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Partir au Bénin pour aider l’intégration des personnes en situation de handicap
Parce que plusieurs personnes de son entourage sont en situation de handicap, Cyrielle Riocreux a choisi son métier dans le but de leur créer plus de place au sein de la société. Elle est aujourd’hui conseillère en adaptation scolaire au Bénin grâce au Programme CLÉ, et travaille au quotidien avec une école afin d’y faciliter l’accueil des personnes en situation de handicap.
Cyrielle Riocreux est née en France. Ce n’est qu’une fois son diplôme en poche qu’elle décide de prendre un vol en direction du Québec. En 2013, accompagnée de son conjoint, d’origine béninoise, elle s’installe à Montréal. « Je mourais d’envie de voyager et de découvrir une nouvelle culture. Comme j’étais franchement impressionnée par les avancées du Québec en matière d’éducation, mon choix a été facile », explique-t-elle.
Ce qui devait durer un an dura six ans. Pendant ce temps, le couple a eu deux enfants. Cyrielle a également eu la chance de travailler pendant plus de cinq ans pour la Fondation Dr Julien, ce qui lui a permis de faire plus ample connaissance avec la communauté québécoise. C’est le sourire aux lèvres que l’éducatrice spécialisée raconte qu’elle a beaucoup aimé la façon de travailler des Québécois.es. « Montréal, c’est un peu notre ville de cœur. On l’a quittée pour se rapprocher de nos familles, mais on savait que c’était une question de temps avant qu’on la retrouve d’une façon ou d’une autre », me confie-t-elle, les yeux pétillants.
Dans le cadre de stages et d’emplois, Cyrielle a travaillé avec des clientèles handicapées, de jeunes adolescent.e.s souffrant d’inadaptation sociale et des familles vulnérables.
Se lancer dans la coopération internationale… à la maison
Cyrielle et sa famille s’installent deux ans en France avant de partir vers le Bénin. Pendant ce temps, Cyrielle se renseigne sur les perspectives d’emploi en éducation spécialisée. Sensible à plusieurs causes, dont l’intégration des personnes en situation de handicap, elle se dit que c’est peut-être l’occasion idéale de vivre sa toute première expérience en coopération internationale.
De fil en aiguille, Cyrielle commence le 5 septembre 2022 un mandat de conseillère en adaptation scolaire au Bénin, grâce au Programme CLÉ, mis en œuvre par la Fondation Paul Gérin-Lajoie, Éducation internationale et la Fédération des cégeps et financé par le gouvernement du Canada. Dans le cadre de son mandat, elle accompagne l’école primaire Hibiscus, qui intègre des enfants en situation de handicap dans des classes qu’on pourrait qualifier d’« ordinaires ». L’école en question fait partie de l’ONG Colombe Hibiscus, un organisme qui a pour but d’œuvrer au bien-être des enfants handicapé.e.s dans un cadre inclusif.
« Au Bénin, il n’y a pas beaucoup de place pour les enfants en situation de handicap dans les écoles. Malheureusement, ces personnes sont souvent rejetées de la société. L’école Hibiscus, elle, a ouvert ses portes aux enfants différents il y a 20 ans. Mon rôle, c’est un peu de les aider à revoir leurs outils pour qu’ils soient plus à jour », me raconte Cyrielle, déterminée à mettre les bouchées doubles pour y arriver.
Ce mandat de coopération internationale correspond à tout ce qui est important pour elle : il lui permet d’être à proximité de sa famille béninoise, d’étancher sa soif de voyages et de découvertes culturelles et d’exercer le métier qu’elle a choisi, celui d’éducatrice spécialisée.
L’inclusivité au cœur du Programme CLÉ
Si Cyrielle aime particulièrement son expérience, c’est entre autres parce qu’elle n’a pas eu l’impression de débarquer avec ses gros sabots de sauveuse et de bousculer les façons de faire d’un pays dont la communauté s’est elle-même dotée d’outils pour s’organiser socialement. Elle est là pour aider la communauté locale à renforcer les capacités qu’elle possède déjà et non pour les changer, conformément aux pratiques du Programme CLÉ. « Je pense que c’est primordial de s’intéresser à la culture du pays qu’on sert. Et pour le faire, il n’y a pas d’autre façon que d’adopter une posture d’écoute et d’humilité », explique Cyrielle.
Le Programme CLÉ s’éloigne du « complexe du sauveur blanc » (white savior complex en anglais), qui décrit la situation de personnes privilégiées et souvent bien intentionnées qui partent dans une région pour venir en aide à des communautés défavorisées sans égard à la culture locale. Ce phénomène, qui a pris énormément d’ampleur au cours des dernières années, est de plus en plus dénoncé sur Internet et sur le terrain. Le Programme CLÉ, en œuvrant au plus proche des communautés et des organisations locales, s’assure au contraire de créer un climat où la coopération s’intègre à la culture et aux coutumes.
Cyrielle s’assure sans contredit de s’imprégner de la culture béninoise, qu’elle souhaite d’ailleurs transmettre à ses enfants. Parce qu’elle trouve que les dialectes africains ne sont pas assez valorisés, elle mise beaucoup sur l’emploi du fon, une langue régionale parlée par la majorité de la population. C’est l’une des différentes actions qu’elle pose pour montrer son intérêt envers la culture locale.
Le volontariat comme nouvelle façon de voyager
Pour Cyrielle, les raisons pour lesquelles on devrait se lancer dans le volontariat sont infinies. D’abord, il y a évidemment ce qu’elle décrit comme l’aspect « égoïste » de la démarche, soit le fait que chaque personne qui le pratique grandit et s’enrichit. Mais au-delà de cet aspect, l’éducatrice spécialisée est d’avis que si la mondialisation a contribué à rendre beaucoup plus accessible le voyage d’un pays à un autre, elle devrait également favoriser l’entraide entre les communautés. « Je pense que la coopération internationale contribue à favoriser un climat de paix dans le monde. Le fait de pouvoir se sentir aidé.e dans son pays et ailleurs est une grande richesse. »
Cyrielle invite toutes les personnes assoiffées de voyage à s’intéresser à la coopération internationale. Pour elle, il s’agit de la parfaite façon de découvrir une autre culture de manière encadrée et sécuritaire.