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Un podcast a changé ma vie.
Il y a 2 ans, j’étais en pleine remise en question. J’imagine que l’algorithme de YouTube veillait sur moi, parce que c’est pendant cette période qu’il m’a recommandé un épisode du podcast Répète pas ça. L’invité ce jour-là était José Gaudet. Quand, au cours de la discussion, il a dit « quand tu l’échappes, tu n’es plus sur le bon poste, tu griches » je me suis reconnu. J’étais comme une radio du Supermercado et j’avais pas encore trouvé la bonne fréquence. Un an plus tard, j’allais mieux et je m’inscrivais à une formation sur la communication, question d’améliorer mes relations personnelles. Animée et conçue par le coanimateur de Répète pas ça, Guillaume Dulude, elle m’a permis d’améliorer mon écoute, mon empathie et surtout de rencontrer un modèle de discipline.
Voyez-vous, Guillaume Dulude est docteur en neuropsychologie, entrepreneur, animateur télé, conférencier, athlète, consultant, aventurier et maintenant auteur. Bref on croirait lire la description Tinder d’un frais chié. C’est tout le contraire.
Dans le cadre de la sortie de son premier livre, Je suis un chercheur d’or – Les mécanismes de la communication et des relations humaines, je me suis entretenu avec lui pour jaser communication, relation et procrastination en temps de pandémie et même de ses vices!
La conscience dynamique, de quessé!?
Depuis 15 ans, Guillaume va à la rencontre de tribus nomades à travers le monde pour comprendre, analyser et expérimenter différentes façons de communiquer. Il anime d’ailleurs Tribal, une série qui le suit lors de ses différentes expéditions, de la Mongolie à la Tanzanie. Bref, imaginez Indiana Jones qui prendrait le temps de vivre avec une tribu au lieu de la piller. Dans son livre, il s’est affairé à condenser ses récits de voyage et les leçons qu’il a tirées au cours de sa vie en y appliquant les bases de la «conscience dynamique».
Depuis 15 ans, Guillaume va à la rencontre de tribus nomades à travers le monde pour comprendre, analyser et expérimenter différentes façons de communiquer.
En gros c’est une théorie qui définit notre sensibilité, nos connaissances et surtout notre conscience à reconnaître des signes chez un interlocuteur (écoute, réflexes, comportements, etc.) qui nous permettent de nous ajuster en temps réel à la conversation. Ainsi, on peut créer un climat plus favorable pour nouer les relations interpersonnelles que nous souhaitons.
En suivant l’atelier, j’ai réalisé que ça faisait 30 ans que je n’écoutais rien. C’est le cas pour plusieurs d’entre nous et on s’entend, 2020 n’a été facile pour personne que ce soit sur le plan des communications ou des relations. Rien pour améliorer notre écoute! Ça m’a donc donné envie de lui lancer une invitation Zoom (allo 2020) pour en discuter.
Répondez donc au téléphone!
Évidemment, on n’a pas pu s’empêcher de parler de pandémie et de tout ce qui vient avec. Je l’avoue, je ne comprends pas comment on peut développer des relations en étant confiné ou avec un masque dans la face. Étonnamment, la solution, selon lui, est simple: la technologie. Mais encore faut-il bien choisir nos outils et bien les utiliser.
«C’est vrai que c’est dur en ce moment. Pour créer une relation, ça prend des conditions de conversation. OK, mais quelles conditions? Il faut se rencontrer quelque part. Parfait, mais où? Tout est fermé. […] Une des seules solutions qui reste, c’est le téléphone. Sauf que ce n’est plus vraiment la mode. Les gens fuient le téléphone comme la peste, surtout les plus jeunes. Mais si on veut développer quelque chose, il faut se parler de vive voix, on a pas le choix.»
Alors voilà, on appelle et surtout, si quelqu’un nous téléphone on répond. Mais Guillaume va encore plus loin. Selon lui, les communications en ligne via Messenger ou encore les textos n’appartiennent plus à la communication humaine. Il s’agirait plutôt de stimulation de type sociale, de « gamification », une forme de jeu dont il faut s’extirper si on veut arriver à mieux se parler.
«Les gens fuient le téléphone comme la peste, surtout les plus jeunes. Mais si on veut développer quelque chose, il faut se parler de vive voix, on a pas le choix.»
«On a jamais été autant gâté en technologies, mais les gens n’ont jamais été aussi anxieux de communiquer », me dit l’explorateur qui ajoute que la pandémie n’explique pas à elle seule la vague d’isolement à laquelle on fait face actuellement. Par peur de se montrer vulnérable, on évite trop souvent les occasions qui se présentent à nous d’entrer en relation. Quand on vous disait de répondre au téléphone quand une personne de votre entourage vous passe un coup de fil ? C’est ça.
Fuck la procrastination
De la communication en temps de pandémie, notre conversation a bifurqué vers d’autres défis qui se sont présentés à nous en 2020. J’avais envie d’avoir l’avis d’une personne qui s’est volontairement plongé dans des situations hors de sa zone de confort pour en faire des expériences hors de l’ordinaire.
C’est que dans les derniers mois, on a souvent eu l’impression de vivre le jour de la marmotte. Tous les jours se ressemblent et exécuter des tâches au quotidien peut être un combat difficile à mener. On n’est pas inspiré, on manque d’énergie, etc. Comment garder sa motivation dans un tel contexte et se tenir loin du mot en p?
Sa réponse? Être toujours motivé, c’est impossible! Les tâches difficiles, dures, plates, ça nous tentera jamais de les faire. Si on attend après ça, ça n’arrivera jamais. C’est plus réaliste de trouver un équilibre qui nous convient.
«Par exemple, certaines journées tu peux te dire : aujourd’hui je consacre 50% de mon temps à des affaires le fun et dans l’autre 50%, je vais relever des micros défis. Dans les meilleures journées, ça peut changer! 80% du temps consacré à atteindre des objectifs. Une journée difficile? Vas-y avec 80% d’affaires relaxes. L’important, c’est de faire un choix. Ça ne sert à rien d’attendre d’être dans un état X ou Y. Il faut éviter ça. Être en stand-by, c’est la pire affaire au monde. Ça te rend impuissant!»
«Être toujours motivé, c’est impossible! Les tâches difficiles, dures, plates, ça nous tentera jamais de les faire. Si on attend après ça, ça n’arrivera jamais.»
Pour Guillaume, être discipliné c’est comme s’entraîner pour un marathon. Ça prend de la pratique et une vision claire de ce que l’on veut accomplir. Et plus on s’entraîne, plus on se rapproche de notre plein potentiel.
« Tu t’entraînes et tu deviens bon dans une chose. Ensuite, tu peux te servir de cette discipline dans d’autres domaines de ta vie. C’est comme ça que j’ai fait mon doctorat. Ça m’a pris 11 ans et demi! J’ai aussi écrit un livre. J’ai toute trouvé dur, j’ai eu le goût de laisser tomber. Mais un à moment donné, je me suis dit NON, je ne laisse pas tomber. Au pire je vais slacker mes attentes, me récompenser, mais je ne laisse pas tomber! »
C’est bien beau tout ça, en théorie. Mais est-ce donné à tout le monde ou est-il l’exception? Il me rassure : il est bel et bien un simple mortel.
« Je suis rarement motivé à aller m’entraîner, j’ai tout le temps le goût de boire du vin, de manger du fromage et j’adore les chips! »
Le but de trouver des buts
2021 arrive à grands pas. On est épuisés. En attendant que tout le monde soit vacciné, est-ce que ce ne serait pas le bon moment pour prendre ça relaxe? Guillaume ne semble pas friand à l’idée.
« Je suis d’avis qu’il faut toujours avoir des buts. Le cerveau carbure à ça et c’est un des antidotes aux problèmes de santé mentale! »
Heureusement, pas besoin de toujours avoir des objectifs grandioses comme écrire un livre et visiter des tribus. Ils peuvent être simples, mais satisfaisants.
« Par exemple, aujourd’hui j’étais plus fatigué, donc j’ai changé ma configuration de buts et je me suis demandé comment je pourrais organiser ma journée pour être content. Je me suis dit que ce serait une bonne idée de faire une belle marche avec mon chien, parce que ça faisait longtemps que je ne l’avais pas fait. Donc 1) Je vais avoir accompli ça 2) Je vais lui avoir fait du bien et je vais être content. C’est simple, that’s enough. Sinon, ça peut être un bon repas, ça fait longtemps je ne m’en suis pas fait un, et c’est un autre accomplissement. L’idée, c’est de trouver des choses qui font qu’à la fin de ta journée, tu vas pouvoir te dire que c’en était une belle. »
L’homme le plus humble du Québec
Il y a quelques mois, La Presse a publié un article sur Guillaume avec un titre aussi impressionnant que son parcours : L’homme le plus intéressant du Québec
Comment compose-t-il avec cette étiquette? Parce que sincèrement, il ne me donne pas l’impression d’avoir l’égo dans le tapis.
« Je prends ça comme un compliment et j’en suis honoré, mais je ne m’enfle pas la tête. Avec ou sans ça, je suis bien dans ma peau et je suis fier de ce que je fais. Je ne me crois pas meilleur que d’autres, je me sens aussi bon que les autres, je me sens unique. »