà allé à quelques occasions, mais ce n’est pas une ambiance qui m’attire. Pas nécessairement pour une question de principe, quoi qu’un peu, mais je n’y ai jamais eu de plaisir. Ça me rend mal à l’aise. J’y vois que de la détresse, de la tristesse. Cela dit, c’est un jugement qui n’a peut-être pas sa place non plus. Certaines personnes doivent y travailler de leur plein gré, en connaissance de cause, et c’est leur droit. Parfois d’ailleurs, j’ai la pitié mal placée. Il m’arrive de me sentir super mal pour des gens, quand ce n’est pas nécessaire ou ça peut juste devenir insultant. Je me souviens plus si c’est de l’empathie ou de la sympathie, mais il y a un des deux que je maîtrise mal. Si quelqu’un a mal, je ne me mets pas à sa place, j’ai mal. Pis parfois, j’ai mal pour quelqu’un… qui n’a même pas mal. :-D
Pour décrocher complètement, je…
Regarde des films d’action sur Netflix. J’essaie quand même d’y aller pour des films ayant reçu de bonnes critiques, je ne suis pas un grand fan de série B par exemple, mais un film d’action bien fait, pour se mettre le cerveau à off, c’est efficace! :)
L’humour québécois aurait besoin de…
Se regarder dans le miroir plus souvent. Plus d’introspection, d’autocritique et de maturité. Mais ça, c’est tous les gens en général qui auraient besoin de ça, m’incluant bien entendu :-)
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Louis T le dit lui-même dans ses numéros, il ne ressent à peu près pas d’émotions. Ou en fait, les émotions qu’il ressent ne sont jamais à high. Alors qu’en humour, certains ont tendance à exagérer, amplifier ou grossir des histoires, Louis T, lui, trouve du rationnel dans une virée aux danseuses. Vous ne le verrez pas s’emporter sur un sujet ni exploser de joie à l’annonce d’une bonne nouvelle. Et cette logique, cette façon de vouloir comprendre tous les aspects de chaque sujet, Louis T la maîtrise tellement bien qu’il s’en sert de manière hyper efficace dans son humour. Constatez-le par vous même en allant voir le rodage de son premier one-man-show qu’il présente un peu partout au Québec, notamment le 15 décembre au mythique Vieux Clocher de Magog. Pour toutes les autres dates de sa tournée, vous visitez le www.louist.ca.